Paura in citta
Autres titres: La peur règne sur la ville / Fear in the city
Real: Giuseppe Rosati
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 96mn
Acteurs: Maurizio Merli, Silvia Dionisio, James Mason, Raymond Pellegrin, Fausto Tozzi, Franco Ressel, Mario Novelli, Liana Trouché, Cyril Cusack, Franca Scagnetti, Antonio Maimone, Tino Bianchi, Giovanni Elsner, Loris Bazzocchi...
Résumé: Onze détenus se sont évadés de prison. Ils se vengent immédiatement de ceux qui les ont fait condamner en les tuant bun à un. Un véritable carnage qui laisse la police impuissante. Jadis radié de la police pour ses méthodes jugées trop expéditives, le commissaire Murri reprend ses fonctions sur ordre du procureur. Il va mener sa propre vendetta à sa manière...
Sorti en plein age d'or du polizesco, Paura in citta fait partie de ce qu'on peut appeler les Merli movies, cette série de films dont l'impassible Maurizio Merli fut au centre de l'intrigue en interprétant un flic expéditif aux méthodes peu orthodoxes, un justicier qui à sa façon fait la chasse aux voyous qui gangrènent Rome. Le film de Giuseppe Rosati ne déroge pas à la règle. Merli reprend le rôle du commissaire Murri tenu l'année précédente par le transparent Leonard Mann dans La polizia interviene: ordine di uccidere / Tireurs d'élite toujours signé Rosati. Radié de la police à cause de ses méthodes violentes, le procureur lui demande
cependant de reprendre du service afin de retrouver onze détenus qui viennent tout juste de s'évader de prison. Dés leur sortie, ils se vengent de ceux qui les ont fait condamner en les massacrant. Un vent de panique s'empare de la ville. Face à cette violence, la police est impuissante Seul Murri, hanté par la mort de sa femme et de sa fille, peut les arrêter. Afin de remonter jusqu'à Lettieri, leur chef, il se rapproche de la jeune nièce d'un des voyous, Angela, dont il s'éprend. Ne laissant cependant pas les sentiments prendre le dessus, Murri commence sa chasse aux malfrats qu'il va éliminer un à un jusqu'au face à face final avec Lettieri.
Le scénario n'a rien de très original. Il se contente simplement de reprendre le schéma traditionnel des pellicules dont Merli fut le principal protagoniste, celui qui dans un registre populiste fait l'apologie d'une certaine justice souvent sauvage, expéditive, par le biais d'un flic implacable aux méthodes aussi musclées que discutables. L'intrigue est cette fois basique et assez improbable à l'image du prologue. Comment imaginer en effet que onze prisonniers puissent s'évader ensemble aussi facilement d'une prison soi disant bien gardée? L'intrigue ne sert finalement qu'à alimenter de belles scènes d'action et multiplier
les morts violentes. C'est là le point fort du film, son principal intérêt. Correctement mises en scène, plutôt efficaces, elles empêchent justement le spectateur de lentement sombrer dans un ennui ronflant. Le massacre qui ouvre le film donne de suite le ton. Courses-poursuites en voitures et motos, corps criblés de balles, bagarres, exécutions, le tout arrosé d'un zeste d'érotisme,
Rosati respecte les codes du genre tandis que Merli, l'oeil bleu, brushing et moustache impeccables, traverse comme d'accoutumée la pellicule de manière aussi inexpressive
qu'une statue du musée Grévin. Son impassibilité atteint cette fois des sommets puisqu'il parvient à rester de glace, un verre de whisky en main, gardant cet air figé qui la rendu si célèbre, lorsque Silvia Dioniso, amoureuse, exécute un strip-tease lascif, avant de s'offrir, nue, à lui. Un grand moment d'anthologie.
Bien plus enflammé que Tireurs d'élite qui prêchait par son insipidité et le jeu insignifiant de Mann, La peur règne sur la ville malgré sa trame vue et revue, son classicisme, n'en est pas pour autant un mauvais film. Rosati signe un petit polar divertissant suffisamment rythmé
pour tenir en haleine même si tout est joué d'avance, une honorable bande réactionnaire dénuée de toute psychologie si ce n'est celle de la violence et de la justice-vengeance, en un mot une pellicule une fois de plus 100% Merli autour de laquelle gravitent une brochette d'acteurs qu'on a toujours plaisir à voir et revoir Raymond Pellegrin en tête. Sont également présents d'incontournables gueules et autres vieux couteaux du cinéma de genre comme Fausto Tozzi, Franco Ressel, Mario Novelli, Salvatore Billa dont on se délectera d'un rapide nu frontal juste avant qu'il ne tombe sous les rafales vengeresses des hommes de Lettieri,
Giovanni Elsner, certains déjà présents au générique du premier film. Silvia Dioniso donne à l'ensemble un soupçon d'érotisme souvent gratuit comme son bref nu frontal fort bien cadré. Quant à James Mason et Cyril Cusak, fantomatiques mais charismatiques, ils sont simplement venus cachetonner le temps de quelques scènes, le premier dans le costume du procureur, le second dans la peau de Giacomo Masoni.
Les fans de Maurizio Merli seront ravis, les amateurs de polars expéditifs également. En demande t-on plus?