Ciak si muore
Autres titres: Ciac si muore / Clap you're dead
Real: Mario Moroni
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 84mn
Acteurs: George Ardisson, Annabella Incontrera, Ivano Staccioli, Belinda Bron, Antonio Pierfederici, Renzo Ozzano...
Résumé: Sur le tournage d'un petit film d'horreur sans cesse remanié par son réalisateur un tueur aux gants dorés tue les comédiennes. Le cinéaste refuse d'interrompre son travail. L'inspectreur Menzel et son adjoint mènent l'enquête et suspectent très vite un des techniciens que tout désigne comme le coupable idéal...
Avant tout scénariste dans les années 50 et 60 Mario Moroni n'aura réalisé que deux films durant sa carrière, deux toutes petites pellicules qui n'auront guère marqué les annales du cinéma italien encore moins l'esprit du public. Il ouvre ainsi le bal avec un western Mallory "M" comme la mort avec l'ineffable Robert Woods puis trois ans plus tard il coécrit avec Roberto Mauri (l'excellent Madeleine anatomia di un incubo, Le porno killers) son second film, Ciak si muore, un bien piètre giallo essentiellement recherché aujourd'hui non pas pour sa qualité, inexistante, mais pour sa rareté.
Le point de départ était pourtant intéressant, déjà maintes fois vu et employé au cinéma mais néanmoins intéressant. L'intrigue se déroule lors du tournage d'un petit film d'horreur écrit par Ross, un scénariste dépité par ce que le metteur en scène, , a fait de l'histoire originale. C'est alors qu'une des actrices est retrouvée morte dans la voiture qui a servi a mettre une scène en boite. L'inspecteur Menzel mène l'enquête et suspecte très vite Richard Hanson l'électricien que la comédienne avait fait embauché quelques jours avant sa mort. Elle avait en effet eu une sérieuse altercation avec l'homme quelques heures avant qu'elle ne soit
égorgée. Sans preuve réelle Menzel ne peut rien faire. Le tournage continue. Deux autres actrices vont encore être tuées par le mystérieux meurtrier dont une qui devait faire certaines révélations à l'inspecteur. Le tueur aux gants en latex dorés dont l'ombre a été aperçue sur un des rush du film serait très sûrement un membre de l'équipe!
Même en étant indulgent il est difficile de trouver quelques qualité à ce thriller d'une sidérante absurdité. En fait ce thriller est aussi aberrant que le film que met en scène Benner, un réalisateur d'âge déjà bien mûr dont la spécialité est de changer le scénario comme on change de slip au grand dam de son scénariste avec qui il est en conflit ouvert et des acteurs
qui ne savent jamais ce qu'ils doivent jouer. En fait Ciak si muore est le parfait reflet de la pellicule, désolé, du navet de niveau ultra Z que tourne Benner. L'histoire n'a aucun sens et ne suit aucune logique. Tout baigne dans un océan d'invraisemblance que même un scénariste de bande dessinée humoristique n'oserait imaginer. Cela aurait pu être drôle mais malheureusement Ciak si muore est d'une tristesse et d'un ennui à toute épreuve. Le film que Benner met en scène ne ressemble à rien, il est même difficile de parler de film. On se croirait plutôt dans une représentation potache de fin d'année scolaire filmée par des amateurs, une bande d'étudiants incapables qui s'amuseraient devant la caméra en
enchainant des scènes qui n'ont aucun lien entre elles. Pourtant Benner nous est présenté comme un très grand cinéaste reconnu mondialement! Le monde pour Moroni doit se limiter au cercle familial!
Ciak si muore suit le même chemin. Que penser d'un réalisateur et de comédiens qui malgré les meurtres sauvages continuent de travailler et rire comme si de rien n'était? Comment croire qu'un inspecteur et son adjoint puissent multiplier autant d'erreurs avec autant de désinvolture et de non savoir-faire? Comment imaginer que des personnes supposées sensées puissent agir et réagir avec un tel sens de la non logique? Comment
tout simplement a t-on pu écrire un tel scénario en pensant qu'il pourrait fonctionner à moins d'avoir voulu écrire une sorte de parodie du genre, un film déjanté fait pour se moquer d'un style alors très en vogue. Le souci est que rien ici ne permet d'envisager cette optique! On ne se rattrapera ni sur le suspens puisqu'au bout de 20 toutes petites minutes on aura très facilement deviner l'identité du tueur et ses motivations vieilles comme Hérode, ni sur les effets sanglants quasi absent à l'exception du meurtre de la charnelle Belinda Bron, sorte de" Farah Fawcett au rabais, la tête mollement frappée contre les robinets de sa douche (un meurtre raté tant il est mal cadré et filmé), ni sur une interprétation en complète roue libre.
Restent de nombreux plans de nu inutiles eux aussi très mal filmés qui nous rappellent qu'on est en pleine exploitation. Ils ne sauvent en rien du naufrage ce thriller abracadabrant qui avait à son actif quelques micro séquences plutôt bien vues (le final et sa troupe déguisée, hommage évident aux fumetti et Diabolik) mais si maladroitement amenées et réalisées qu'elles perdent toute leur force et tombent platement à l'eau.
Au générique on retrouve quelques grands noms du cinéma Bis transalpin qu'on aurait pu prendre plaisir à voir évoluer mais privés de toute direction, livrés semble t-il à eux mêmes, récitant des dialogues d'une stupidité effarante, leur prestation fait peine. George Ardisson
erre d'un bout à l'autre du métrage, le regard vide, comme perdu, démotivé, mais il garde cependant sa dignité. Ivano Staccioli se démène comme un beau diable avec le talent qu'on lui connait et surtout cette gueule inoubliable pour nous faire croire en vain à sa culpabilité. On se souviendra longtemps de la scène où Menzel et son adjoint, venus l'interroger, entrent dans sa chambre sans frapper et le regardent faire l'amour à une putain sans broncher, le couple ne s'apercevant à aucun moment que deux hommes se tiennent devant le lit! Annabella Incontrera n'a quant à elle aucun rôle réellement défini, elle se contente d'être là attendant très certainement d'être payée pour boucler une fin de mois précaire. Soulignons
seulement que pour une fois on ne lui a pas attribué un rôle de lesbienne. Acteur de télévision Antonio Pierfederici interprète Benner, un personnage comme on n'oserait pas en imaginer. Il est tout et rien à la fois et résume à lui seul ce gâchis pelliculaire.
Monté de façon approximative, accompagné d'une horrible partition musicale complètement inadéquate Ciak si muore est très certainement un des plus mauvais thriller italien jamais réalisé, un n'importe quoi pelliculaire tourné à l'économie jamais drôle encore moins divertissant, inconsistant, bête, inexistant. Qu'as donc voulu faire Moroni? Une parodie? un film humoristique? une comédie ironique? Le mystère ne sera jamais résolu. A moins que tout simplement il n'était totalement dépourvu de talent et d'imagination. La réponse a t-elle une importance?
La seule véritable raison de visionner Ciak si muore hormis sa rareté est de voir jusqu'où le ridicule peut aller... sans risque d'être tué!