Dany la ravageuse
Autres titres: La ragazza dell'autostrada / Dany... die Anhalterin
Real: Willy Rozier
Année: 1972
Origine: France
Genre: Comédie érotique
Durée: 79mn
Acteurs: Sandra julien, Jacqueline Laurent, Jurgen Drews, Michel Paulin, Jacques Dynam, Lisa Livane, Jacques Marboeuf, Angelo Bassi, Sebastien Floche, Jacques Hansenne...
Résumé: Dany, une magnifique jeune mannequin, parcourt la France en stop pour présenter ses collections. Au cours de ses voyages elle va vivre de pittoresques aventures au gré des conducteurs qui la prennent à leur bord...
Créateur de la société Sport-Films le cinéaste scénariste Willy Rozier de son vrai nom Xavier Vallier eut une carrière plutôt prolifique des années 30 aux années 50 avec à la clé quelques jolis succès commerciaux. Sa popularité décline dans les années 60. Sa société en subit les conséquences. Il lui faut renflouer les caisses. Rusé, Rozier va profiter de l'arrivée d'un certain cinéma érotique et des nouveaux courants de pensées, plus libertaires, pour refaire surface. Ainsi nait Dany la ravageuse en 1972, un titre évocateur mais qui en fin de compte n'est jamais qu'une comédie coquine bien inoffensive et surtout très amusante.
Ravissante jeune modèle, Dany économise ses indemnités de transport pour s'acheter une voiture. Pour voyager de ville en ville et présenter ses collections elle fait donc du stop. Durant ses escapades Dany va connaitre bien des aventures pittoresques au gré des conducteurs qui la prennent à leur bord. Elle fait d'abord la connaissance d'un italien girond chasseur de papillons avec laquelle l'homme s'imagine partir à la chasse aux lépidoptères nus dans les champs avec elle. Elle est ensuite séquestrée par un couple sadomasochiste qui lui fera gouter aux plaisirs du fouet avant que monsieur ne lui fasse l'amour, inconsciente, devant madame qui se donne au domestique. Puis c'est au tour d'un croque-mort de vouloir la violenter sur le cercueil du défunt qu'il transporte dans son corbillard puis d'un maniaque qui égorge les femmes qu'il prend pour des moutons. Echappant de peu au pire Dany rencontre alors Sebastien, un jeune chanteur, qui s'avère être une femme avec laquelle elle aura sa première aventure lesbienne. La jeune modèle fait ensuite un bout de chemin avec trois braqueurs de banque avant de faire la connaissance d'un séduisant prince byzantin et de son chauffeur, des imposteurs en fait qui vont profiter de sa crédulité pour s'organiser une partie d'échangisme. Après toutes ses aventures Dany repart vers d'autres destinations avec un curé cette fois mais... toujours en stop!
Le scénario est très simple puisqu'il se contente d'enchainer cinq sketches particulièrement réjouissants, cinq petites mésaventures cocasses dont l'ingénue et peu farouche Dany sera la candide victime pour son plaisir visiblement mais également celui du spectateur. L'originalité n'est pas vraiment au rendez-vous certes, on est dans la lignée des comédies salaces franchouillardes typiques de cette époque mais il faut reconnaitre à Rozier l'habileté d'avoir su éviter toute vulgarité au profit d'un ton espiègle, ludique, drôle, une fraicheur aussi agréable qu'une brise printanière qui enrobe l'ensemble du film d'un bout à l'autre du métrage. C'est un des principaux atouts de cette fort sympathique petite pellicule (79 minutes au compteur) qui profite de l'ère du temps pour jongler sur bien des thèmes encore tabous mais que la liberté des moeurs sexuels et une censure moins drastique tendent alors à assouplir.
Willy Rozier aborde ainsi avec humour, légèreté et insouciance le sadomasochisme, le lesbianisme, l'échangisme et même la nécrophilie tout en enrobant le tout d'un bien innocent discours un brin anarchiste sans oublier de se moquer du clergé en toute fin de bande. Dany la ravageuse vogue clairement sur la vague de la sexploitation à la française sans pour autant vouloir choquer ou déranger, sans rien vraiment montrer non plus. On reste le plus souvent en effet dans la suggestion même si les plans de nu tant dorsaux que frontaux abondent afin de satisfaire au mieux le public auquel le film s'adresse venu avant tout voir une polissonnerie.
A cette fraicheur, cette atmosphère ludique s'ajoute une interprétation enjouée de la part d'une jolie brochette de comédiens qui visiblement s'amusent, sa principale protagoniste en tête, la charmante et candide Sandra julien, découverte chez Jean Rollin l'année précédente dans Le frisson du vampire. Elle donne au film une grande partie de son charme et de son espièglerie. Sandra est tout bonnement délicieuse.
A ses cotés on retrouve Jacqueline Laurent qui sera par la suite à l'affiche de quelques Jess Franco et sera surtout la sadique kapo Helga Holtz dans Nathalie dans l'enfer nazi, Jacques Dynam, Jacques Marboeuf, Lisa Livane, future héroïne de La papesse, impayable dans un rôle travesti, Angelo Bassi, figure générique du cinéma bis italien, et surtout un tout jeune Jurgen Drews, plus séduisant que jamais, qui de surcroit nous offre un insolent nu frontal intégral. De quoi non seulement émoustiller mais également faire perdre la tête à plus d'un face à un petit derrière aussi parfait et ce sexe tentateur source de tous nos fantasmes.
Egayé par une musique guillerette de Jean Yatove agrémentée de quelques chansons égrillardes désopilantes chantées par Pizani Dany la ravageuse, adapté d'une nouvelle de Rozier intitulé Dany la bagnole, est une douce recréation, un divertissement coquin sans prétention si ce n'est de faire rire un public avide de comédies érotiques d'un autre temps, celui où l'érotisme et le sexe étaient traités de manière insouciante et totalement libre. L'avantage avec Dany est que le film n'a pas vraiment pris de ride. Il a su garder toute sa fraicheur et sa drôlerie. Il devrait en ce sens faire aujourd'hui encore le plaisir d'une vaste audience. Voila un bon remède contre la morosité ambiante.