Gloria Piedimonte: la tigresse des dance floors.
Si son nom est associé à quelques pellicules d'exploitation ce n'est cependant pas grâce au cinéma que cette jolie blonde au corps élancé s'est réellement fait connaitre en Italie jusqu'à devenir le temps de quelques courtes années une véritable star qu'on compara souvent à Raffaella Carra. C'est en effet grâce à la danse, sa passion, qu'elle s'est faite un nom et surtout un surnom qui aujourd'hui encore ne l'a pas quitté. Elle fut et reste dans son pays d'origine La guapa mais elle est pour nous tout simplement Gloria Piedimonte dont nous allons sans plus tarder retracer aujourd'hui l'inattendu parcours.
Née le 27 mai 1955 à Mantoue en Lombardie Gloria Piedimonte n'a pas eu une enfance très heureuse. Son père, un des hommes les plus riches de Mantoue, quitte le foyer familial et l'abandonne à sa mère qui l'élèvera seule. Elle ne reverra que très peu ce père par la suite qui lui manquera beaucoup. A 15 ans sa mère la met en pension, un établissement dont elle garde un terrible souvenir. Gloria n'y restera qu'une année. A 13 ans elle part rejoindre sa mère à Rome qui entre temps s'était remise avec un homme. A 18 ans elle quitte le domicile parental et s'installe seule. Afin de gagner sa vie elle est secrétaire dans une petite office non loin d'une boite de nuit où elle aime aller danser. Elle se fait assez vite remarquer par les personnalités qui la fréquentent notamment Paolo Ormi. C'est ainsi qu'elle se voit vite proposer un petit rôle dans A tutte le auto della polizia de Mario Caiano dans lequel elle joue Carla, une lycéenne prise au piège d'un réseau de prostitution adolescente dont on se rappellera la mort particulièrement brutale. Gloria a 18 ans sa carrière de comédienne vient de commencer.
Ce premier personnage, une prostituée encore mineure, est à l'image des suivants, des rôles de troisième plan qui frôlent souvent la figuration. Durant sa carrière d'actrice Gloria ne décrochera jamais de véritables caractères. C'est ainsi qu'entre 1974 et 1979 elle va apparaitre aux génériques de divers pellicules, de la sexy comédie au polar en passant par le nazisploitation. Dans le cadre de la comédie on la repère dans La supplente lors de la scène d'amour à trois filmée en accéléré, Le seminariste, L'amore all'arrabbiata et Oh mia bella matrimagna, quatre titres particulièrement insignifiants et oubliables pour lesquels elle doit de nouveau se déshabiller, quelque chose qu'elle détestait à l'époque. Le nu est malheureusement dans l'ère du temps et Gloria doit comme toutes ses consoeurs s'effeuiller devant l'objectif comme elle l'avait déjà fait pour A tutte le auto della polizia. Elle est la jeune fille qui se fait violer, attacher puis tuer sur le lit dans Jeunes, désespérés, violents de Romolo Guerrieri. Elle sera de nouveau une pauvre victime violée dans le brutal I violenti di Roma bene / La nuit des excitées du tandem Sergio Grieco et Massimo Felisatti puis dans Come cani arrabbiati de Mario Imperoli elle est l'otage froidement exécutée en début de film. Après une simple figuration dans Vices privés vertu publique de Miklos Jancso et le nazisploitation de Caiano La peur au ventre / La svastica nel ventre pour lequel elle sera honteusement traitée de nazie elle est avec Janet Agren la partenaire féminine de Luc Merenda dans Commissario Verrazzano / Flics à abattre de Franco Prosperi, son quatrième polar dans lequel Gloria tour en strass et paillettes fait ce qu'elle aime le plus au monde, danser et chanter, comme elle l'avait déjà prouvé dans A tutte le auto della polizia dans lequel elle se déhanchait nue.
Parallèlement au cinéma Gloria joue régulièrement au théâtre, une activité qu'elle adore et dont elle ne peut se passer.
Nous sommes en 1978. La carrière de la jeune Gloria va soudainement prendre un nouveau tournant. A cette époque Gloria passait la majeure partie de son temps à danser, aller en boite. La danse a toujours fait partie de sa vie. Dés l'âge de 5 ans la jeune lombarde exécutait des chorégraphies, tentait des pas de danse, se déhanchait au son de la télévision et de son électrophone. Un soir alors qu'elle était en boite, Paolo Ormi lui demande si elle aimerait danser pour la télévision, plus exactement pour Discoring, l'équivalent italien du Top of the pops présenté tous les dimanches après midi par Gianni Boncompagni. Si Gloria refuse dans un premier elle finit par accepter. C'est ainsi qu'en quelques semaines elle devient une véritable star du petit écran, la jeune fille aux cheveux courts qui se déhanche sur le générique de l'émission, La guapa, un morceau interprété par The connection. On la surnomme tout naturellement La guapa qui en espagnol signifie "belle", un surnom qui lui restera. Gloria est un véritable phénomène. Dans la foulée elle enregistre trois 45t qui seront d'énormes succès puis Gloria se voit proposer deux films musicaux dans la grande lignée de La fièvre du samedi soir, le joliment nommé John Travolto... da un insolito destino / John's fever ce soir on s'éclate avec Ilona Staller qui pour la troisième fois était la partenaire de Gloria à l'écran, et Baila Guapa, deux pellicules distrayantes qui ne connurent pas un succès fulgurant en Italie mais qui contribuent à asseoir la réputation de Gloria. La jeune comédienne va pourtant disparaitre rapidement. Les lendemains de fête sont souvent difficiles, la Guapa va s'en rendre compte.
Nous sommes en 1979. la jeune femme est enceinte de son fils Giovanni. Elle doit donc refuser d'être au générique de la nouvelle saison de Discoring. A cause de sa grossesse sa maison de disques brise son contrat et la télévision lui ferme ses portes d'autant plus que Gloria est devenue la rivale de Raffaella Carra, une position qui déplait à certaines personnes haut placées. Les soirées se font de plus en plus rares. Sur le plan personnel rien ne va plus. En apprenant qu'elle était enceinte le père de l'enfant quitte Gloria qui gardera à jamais son nom secret. La presse people se déchaine, étale les amours scandaleuses de Gloria avec une ribambelle d'hommes nantis dont Boncompagni, l'agent de presse Lino Cerruti, les play boys Little Tony, Gianni Ippolti, Franco Califano, Nini Vancore et le Comte Tocchia.
Sans argent, ne touchant aucun droit sur ses disques Gloria doit survivre. Après avoir accouché elle se voit proposer des photos de nu très osées à la limite de la pornographie pour les revues spécialisées Blitz, Playboy et Le ore. Gloria accepte comme bien de ses consoeurs d'alors. Elle a un fils à nourrir et élever. Elle ne peut faire autrement. La Guapa est tombée bien bas mais combattive elle va se relever. On lui offre un rôle dans Kriminal porno / Insanlari seveceksin, un polar italo-turc de Melhi Gülgen codirigé avec Sergio Bergonzelli dont elle quitte le tournage écoeurée après avoir découvert qu'elle devait tourner des scènes hardcore destinées au marché italien et international. Il y a une très grande différence entre poser nue et faire un film X dit-elle.
Gloria va alors abandonner définitivement le monde du spectacle. Elle part avec son fils en Sicile où vit le nouvel homme de sa vie et suit des cours pour obtenir son diplôme de masseuse-kinésithérapeute. Gloria va enchainer les métiers pour vivre décemment. Maitresse d'école, barmaid, femme de ménage dans les douches d'une usine elle accepte tout sans jamais avoir honte. En 2000 elle retourne vivre à Mantoue auprès de sa mère atteinte de sclérose en plaques. En 2008 elle épouse son nouvel amour Mauro et part vivre à la campagne. En 2010 Gloria décide de revenir sous les feux de la rampe. Elle se remet à danser lors de soirées spectacles, accepte de participer à de nombreuses émissions télévisées où elle évoque sa carrière constatant que sa notoriété est restée intacte après tant d'années. Dans le coeur du public elle est restée la Guapa qui l'acclame à chacune de ses prestations, une notoriété qu'elle avait déjà constaté via les réseaux sociaux. A 62 ans Gloria a prouvé qu'elle avait toujours la fièvre... du samedi soir!