Una rata en la oscuridad
Autres titres: A rat in the darkness
Real: Alfredo Salazar
Année: 1979
Origine: Mexique
Genre: Horreur
Durée: 83mn
Acteurs: Ana Luisa Peluffo, Anais De Melo, Ricardo Cortes, Aurora Castilon, José Antonio Maros, Claudia Fernandez, Blanca Estela Roth...
Résumé: Deux soeurs, Josefina et Sonia, viennent d'acheter une maison isolée en campagne qu'une agence leur a vendue. Très vite de mystérieux évènements se produisent. Sonia est troublée par le tableau accroché au salon qui représente une jeune femme sosie de celle qui leur a vendu la bâtisse. Sonia devient de plus en plus agressive envers sa soeur qui ignore que la nuit un fantôme lui rend visite et la possède. La tension monte entre deux femmes. Josefina devient jalouse de Sonia et finit par la frapper. En se réveillant elle ne se souvient de rien. Afin d'attirer le fantôme vers elle, elle s'habille comme Sonia. Le spectre apparait et lui fait l'amour. Josefina réalise alors l'incroyable vérité...
A la base scénariste d'une cinquantaine de films dés les années 50 notamment de quelques séries Z tant fantastiques que horrifiques, Alfredo Salazar s'est également laissé tenter à la réalisation puisqu'il est l'auteur d'une petite dizaine de films d'exploitation méconnus qui n'ont jamais franchi les frontières du Mexique, son pays natal. Est ce un mal, est ce un bien? A la vision de cette obscure bande d'horreur mise en scène en 1979, on reste dubitatif. L'intrigue avait de quoi pourtant séduire les amateurs de maisons hantées et autres spectres maléfiques. Qu'on en juge par ce synopsis.
Deux soeurs, Josefina et Sonia, viennent d'acquérir sous les conseils d'une agence immobilière une vaste maison perdue au milieu de la campagne. Sonia dotée de pouvoirs extra sensoriels est intriguée puis fascinée par le portrait accroché sur le mur du salon. La jeune femme qui y est peinte ressemble étrangement à celle qui les a accueilli à l'agence. Si durant les premiers jours la principale occupation des deux soeurs est de faire le ménage, Sonia semble préoccupée, témoin de phénomènes inexpliqués soulignés par la présence d'un rat. Une nuit le fantôme d'une femme vient la visiter dans sa chambre alors qu'elle est endormie et tente de lui faire l'amour. A partir de cet instant Sonia va devenir de plus en plus agressive tant et si bien que la relation des deux femmes, alors très proches, se dégradent très vite. Josefina ne croit pas aux fantômes et semble être jalouse de Sonia qui lui échappe pour un supposé spectre jusqu'au jour où Josefina, comme possédée, la frappe. Elle s'évanouit. A son réveil elle apprend que sa soeur a été admise à l'hôpital. Josefina, bien décidée a découvrir quelle est cette présence maléfique va avoir recours à un habile stratagème. Elle revêt les habits de sa soeur et se couche dans son lit. Le fantôme ne tarde pas à apparaitre et lui fait l'amour comme dans un rêve. En ouvrant les yeux Josefina découvre avec horreur que le fantôme n'est en fait qu'un imposteur. il s'agit d'un homme travesti en femme. La malheureuse se réveille décidée à détruire cet esprit malfaisant. Après avoir découvert le cadavre de Sonia gisant sur le sol du salon, Josefina s'empare d'un tisonnier pour tuer le Mal mais toute la maison se met à trembler, les objets volent, explosent sous les rires diaboliques du spectre. Josefina est empalée.
Deux autres femmes viennent à leur tour acheter la demeure accueillies elles aussi par la mystérieuse jeune fille de l'agence. L'acquisition terminée, elle monte dans la chambre, se déshabille... dévoilant son effroyable secret!
Ainsi résumé le scénario semble particulièrement alléchant. Une fois à l'écran il en va malheureusement tout autrement. Salazar n'a rien inventé. Il ne fait que de reprendre les principaux éléments du film d'épouvante gothique moderne, le cinéma de maisons hantées et de possession diabolique. Tout est là, il ne manque quasiment rien. On a ainsi au programme une inquiétante demeure isolée en pleine campagne, sans électricité, des pièces poussiéreuses, un énigmatique tableau représentant une femme étrange qui petit à petit semble posséder les deux locataires, présence de rats, bruits et silhouettes menaçantes, fantôme hostile... De quoi faire saliver l'amateur qui pourtant va très vite désenchanter. Réunir les composants du film d'épouvante autour d'une intrigue aussi audacieuse soit elle ne suffit pas si les moyens ne suivent pas et si surtout le talent fait défaut. C'est d'autant plus grave si de surcroit la mise en scène ne se hisse jamais plus haut qu'un banal téléfilm ce que à quoi ressemble cette petite bande qui devient vite involontairement hilarante. Plantées au milieu d'un décor bien peu angoissant, on a par instant la désagréable impression de voir celui parfaitement arrangé d'une sitcom, les deux protagonistes déblatèrent un flot de dialogues si niais qu'on s'attend à entendre une salve de rires et d'applaudissements enregistrés. C'est fort heureusement le rire maléfique du fantôme qui résonne entre les murs, un spectre qui ne tarde pas à se montrer, très attiré par Sonia dont il vole les petites culottes alors qu'elle prend sa douche avant de venir la tourmenter dans son sommeil et lentement lui retourner l'esprit sous l'oeil d'un rat qui bien gentiment traverse tout le film.
Salazar s'il est incapable du moindre suspens ne parvient pas non plus à créer une véritable atmosphère d'angoisse encore moins de peur. Chaque évènement surnaturel provoque plutôt le rire tant les effets sont grossiers, vus et archi vus, et le comportement des deux soeurs souvent stupide, incompréhensible, à l'encontre de toute logique. Rien ne fonctionne, le film ronronne mais le plus grave est certainement le scénario qui accumule trous et ellipses jusqu'à ressembler à une énorme tranche de gruyère. Et c'est avec une jolie liste de questions et de pourquoi que le spectateur terminera le visionnage du film. Ainsi ne saura t-on jamais le passé de cette maison, quelle est elle, pourquoi ce portrait, qui est la jeune femme qu'il représente, quelle est le lien avec la jeune fille de l'agence qui en est le sosie, fantôme ou personne réelle elle est les deux au gré du scénario, pourquoi un rat qui finalement n'a aucune utilité dans le film, pourquoi avoir doté Sonia de pouvoirs surnaturels dont elle ne se sert jamais, pourquoi tuer les locataires de la maison, qui a tué Sonia... Ce n'est qu'un petit aperçu des interrogations qui envahissent l'esprit du spectateur mais le plus aberrant reste de savoir pourquoi Salazar a fait de son fantôme un travesti!!
Si le secret est assez vite dévoilé au détour d'une scène étonnamment onirique mais quelque peu ratée ce sont avant tout les images finales qui laissent sans voix. Certes il fallait oser une telle conclusion, celle de cet homme nu au corps parfait qui enlève sa perruque et ses faux seins exhibant un sexe généreux que la caméra de Salazar détaille avec précision lors d'un gros plan aussi inattendu qu'inespéré. Cette ultime séquence résume au bout du compte la bêtise du film. Il n'est jamais qu'une petite pellicule de pure exploitation sans queue (sauf celle du travesti) ni tête faite avant tout pour accumuler le plus grand nombre de plans de nudité, une micro série faussement érotique qui attend les ultimes minutes pour choquer son spectateur lors d'une conclusion coup de poing aussi perverse que ridicule que rien ne justifie. Une minute pour mettre KO le public sidéré, Salazar a réussi son pari et satisfait ainsi en quelques secondes une audience essentiellement voyeur qui affamé était resté sur l'amorce d'une hypothétique relation incestueuse entre les deux soeurs. Quel beau pénis en effet!
Outre ce coup de théâtre joyeusement phallique Una rata en la oscuridad vaut également pour les scènes de nu des deux actrices qui sans être forcément torrides n'en sont pas moins attrayantes et sa séquence onirique qui dénote un peu avec le reste du film, une tentative certes à demi ratée mais qui a son charme, un coté fascinant qu'on aurait peut être aimé retrouver plus souvent, Josefina en nuisette transparente dansant follement, tourbillonnant comme dans un rêve au milieu d'une chambre emplie de rideaux blancs qui flottent et volent, assaillie par le spectre en déshabillé rose qui finalement finira par lui faire l'amour, la possédera dans ce qui demeure la scène érotique la plus chaude du film.
L'interprétation est à la hauteur du film, jamais crédible. Anais De Melo a un certain charme androgyne avec sa coupe garçonne et rappellera Katell Lannec dans Malabimba. Ana Luisa Peluffo une des actrices mexicaines les plus connues dans son pays natal, pionnière de l'érotisme, elle est aussi rigide que peu convaincante encore moins convaincue par ce qu'elle joue comme perdue dans un scénario qu'elle ne comprend pas. Elle n'est pas la seule! C'est une des stars du roman photo mexicain, l'acteur de télévision Ricardo Cortes, qui exhibe son pénis et enfile la nuisette rose du fantôme.
Exemple de cinéma d'exploitation mexicain sur le tard, Una rata en la oscuridad est une pellicule horrifique anodine ratée qui a au moins l'avantage d'être drôle même si ce n'est pas son objectif premier. Elle vaut surtout et avant tout pour sa séquence onirique et sa conclusion hallucinante. Pour le reste, cette maison hantée par un travesti maléfique éleveur de rats est un joli rendez-vous avec l'hilarité et le non sérieux. Le cinéma Bis mexicain doit très certainement receler de bien meilleures oeuvres pour qui voudrait en faire sa découverte.
Salazar renouera avec l'horreur en 1994 avec l'inénarrable et nullissime La herencia diabolica, une maison cette fois habitée par un enfant clown psychopathe pataud et si drôle. Tout un programme!