Der kommander
Autres titres: Le triangle de la peur / Il triangolo della paura / The commander
Real: Antonio Margheriti
Année: 1985
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Aventures/ Action
Durée: 106mn
Acteurs: Lewis Collins, Lee Van Cleef, Donald Pleasence, Manfred Lehmann, Brett Halsey, Chat Silayan, Hans Leutenegger, Christian Brückner, Frank Glaubrecht, Thomas Danneberg, Anita Lochner, Wolfgang Kühne, Paul Muller, Bobby Rhodes, Romano Puppo, Antonio Cantafora, John Steiner, Mike Monty, Edoardo Margheriti...
Résumé: Un groupe de mercenaires mené par le major Colby doit retrouver une disquette contenant des informations cruciales détenue par un général retranché quelque part en Asie du sud. Colby ignore qu'un agent de la CIA s'est infiltré parmi ses hommes...
Dernier volet du triptyque consacré aux films de mercenaires que signa Antonio Margheriti entre 1984 et 1988, Der Kommander / Le triangle de la peur semble être surtout marqué par la lassitude d'un cinéaste désireux de passer à autre chose. Après deux chapitres rondement menés qui misaient essentiellement sur l'action et le spectaculaire, Nom de code: oies sauvages et Commando léopard, Le triangle de la peur n'a d'intéressant semble t-il que son titre bien loin malheureusement de représenter le film.
Le scénario est ici très simple puisque l'intrigue tourne autour d'une disquette contenant
d'importantes informations que des mercenaires doivent retrouver en Asie du sud. Pour pimenter une histoire simpliste on y ajoute un traitre glissé parmi les mercenaires même si cela n'apporte guère plus à l'ensemble. On aurait pu penser que Margheriti allait se rattraper sur l'action et les effets spéciaux , offrir au spectateur un spectacle explosif, dynamité à l'adrénaline comme il avait si bien su le faire avec les deux précédents ainsi qu'avec ses films de guerre et d'aventures. Si l'ouverture pouvait laisser sous entendre un nouvelle série pleine d'exubérance, c'est tout le contraire qui cette fois nous attend. Dés le prologue terminé le film prend mollement sa vitesse de croisière et c'est sur ralenti que Margheriti a bien
tristement réglé ses moteurs. Le gros problème avec ce Triangle de la peur c'est qu'il ne se passe quasiment rien. On discute, on bavarde, on plaisante, les minutes s'égrènent et l'ennui prend doucement le dessus. On se surprend à regarder sa montre, on prend son mal en patience, on espère un revirement de situation qui semble arriver au bout de 50 longues minutes avec l'affrontement des mercenaires et d'un groupe de guérilleros. On est loin des combats vitaminés auxquels le cinéaste nous avait habitué mais les combats revitalisent le temps de quelques dix minutes un film fade bien trop mou. Cela permet également d'espérer un regain de vitamine, de punch mais l'illusion est de courte durée puisque aussitôt les
combats terminés, Le triangle de la peur sombre de nouveau dans une monotonie ronronnante jusqu'au final, soit les quinze ultimes minutes, la bataille qui clôture ces mornes aventures asiatiques avant un rebondissement ironique tout en humour noir qui n'apporte rien à l'ensemble.
Fatigué, peu inspiré et motivé, bien difficile ici de reconnaitre la patte du réalisateur, à se demander s'il a réellement pris place derrière l'objectif. Si on pouvait passer outre une histoire guère originale et un manque d'action difficile par contre d'excuser l'insipidité des effets spéciaux quasiment absents du métrage. Il y a certes quelques jolies explosions de
maquettes, certaines provenant des deux films précédents, mais elles aussi manquent de souffle, de puissance. Peu impressionnantes, perdues au beau milieu d'une intrigue tout sauf passionnante, elles ne parviennent pas à insuffler au film la puissance guerrière qu'on était en droit d'attendre de ce volet. Et aux effets pyrotechniques Margheriti a préféré ici fusillades, bagarres et corps à corps, un choix qu'on pourrait respecter si ces bagarres ne semblaient pas destinées à une anodine série B tant elles prêtent parfois à sourire. Ce comique involontaire, trop présent, donne au film un ton peu sérieux, peu crédible, à la limite parodique et c'est presque avec plus de plaisir qu'on visionnerait une quelconque
vietsploitation d'un quelconque metteur en scène.
Si Nom de code: oies sauvages et Commando léopard bénéficiaient d'une solide distribution, de quelques noms de prestige tous plus investis les uns que les autres, ce n'est pas le cas cette fois puisqu'en tête d'affiche on retrouve deux acteurs poussifs, monolithiques, l'américain Lewis Collins, beaucoup plus nerveux dans les deux autres volets, et l'allemand Manfred Lehmann, indigent. Patauds, jamais très convaincants encore moins convaincus, ils se trainent aux cotés d'une brochette d'acteurs au glas de leur carrière, Lee Van Cleef en tête qui, visiblement fatigué, se contente de se promener dans son jardin
au milieu des fleurs, en évitant de trop bouger. Ce sera d'ailleurs son ultime film avant qu'il ne disparaisse trois ans plus tard. Exit Klaus Kinski remplacé par un Donald Pleasance égal à lui même, c'est à dire cabotin, vite insupportable mais c'est habituel. Si l'un est clairement usé, l'autre se paie quelques vacances et se moque bien de ce qu'il joue. Il fait ici quelques apparitions en solo, ses scènes ayant été tournées à part, à moins que ça ne fisse partie des exigences de star de l'exaspérant Donald dont les clowneries finales fusillent un film déjà bien faible. Toujours parmi les gloires troisième âge du Bis italien on reconnaitra le poussif Brett Halsey, le toujours aussi fade Mike Monty, incontournable figure du Z
transalpin, l'ex-bellâtre Antonio Cantofora qui ne fera plus vraiment rêver et l'indispensable John Steiner affublé ici d'un accent anglais à la française très drôle dont on retiendra deux choses: son addiction pour le Pernod et sa mort, mémorable, lors d'un combat pachydermique dans la boue. Pour compléter cette distribution bien ridée la production fit appel aux habitués du genre: Romano Puppo, Bobby Rhodes qu'on avait pas vu autant cabotiner depuis bien longtemps et Paul Muller. L'indispensable présence féminine est assurée par l'asiatique Chat Silayan, Ex-Miss Philippine décédée d'un cancer il y a quelques années, qui n'apporte rien de particulier au film si ce n'est un zeste de karatéka.
L'affiche du film est finalement à son image, souffreteux, peu énergique, dévitalisé. Margheriti malgré tout son talent, son ingéniosité, cette verve qui a toujours caractérisé son oeuvre, les espaces naturels qu'il avait à sa disposition, signe malheureusement un film triste, à peine distrayant, mou comme du caoutchouc dont seules quelques séquences parviennent de temps à autre à tirer le spectateur de sa douce léthargie. Réalisé avec une canne (un déambulateur?) Le triangle de la peur est un film terne, involontairement drôle, un château de cartes qui s'effondre au premier souffle de dynamite... d'allumettes??