Due magnum 38 per una citta di carogne
Autres titres:
Real: Mario Pinzauti
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Polar / Noir
Durée: 88mn
Acteurs: Dino Strano, Iloosh Khoshabe, Luigi Pistilli, Gianni Musy, Annamaria Meyer, Guido Leontini, Erna Schürer, Gordon Mitchell, Nino D'Errico, Enrico Curatolo, Gianni Pesola, Stephy Ross, Giovanna Russu, Enzo Spitaleri, Giuseppe Carbone, Umberto Amambrini, Antonio Basile, Nestore Cavaricci, Raniero Dorascenzi, Benito Pacifico, Sergio Smacchi...
Résumé: Un écrivain sicilien raté qui a autrefois appartenu à la mafia tente de reprendre l'histoire d'amour qu'il avait entamé avec sa secrétaire Silvia. Devenue depuis prostituée elle travaille pour une organisation romaine. Franco exige qu'elle quitte le réseau mais son souteneur veille. Franco va devoir affronter seul l'organisation dirigée par les frères Proietti...
Le nom de Mario Pinzauti sera à jamais lié à deux des oeuvres les plus racistes du cinéma d'exploitation italien des années 70, deux petites pellicules particulièrement jouissives qui traitent de l'esclavagisme dans les plantations assez proches parfois du mondo movie de par leur coté nauséabond. De quoi flatter et enflammer les bas instincts d'un spectateur voyeur qui a depuis élevé Emmanuelle bianca et nera et sa copie calque Mandinga au rang de véritables petits bijoux de la trash sexploitation tendance raciste. Avant de donner vie à ces deux perles d'un cinéma aujourd'hui absolument inconcevable, Pinzauti avait réalisé deux
médiocres westerns, l'étrange Avec Ringo arrive le temps du massacre et Vamos a matar Sartana, suivi d'un polar Due magnum 38 per una citta di carogne qui s'il ne fera pas date dans l'histoire du film policier à l'italienne demeure cependant une petite, une minuscule curiosité car intéressant sous certains aspects.
Franco Palermo est un écrivain sicilien raté mais il a surtout appartenu autrefois au Milieu qu'il a aujourd'hui quitté depuis déjà quelques années. Il était amoureux de Silvia, sa secrétaire, qui maintenant se prostitue pour la mafia romaine, une activité que ne cautionne pas Franco qui la somme de quitter le trottoir afin qu'ils puissent reprendre leur histoire
d'amour. Silvia ne peut malheureusement pas quitter cette vie, Piero son souteneur ne l'accepterait pas. Une première correction lui a bien fait comprendre les choses. Seul contre tous, Palermo va se dresser contre l'organisation mafieuse pour laquelle Silvia fait le trottoir. Piero tente de éliminer mais Palermo parvient à lui échapper. Il va devoir alors affronter les véritables chef de l'organisation, les frères Proietti, qui s'en prennent à Silvia, la rouent de coups et la tuent. Après avoir eu maille à partir avec quelques personnages souvent ambigus, fait le tri parmi les traitres et ses amis, Palermo se transforme en justicier solitaire pour venger la mort de Silvia et va ainsi engendrer un carnage général dont personne ne
sortira vivant.
Auteur du scénario, Pinzauti n'a guère fait dans l'originalité. L'intrigue, très classique, tente de mêler polar et film noir mais incapable de créer une vraie atmosphère, le cinéaste livre simplement une petite série B mafieuse, anodine dont on retiendra surtout la laideur des décors rendus encore plus hideux par une photographie délavée qui trahissent l'absence de moyens. Tourné en 1975 Due magnum 38 per una citta di carogne semble avoir été réalisé dix ans plus tôt. Vu aujourd'hui il donne l'impression de sortir droit d'une autre époque, une époque lointaine, très lointaine quand le polar à l'italienne en étant à ses premiers
balbutiements. Autant dire que visuellement le film de Pinzauti est une horreur à l'image même de ses comédiens. Avoir donné à Dino Strano, figure générique du western spaghetti, le rôle principal est une aberration mais cela donne au spectateur une bonne raison de visionner le film tant l'idée est incroyable. Comment en effet pouvoir imaginer ce gorille au faciès plutôt ingrat dans la peau d'un séducteur au coeur tendre, amoureux de sa belle secrétaire pour qui il quitterait tout? Totalement inadapté à son personnage il y a dans ce choix quelque chose de presque fantastique contrairement au jeu du comédien dont ce fut le seul et unique rôle en tant que protagoniste central. Inexpressif, souvent ridicule, seule sa "
gueule de dur" fait effet même si dans les scènes d'action, les scènes de bagarre, il s'avère crédible et cette fois adapté. Il n'y a rien d'étonnant à cela. Gordon Mitchell, monolithique, est égal à lui même lors de ses furtives apparitions. L'ex Hercules, l'iranien Iloosh Khoshabee, joue du muscle mais s'avérait plus à l'aise dans les peplums dont il est issu. Luigi Pistilli remplit son contrat sous son imperméable d'inspecteur. Annamaria Meyer, obscure actrice entraperçue dans Les folles nuit de Caligula est particulièrement fade dans la peau de la malheureuse putain repentie. Seule Erna Schurer dans un rôle plus conséquent apporte un peu de luminosité à une distribution qui manque de relief.
Peu expérimenté, si Pinzauti livre une mise en scène quelconque, assez statique qui ne rehausse guère voire pas du tout un film sans surprise il se rattrape par contre sur les scènes de violence assez nombreuses, un des points forts de ce noir sans éclat. On y retrouve une certaine complaisance qui nous rappelle que plus qu'un polar Due magnum 38 est surtout un inoffensif film d'exploitation qui appuie son coté brutal lors de scènes certes mal filmées mais assez efficaces. On retiendra aussi une scène de cauchemar, celle de Palermo après qu'il ait été rossé par les hommes de Proietti, assez drôle car plutôt ridicule mais qui fait son petit effet. Toujours au crédit de cette pellicule vieillotte sa conclusion
mélodramatique qui verse dans le trash avec son massacre général dont personne ne sortira vivant, une note pessimiste qu'on appréciera.
Due magnum 38 per una citta di carogne, un titre alléchant en soi, est au final un noir approximatif d'une pauvreté flagrante mais suffisamment divertissant pour tenir éveillé un spectateur curieux, avide de micro curiosités, aujourd'hui bien oubliées. Rythmée par une partition musicale repiquée sur divers morceaux de Nicolai dont un morceau beatnick qu'on penserait droit sorti d'un Gendarme de St Tropez, cette plongée naïve de Pinzauti dans l'univers du polar mafieux a quelque chose de touchant par sa simplicité, son coté antique, artisanal mais sincère. Voilà une toute petite bande visiblement sponsorisée par les whisky J&B somme toute sympathique malgré tous ses défauts. L'amateur endurci se fera sans aucun doute un plaisir de la découvrir ne serait ce que pour sa culture personnelle.