I cinque del Condor
Autres titres: Cinq salopards en Amazonie / 5 salopards en Amazonie / Squadra selvaggia / The wild team / Thunder / El cinque del Condor / Peloton Salvaje
Real: Umberto Lenzi
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 84mn
Acteurs: Antonio Sabato, Ivan Rassimov, Werner Pochath, Salvatore Borghese, Andrea Aureli, Geoffrey Gerald Copleston, Duccio Dugoni, Franco Fantasia, Dante Fioretti, Giovanni Gargano, Pierluigi Ghezzi, Gabriella Giorgelli, Gory Ford Joan, Julia Kent, Gustavo Adolfo Matos, Alex Serra...
Résumé: Lors d'une fête locale sur l'ile de Manioca, un petit état d'Amérique du sud, le jeune fils d'un ambassadeur est enlevé par un dictateur à la tête d'une multinationale américaine corrompue, le général Gomez. Il veut ainsi forcer l'ambassadeur à démissionner afin de prendre le pouvoir. Un commando de cinq mercenaires mené par le capitaine Martin Cuomo est envoyé à la recherche de l'enfant retenu prisonnier dans la jungle au large de Manioca...
Depuis la fin des années 70 le cinéma de genre italien commença un long déclin qui ne fit que croitre dés la décennie suivante avant d'entamer une lente et longue agonie durant laquelle il tenta en vain de sortir le bec de l'eau. Refusant obstinément de mourir, il ne lui restait pour survivre tant bien que mal que le plagiat des grands titres du box office américain d'alors notamment le film de guerre et d'aventures né du succès de Platoon, Rambo, Commando et autre Delta force. Antonio Margheriti s'y risqua avec bonheur suivi de quelques autres confrères dont Umberto Lenzi fraichement sorti du post nuke, du film cannibale et de zombis. I cinque del Condor est ainsi le premier des trois films de guerre et
de commando que Lenzi tourna au coeur des années 80 pour le meilleur et pour le... moyen.
Cette première incursion du réalisateur de Cannibal ferox dans le domaine de l'aventure ne risque guère de rester dans les annales. Peu aidé par un scénario ultra classique, un commando doit délivrer le fils d'un ambassadeur retenu prisonnier dans la jungle d'un pays sud américain imaginaire, Manioca, par un dictateur à la tête d'une multinationale corrompue, I cinque del Condor connu en France sous le titre Cinq salopards en Amazonie prêche le plus souvent par le ridicule de certaines de ses situations. S'il est difficile de prendre au sérieux cette histoire souvent invraisemblable, il sera par contre plus facile d'en rire même si
ce n'était pas forcément l'objectif premier de Lenzi. Si on met de coté des dialogues souvent idiots ou peu convaincants comment réagir autrement face par exemple à la scène absurde des médiums chargés de repérer où se terre le dictateur, celle farfelue de la fouille à l'aéroport et du chien qui refuse d'attaquer ou encore celle en forme de ballade aérienne du survol en deltaplane de la jungle où est retenu en otage l'enfant.
Tout va également très vite. Notre commando de choc composé de cinq solides mercenaires dont une femme spécialiste en explosifs qui n'a aucune autre utilité que de remplir un cahier des charges qui exige un élément féminin dans le scénario, est constitué à la vitesse de
l'éclair et débarque tout aussi rapidement en pleine forêt tropicale très certainement pour plonger le plus tôt possible le spectateur au coeur de l'action, le principal intérêt de Lenzi dirait-on mais également du film. La plupart du budget semble avoir été attribué aux effets pyrotechniques. Le cinéaste multiplie les scènes d'explosions, de fusillades, d'embuscades qui s'enchainent tout au long de la partie centrale du film. Professionnel, Lenzi semble s'en donner à coeur joie et filme l'ensemble avec une certaine dextérité. Mis en scène de manière alerte, Cinq salopards en Amazonie trouve alors son rythme de croisière qui malheureusement va trop vite se mettre à tousser faute d'inspiration. L'enfant délivré, il fallait
alors rebondir. Le problème est que Lenzi n'en est qu'à la moitié du métrage. Il lui reste 40 minutes à remplir du mieux qu'il le peut. Il va donc étirer l'histoire au maximum en multipliant les rebondissements. Le meurtre de l'ambassadeur, quelques trahisons au sein du commando, la réapparition du tyran et la fuite des aventuriers qui s'échappent de cet enfer vert sont ainsi greffés sur un scénario au départ trop court. Tout aussi peu développé que la première partie cet étirement scénaristique vaut essentiellement pour ses effets pyrotechniques et son sens de l'action qui masquent la faiblesse du tout jusqu'au final sans surprise, cousu de fil blanc. Egal à lui même, Lenzi arrose inévitablement le tout d'un zeste
de racisme, d'un soupçon de gore et surtout de cette cruauté animale gratuite qui fit sa réputation, ici un chien tué à bout portant.
La grande attraction du film est bien entendu sa distribution composée de vieilles gloires du cinéma Bis. C'est aussi ce qui fait mal. Si Werner Pochath qui consacra le reste de sa carrière à ce type de films jusqu'à sa triste disparition à l'aube des années 90 reste égal à lui même que penser d'un Antonio Sabato mono-expressif, fade, visiblement moins à l'aise dans la peau d'un mercenaire que dans celle d'un flic qui fit sa renommée. Quant à Ivan Rassimov, flétri, jamais il n'a semblé autant s'ennuyer. Est ce un hasard s'il meurt le premier
sous une rafale de balles? Sal Borghese de son coté donne le minimum syndical. L'atout féminin se nomme ici Julia Kent / Julia Fürsich. L'allemande succède donc à de brillants noms tels que Annie Belle, Tisa Farrow ou Margi Newton. Lenzi a choisi sans nul doute la moins sexy et la plus insipide parmi les actrices disponibles. La vision la plus pénible reste certainement celle de Gabriella Giorgelli fanée, forcie, dans le rôle de la médium dont le temps d'écran n'excède bien heureusement guère plus de deux minutes.
Ce premier volet de la trilogie de guerre de Lenzi laissera peu de traces dans l'esprit du
spectateur. Rythmé par une partition musicale électronique bien laide, affublé d'une version française hilarante, Cinq salopards en Amazonie est une toute petite série B tout juste distrayante dont on retiendra surtout les effets pyrotechniques et un rythme plutôt alerte. Passé ce cap, il ne reste pas grand chose si ce n'est le mince plaisir de revoir quelques ex-grands noms du cinéma de genre transalpin qu'on aurait préféré voir moins fatigués dans des pellicules plus consistantes.
Lenzi récidivera l'année suivante avec le plus intéressant Tempi di guerra et terminera son cycle en pleine Allemagne nazie avec Un ponte per l'inferno.