L'invincibile cavaliere mascherato
Autres titres: L'invincible cavalier masqué / L'invincible cavalier noir / L'implacable vengeur / Robin Hood in der stadt der todes
Real: Umberto Lenzi
Année: 1963
Origine: Italie
Genre: Cape et d'épée
Durée: 90mn
Acteurs: Pierre Brice, Daniele Vargas, Hélène Chanel, Massimo Serato, Gisella Arden, Aldo Bufi Landi, Carlo Latimer, Nerio Bernardi, Romano Ghini, Tullio Altamura, Nello Pazzafini, Sina Relli...
Résumé: Au 17ème siècle alors que la Peste venue du Portugal commence à envahir l'Espagne, Don Luis, un noble cruel assoiffé de pouvoir, fait assassiner son suzerain afin de régner en maitre sur ses terres. Il recueille sa fille qu'il souhaite épouser pour hériter de sa fortune et refuse d'accueillir le peuple terrorisé dans son château. Heureusement un énigmatique cavalier masqué, défenseur de l'ordre et de la justice, veille et va déjouer les plans de Don Luis...
Déjà coupable d'un Il triumpho di Robin Hood Umberto Lenzi alors à l'aube de sa carrière signa par la suite d'autres films de cape et d'épée dont le curieux Zorro contre Maciste, un des plus connus, et cet Invincible cavalier masqué également connu sous le titre L'invincible cavalier noir et L'implacable vengeur. De quoi au premier abord allécher le spectateur puis quelque peu le décevoir au vu du résultat à l'écran.
En 1670 la peste venue du Portugal commence à envahir l'Espagne. Don Luis, un cruel seigneur retranché dans son château, refuse que le peuple s'y réfugie et le fait massacrer. Désireux de prendre les pleins pouvoirs il fait également assassiner Don Gomez un représentants du gouvernement. Il prend sous son aile sa fille, inconsolable, Carmencita. S'il est conscient que la jeune femme ne l'épousera jamais il prévoit de faire revenir au château son fils Don Diego parti de nombreuses années. Il entend bien les marier et ainsi hériter de la fortune de Carmencita. Tout se passerait pour le mieux si un mystérieux cavalier masqué ne faisait régler l'ordre et la justice sur les terres de Don Luis. Il va se dresser contre Don Luis et faire échouer ses plans.
Rien de très original comme on peut le voir, le scénario est particulièrement classique et ne fait qu'emprunter au genre ses principaux éléments sans jamais cependant parvenir à insuffler à l'ensemble le coté romanesque qui fait le charme de ces histoires chevaleresques. C'est ce qui est ici le plus regrettable. Cette nouvelle mouture de Zorro puisque c'est bel et bien à lui qu'on pense immédiatement manque sérieusement de ce souffle épique qui privée de cette énergie semble bien inconsistante. Cette inconsistance est malheureusement aggravée par une interprétation peu convaincante de la part essentiellement des trois principaux comédiens peu impliqués dirait-on, pas très en adéquation avec leur personnage. Le jovial Daniele Vargas dans la peau de Don Luis, cruel seigneur ennemi juré du gouvernement et du cavalier masqué, cabotine d'un bout à l'autre du métrage faisant de ce vilain un trublion de foire, bien peu sérieux. Le français Pierre Brice qui à la même époque interprétait pour le petit écran Winnetou est quant à lui encore plus décalé. Pourquoi avoir donné au fils de Don Luis des airs de jeunes coquets, couard et quelque peu maniéré, souvent niais, un mouchoir blanc scotché à la main, bien plus préoccupé de sa coiffure que des affaires de son père? Leur relation ressemble plus à un duo comique qu'à des retrouvailles entre deux hommes depuis longtemps en froid. Ce ton semi comique transforme rapidement le film en une sorte de comédie en costumes, un choix qui ne semble pas vraiment être celui de Lenzi encore moins celui du spectateur qui s'attendait à un vrai film de cape et d'épée dans la grande tradition du genre. Quant à Hélène Chanel, aussi belle soit elle, elle a un peu passé l'âge de jouer les vierges en détresse, peu concernée en outre par les malheurs qui l'accablent. On trouve curieusement bien plus de conviction dans le jeu des personnages de second plan notamment les hommes de mains de Don Luis (Massimo Serrato, Aldo Bufi Landi), bien plus fourbes et méchants, que celui qu'ils servent.
Bien plus décevant encore est le cavalier masqué lui même, porteur de mystère, énigme vivante à qui on attribue même une aura surnaturelle. Si son apparence est soignée (un cavalier tout de noir vêtu, le visage entièrement dissimulé derrière un masque noir, chevauchant son noir destrier) son utilisation est des plus maladroite. Qu'il n'apparaisse que très peu est déjà en soi frustrant puisqu'il est tout de même au centre de l'histoire mais qu'il perde en quelques secondes tout son mystère pour se transformer en un quelconque vengeur de pacotille est bien plus triste. Jamais fascinant encore moins intrigant comme tout héros masqué devrait l'être il n'est rien d'autre qu'une pâle copie d'un quelconque Zorro mâtiné de Robin des Bois (d'où le titre allemand) dont on aura deviné très rapidement l'identité même si Lenzi brouille les pistes avec un rebondissement bien peu crédible lors des dernières vingt minutes. Le final n'est en rien une surprise et parait bien idiot tant il est invraisemblable, une improbabilité qui renforce le coté bien peu sérieux de cet Invincible cavalier masqué.
Malgré ses défauts et ce ton définitivement tourné vers le comique, ce petit film de cape et d'épée n'en est pas moins un très honnête divertissement familial non exempt de qualité. L'invincible cavalier masqué bénéficie en effet de jolis décors entre autres ceux du château de Caetani où furent tournés certains des intérieurs et de somptueux costumes mis en valeur par une photographie soignée. La réalisation est solide et ne laisse place à aucun temps mort. Jamais ennuyant à l'instar d'autres produits du même type, il nous offre de surcroit quelques gentilles scènes de violence dont une séance de torture dans les souterrains du château et une bien inoffensive séquence d'humiliation d'un groupe de prisonnières, maltraitées, sont obligées de se déshabiller lors d'une beuverie. On y reconnait déjà la patte misogyne si appréciée du cinéaste remarquée également lors de la double gifle que reçoit sans ménagement Hélène Chanel. Quelques passages font illusion comme celui où par une nuit d'orage Tacuba, l'homme de couleur, est aux prises avec le cavalier masqué transformé pour l'occasion en une sorte de spectre infernal apparaissant et disparaissant à volonté. Sympathique est également le bal masqué qui clôt le film avec ses masques géants digne d'un carnaval et le cortège funéraire des pestiférés à travers le vieux village en pierres.
L'invincible cavalier masqué est certes un film de cape et d'épée dispensable, anodin mais suffisamment divertissant pour retenir l'attention d'un public familial qui puisera dans son aspect comique quelques fous rires de bon aloi tout en satisfaisant l'amateur du genre, une sorte de mise en bouche avant des choses plus consistantes, plus romanesques et surtout sérieuses.