Un dieu dont on tait encore le nom: Sam Pasco
Afin de reconstruire l'itinéraire le plus fidèle possible de cette véritable icône d'une certaine culture underground gay et surtout mettre fin aux railleries dont il est trop souvent victime notamment en France, mais est ce étonnant, le Maniaco se devait de lui rendre hommage en retraçant l'étrange destin de ce culturiste américain principalement connu du grand public sous le nom de Sam Pasco même si c'est sous différents pseudonymes que son public de base, celui de l'infernal labyrinthe de l'univers gay new-yorkais, a pu durant toutes les années 70 et le début des années 80 l'admirer à travers une collection d'oeuvres interdites dont certaines sont encore aujourd'hui considérées comme cultes. Trouver trace de Sam Pasco n'est pas chose aisée. On parvient bien évidemment à rassembler quelques indices croustillants disséminés ça et là généralement repris par les sites spécialisés dans le cinéma de genre mais cependant l'histoire de Sam Pasco dont c'était probablement le véritable nom de naissance n'est pas aussi simple voire toute autre. C'est en se plongeant dans la presse homosexuelle américaine de l'époque et les sites porno gay vintage, véritables coffres à pépites perdues, qu'il faut se plonger pour rassembler les pièces d'un puzzle souvent complexe, celui d'une vie dissolue dont certains aspects restent encore flous. Les informations regroupées on s'aperçoit assez vite que pas mal se recoupent dressant ainsi un portrait plutôt fiable de cette icône de la culture homosexuelle new-yorkaise.
Si sur le CV qu'offrait la Colt studio, productrice de films pour hommes dont Sam sera l'égérie dés le milieu des années 70, et sa branche Colt men, la célèbre revue gay américaine, certains éléments de la vie de Sam avaient été enjolivés, mais quelle agence n'embellit pas ses stars afin de les présenter sous leurs meilleurs auspices, le parcours du futur acteur de La guerre du fer fut moins resplendissante. Originaire du West village, la partie ouest de Manhattan, Sam fit des études de littérature anglaise dans l'Alabama dont il sortit diplômé. Il décroche un poste de professeur assistant et s'inscrit parallèlement dans une équipe de sport de combat de son école dont il est assez rapidement renvoyé suite à de profonds désaccords avec un de ses enseignants. Sam part alors tenter sa chance à New York. Sa fabuleuse stature et ses capacités lui permettent de se faire remarquer dans l'univers du culturisme. Sam hante les salles de gym fréquentées par les afficionados du muscle extrême dont celles situées sur Midtown. Entre deux séances intensives il pose pour de nombreuses photos. C'est ainsi qu'il est modèle pour des magazines sportifs ciblés mais surtout pour des revues porno dont il devient un habitué. A cette époque Sam avait un appartement sur Bank street où il aimait aguicher le voisinage habillé en marin. Gigolo, call boy, prostitué, chacun appellera cela comme il veut. Il n'empêche que Sam vend ses charmes et se fait une jolie réputation tant ses performances sexuelles sont dit-on extraordinaires. Le bouche à oreille fonctionne. Sa clientèle grandit et clame haut et fort qu'il mérite chaque dollar gagné. Un brin mythomane, un peu mégalomane, Sam fait souvent paraitre des petites annonces et publie de nombreuses publicités où il se présente comme grand acteur ou champion de culturisme. Il sait se vendre, se mettre en valeur, l'astuce fonctionne, ses services charnels sont de plus en plus demandés. Sam est alors confortablement installé dans les milieux du sexe facile new-yorkais. Entre le culturisme forcené, ses activités de modèle X et la prostitution le futur comédien mène un train de vie des plus corrects. Il est également une figure des nuits chaudes de la Grande Pomme, celles des clubs et des bars gay.
Il aurait été étonnant que la presse spécialisée ne s'intéresse pas à lui. C'est le fameux magazine Colt qui le premier s'offre ses charmes et en fait en très peu de temps son égérie comme il l'avait été pour Jim french quelques temps auparavant. Travailler pour Colt va être une nouvelle étape pour Sam qui désormais se fait appeler Big Max. Ce sera son nom d'artiste porno, celui sous lequel il officiera désormais même si de temps à autres il se fera appeler Mike Spanner ou Jim Craig, un doute planant cependant encore aujourd'hui sur ce dernier. Sam va être l'objet d'un nombre incalculable de photos tant soft que hardcore durant sa collaboration avec Colt, des clichés aujourd'hui très recherchés par les collectionneurs et les amateurs d'images masculines interdites. Il sera même la star de The physical man qui dans son numéro 6 lui consacre pas moins de 14 pages toutes plus obscènes les unes que les autres qui représente l'homme dans toute sa splendeur animale.De la photo au film il n'y a qu'un pas que Sam franchit en un éclair. Colt en fait la vedette de quelques unes de ses productions dont une de ses plus connues Grease monkeys. Il est également la star de Dunes avec Nick Poulos. On peut l'admirer sans moustache cette fois dans Working it out en 1977 de John Gamble pour les productions Target. Parmi ses bandes facilement répertoriables on peut citer dans les années 80 Blue vanities, Bullet videopac6 en 1983, Colt VT-305 en 1981. On peut le retrouver bien sûr dans des compilations Colt telle The best of Colt films 6/13. Sam serait aussi la star de l'énigmatique Cli-Max, un film sur lequel plane une ombre de doute. Difficilement visible voire aujourd'hui introuvable, il montrerait Sam filmé seul chez lui devant une télévision entrain de se donner du plaisir jusqu'à la jouissance extrême. Seuls témoignages sont une série de photos qui confirmerait non seulement l'existence de la vidéo mais également son incroyable contenu.
En quelques mois Sam devient une véritable icône de l'underground gay qu'il représente dignement. Il est comme certains de ses confrères le symbole d'une virilité brute, brutale, machiste, puissante, celle qui fait se marier sexe et muscles. Exit les éphèbes warholiens, les petits matelots de Pierre et Gilles. On est avec Sam dans le culte du corps, de la puissance sexuelle masculine, la divination du phallus à la Tom Of Holland. Il continuera ses activités pornographiques jusqu'au début des années 80 sans pour autant arrêter le culturisme à outrance.
Savoir comment en 1982 Sam Pasco est parvenu à décrocher le rôle principal de La guerre du fer demeure un véritable mystère qui restera sans nul doute sans réponse. Questionné sur ce point, Umberto Lenzi comme l'équipe de tournage d'ailleurs affirme qu'il ignore comment il est arrivé dans son film, On soupçonne que ce soit un arrangement avec les producteurs qui auraient exigé un comédien américain puisque certaines séquences ont été tournées dans le sud du Dakota. Pourquoi Sam? On suppose que contrairement à d'autres comédiens culturistes, Sam était très peu cher et rentrait dans le budget du film. En outre, Sam était inconnu en Europe, aucun risque de scandale dû à ses activités pornocrates.
De Sam tant Lenzi que les acteurs qui furent ses partenaires sur le film en gardent un assez mauvais souvenir, celui d'un homme imbu de lui même, coquet à l'extrême, dont la seule préoccupation, obsession, était l'image qu'il renvoyait à l'écran, exigeant toujours son meilleur reflet. Hors caméra dit-on il passait son temps à se coiffer et à se recoiffer.
Après La guerre du fer, le nom de Sam disparut des écrans européens et plus personne ne parla de lui. Il poursuivit pourtant ses activités de modèle nu et tourna encore films pornographiques en Amérique mais si on perd trace de lui dés le milieu des années 80 c'est pour une raison bien plus dramatique malheureusement. Si la date exacte reste floue, Sam est en effet décédé en 1985. Sa mort aux USA fut bien entendu source de multiples suppositions. On put lire qu'il serait mort du Sida ou qu'il se serait suicidé. En fait Sam serait en fait décédé d'une défaillance du foie suite à un abus de stéroïdes.
Si Sam Pasco est uniquement connu en Europe auprès des amateurs de cinéma Bis pour sa prestation dans La guerre du fer dissimulé sous une perruque de crin, vêtu d'un mini pagne en peau de bête, il est et restera avant toute chose aux yeux d'un public bien plus spécifique comme pour toute une génération homosexuelle d'Outre-Atlantique pré-condom, celle de tous les bonheurs, le symbole iconographique d'une virilité explosive, interlope, un de ces dieux vintage voué à tous les excès qu'on continuera de contempler sous tous les angles. Le maniaco a enfin rendu à cet acteur ses lettres de noblesse en lui offrant cette rétrospective fort méritée et une place dans notre joli musée. Si Sam Pasco est mort Big Max est éternel.