Investigacion criminal
Autres titres: Marché secret des filles / Investigation criminelle / Brigade criminelle / Criminal investigation / White skin market
Real: Juan Bosch
Année: 1970
Origine: Espagne
Genre: Polar
Durée: 82mn
Acteurs: Luis Prendes, Angel Aranda, Silvana Sandoval, Dernando Cebrian, Ignasi Abadal, Manuel Barrio, Fernando Rubio, Paquita Ferrandiz, Marta Flores, Luis Oar, Consuelo De Nieva, Juan Torres, Manuel Bronchud...
Résumé: Un jeune inspecteur de police fraichement sorti de l'académie est témoin d'un fait étrange. Sur le parking d'un aéroport il aperçoit un homme jeté de force dans une voiture. Il la prend en chasse et assiste au passage à tabac de l'homme qu'il parvient à sauver. Il décide de mener son enquête. L'homme est soupçonné d'un meurtre qu'il nie. En approfondissant ses investigations, l'inspecteur met à jour un réseau de traite des blanches dont l'inconnu ferait partie...
Avant tout connu pour ses westerns-paella et le mauvais Exorcismo avec Paul Naschy l'ibère Juan Bosch s'est un peu essayé à tous les genres durant sa longue carrière y compris au giallo (Le grande labbre del carnefice) et au polar auquel appartient ce Investigacion criminal distribué autrefois en France sous le titre alléchant Marché secret des filles.
Un jeune et fringant officier de police fraichement sorti de l'académie, l'inspecteur Fernando Olmos, est témoin de ce qui semble être un enlèvement sur le parking d'un aéroport. Il suit la voiture dans lequel un homme a été jeté. Cet homme c'est Eduardo, un jeune photographe qui travaille pour un réseau de traite des blanches. Il est chargé de repérer des jeunes filles, de les droguer et les acheminer ensuite à travers l'Espagne. Oscar, le chef du réseau, lui reproche de l'avoir trahi et d'avoir assassiné Sebastian, son partenaire en le noyant dans le port. Celia la jeune fille qu'ils devaient acheminer a disparu. Eduardo nie. Il est passé à tabac. L'inspecteur arrive à temps pour le sauver. Si Eduardo continue de nier toute implication illégale dans ce trafic, Olmos va cependant mener son enquête et tenter de découvrir qui est en vérité Eduardo. Il parvient à s'infiltrer dans le réseau en se faisant passer pour un recruteur. Il retrouve Celia qui lui raconte son kidnapping et la relation amoureuse qu'elle entretenait avec Eduardo. Ce dernier a bel et bien tué Sebastian mais pour lui éviter une mort certaine. Désormais la vie de Celia est en danger. Afin de tromper l'ennemi il organise sa fausse mort. Mais Oscar qui a fait tué Eduardo n'est pas dupe. Olmos va devoir ruser pour mettre fin aux activités du groupe et démanteler tout le réseau.
Parmi la longue liste des films dont la traite des blanches fut au coeur des intrigues celui de Juan Bosch semblera bien anodin mais cependant non dénué d'intérêt. Egal à lui même, le cinéaste signe une petite pellicule plutôt efficace pas toujours très crédible car assez improbable dont on retiendra essentiellement l'aspect exploitatif justifiant ainsi un titre français aussi racoleur que prometteur même s'il ne faut s'attendre à un déferlement de scènes de sexe scabreuses et de violence exacerbée promises par un slogan tout autant accrocheur (droguées, violées, torturées). Marché secret des filles demeure assez sage et ne dépasse jamais les limites d'une certaine décence même si pour l'époque où il fut tourné, en 1970, Bosch ose la carte de l'audace à travers une multitude de nu frontaux et de gros plans tant sur les petites culottes de ses actrices que sur leur entrejambe, des actrices désinhibées qu'ils déshabillent le plus souvent possible en les filmant avec complaisance dans des postures parfois équivoques. On retiendra également deux séquences de sexe particulièrement brulantes et malsaines, les recruteurs profitant que les filles soient inconscientes sous l'effet des drogues pour abuser d'elles et en faire des poupées de chair avec lesquelles ils assouvissent leurs fantasmes. Les podophiles acharnés garderont en mémoire la scène où une des victimes se fait lécher les pieds à grands coups de langues par un Manuel Barrio libidineux et sans scrupule qui l'arrose ensuite de baisers baveux. Bosch saupoudre le tout d'un zeste de lesbianisme lors d'une party alcoolisée où entre deux danses frénétiques les invitées s'enlacent et se bécotent furtivement.
Plus déroutant est le montage tout en flash-back. Est ce pour rendre le film en apparence plus complexe mais ces incessants va-et-vient entre passé et présent pourront déconcerter un spectateur pas forcément attentif. En fait les éléments que découvrent l'inspecteur au fil de son enquête sont narrés via ces flash-back auxquels s'ajoutent l'histoire de Celia et les souvenirs de la nuit où fut commis le meurtre de Sebastian. Tout va vite, très vite. Il faut donc suivre avec attention si on ne veut se perdre dans les dédales d'une enquête somme toute assez sommaire menée avec une certaine énergie. La réalisation, correcte, ne laisse place à aucun temps mort jusqu'au final échevelé. Marché secret des filles se laisse donc voir sans ennui d'un bout à l'autre du métrage d'autant plus que l'interprétation est convaincante non dénuée d'humour par instant. Jeune acteur qui eut son heure de gloire tant en Espagne qu'en Italie en mélangeant les genres, passant avec aisance du péplum (Les derniers jours de Pompei, Le colosse de Rhodes), au western et à la science fiction (La planète des vampires), Angel Aranda incarne le séduisant inspecteur Olmos aux cotés du vétéran Luis Prendes, incontournable figure du cinéma ibérique des années 40 et 50 et de théâtre. Le séduisant Ignasi Abadal endosse le rôle d'Eduardo et nous gratifie d'une scène de douche étourdissante teintée d'un souffle d'homo-érotisme décoiffant avant de faire l'amour à Celia, à demi-inconsciente, écartant ses jambes pour mieux y infiltrer sa tête. La jeune femme est interprétée par la blonde Silvana Sandoval, actrice malheureusement éphémère du cinéma espagnol qu'on reverra par la suite dans le mauvais Frissons diaboliques.
Malheureusement accompagné d'une partition musicale hideuse aux accents jazzy lounge de pacotille, Marché secret des filles est un petit polar qui devrait plaire aux invétérés d'un certain cinéma d'exploitation. Typique des productions d'alors, le film de Juan Bosch est un exemple plutôt plaisant de polar à l'espagnol teinté d'érotisme sulfureux suffisamment léger pour contourner une censure alors drastique, suffisamment pimenté pour satisfaire un public voyeur plus intéressé par le corps et les culottes des protagonistes que par une enquête sympathique quelque peu accessoire à leurs yeux. Le mélange des deux est ici réussi et contentera au final leur public respectif. Ce Marché secret des filles est en définitive un polar non négligeable, aujourd'hui oublié, qui mérite l'attention de l'amateur.
Pour information la version interdite aux moins de 18 ans distribuée dans les salles française lors de sa sortie en 1972 fut agrémentée d'inserts X pour le marché européen, un procédé commercial alors habituel qui transforme le film en un sous produit pornographique.