Sigpress contro Scotland Yard
Autres titres: Sigpress contre Scotland Yard / Sigpresse contre Scotland Yard / The psychopath / Mister Zehn Prozent / Miezen und Moneten
Real: Guido Zurli
Année: 1968
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Comédie policière / Espionnage
Durée: 92mn
Acteurs: George Martin, Ingrid Schoeller, Karin Field, Paolo Carlini, Andrea Aureli, Gloria Paul, Aldo Canti, Klaus Kinski, Orchidea De Santis, Tom Candela, Giorgio Bixio, Mimmo Palmara, Conservo Dell'Arti...
Résumé: L'insaisissable Sigpress, gentleman cambrioleur, donne bien du mal à la police qui tente de le capturer. Il est le cauchemar des voleurs à qui il dérobe leur butin pour le redonner aux victimes contre 10 % de sa valeur. Lorsqu'il apprend que l'Oeil d'Allah, un superbe diamant, va être transférer de Londres à Paris, Sigpress va tenter de s'en emparer. Il va devoir combattre l'inspecteur Bennett de Scotland Yard et une bande de malfrats qui veut aussi le fabuleux caillou qui vient d'être dérobé par un armateur grec...
Coupable d'une petite quinzaine de pellicules souvent sympathiques jamais dénuées d'humour Guido Zurli s'essaie avec Sigpress contro Scotland yard à la comédie d'espionnage fortement inspirée des personnages des fumetti, ces bandes dessinées italiennes fort en vogue à la fin des années 60. Sigpress peut donc se ranger aux cotés de Diabolik, Fenomenal et autre Kriminal puisqu'il s'agit d'un séduisant gentleman cambrioleur qui nargue à sa manière la police, en l'occurrence ici Scotland Yard, puisque cet insaisissable voleur au regard de velours a pour spécialité de dérober le butin de voleurs pour ensuite le rendre à ses propriétaires en exigeant 10% du montant de sa valeur. Après les 70000£ de bijoux de Milady cette petite originalité fort noble va mener Sigpress à se focaliser sur l'Oeil d'Allah, un merveilleux diamant qu'il veut se procurer. Il est clair que si Sigpress, le voleur aux mille visages, est la cible de la police il ne fait guère l'unanimité de la pègre londonienne qui ne supporte plus que Sigpress leur coupe l'herbe sous le pied. Déguisé en journaliste exaspérant particulièrement collant, Sigpress va ainsi aider incognito l'inspecteur Bennett à retrouver l'Oeil d'Allah qu'un riche armateur grec a réussi à dérober. Tout en protégeant son identité le fieffé coquin va devoir se battre contre l'armateur et sa très séduisante épouse Priscilla et une bande mafieuse qui veut également l'inestimable bijou qui s'apprête à être transféré de Londres à Paris.
Sigpress n'a pas à pâlir face à ses célèbres et tout aussi charmants confrères. Zurli signe une petite coproduction italo-germanique franchement sympathique qui n'a d'autre objectif que de distraire un public familial. Ce mélange de film d'espionnage et de comédie policière qui se permet un clin d'oeil à James Bond (Sigpress revêt un masque qui lui donne le visage du fameux agent secret de sa Majesté) est une honnête bande certes dépourvue de rebondissement et de suspens mais très agréable à suivre. Tout est convenu, sans grande originalité, l'intrigue est cousue de fil blanc mais la fraicheur de la réalisation et la présence de comédiens qui visiblement s'amusent donnent à l'ensemble une note éminemment plaisante. L'aspect désuet résolument kitsch du film, son ironie incessante absente des Diabolik et consorts et sa touche de subtilité bon enfant, ses scènes d'action au demeurant assez nombreuses toutes plus drôles (risibles diraient les langues de vipères) les unes que les autres, le non sérieux de ses situations qui fleurent bon la bande dessinée, sont autant d'atouts qui plaident en faveur de Sigpress, charmant gentleman séducteur qui passe son temps à faire du trampoline entouré d'une nuée de demoiselles en folie très 60s. Plus inhabituel est ce nuage d'homosexualité qui l'entoure, pas exploité mais bel et bien latent. Sigpress entretient en effet une relation plutôt ambigüe avec son domestique et homme à tout faire, Periwinkle, interprété par un Klaus Kinski tout jeune. La séance de massage parle d'elle même. Il est un peu dommage que le personnage du serviteur ne soit pas un peu plus développée, ce dernier disparaissant en cours de scénario. Sigpress pourra ainsi rejoindre notamment Batman et Robin au rang des héros à la sexualité trouble. Ce n'est jamais ici qu'un nouvel élément du film qui le rend encore un peu plus intéressant... et amusant.
C'est l'ex-figure du western et du film d'aventures ibérique George Martin qui porte avec bonheur les costumes, masques et autres déguisements de Sigpress dont on pourra admirer les pectoraux et les cuisses fermes lors de ses ineffables sauts en trampoline. A ses cotés, outre un Klaus Kinski juvénile dont les sautes d'humeurs et le tempérament enflammé surent être canalisés par un Zurli qui se montra plus autoritaire que lui lors du tournage afin d'éviter tout heurt, on retrouvera avec plaisir une toute jeune Orchidea De Santis, la blonde teutonne Karin Field (Les fantômes de hurlevent de Antonio Margheriti, Les démons du sexe du diarrhéique Jesus Franco, L'étrangleur de Vienne), l'excellent Paolo Carlini dans le rôle so british de l'inspecteur de Scotland Yard et l'incontournable figure du péplum Mimmo Palmara. Indissociable du film est sa bande originale signée Gino Peguri, hypnotique, entêtante, qui a elle seule donne au film une raison d'être visionné.
Furtivement sorti en France mais uniquement en Province quatre après sa réalisation, Sigpress contre Scotland Yard est une petite production discrète dans la grande tradition de ces fumetti mis en image à la fin des années 60. Certes moins ambitieux qu'un Diabolik, Sigpress et son charme fortement estampillé fin années 60 n'en demeure pas moins une gentille distraction, une jolie curiosité inoffensive savoureusement ironique que l'amateur prendra certainement plaisir à découvrir.