La orgia nocturna de los vampiros
Autres titres: L'orgia notturna dei vampiri / The vampires night orgy
Real: Leon Klimovsky
Année: 1973
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 80mn
Acteurs: Jack Taylor, Dyanik Zurakowska, Helga Liné, Charo Soriano, Luis Ciges, José Guardiola, David Aller, Manuel de Blas, Gaspar 'Indio' González, Antonio Páramo, Fernando Bilbao, Alfonso de la Vega, Fernando Romeo, Sarita Gil...
Résumé: Un groupe de touristes égaré sur une route de montagne trouve refuge dans un village semble t-il abandonné. Ils décident de passer la nuit à l'auberge. Le lendemain, ils font enfin connaissance avec les habitants. Bloqués dans ce village, ils vont réaliser qu'ils sont en fait des zombis cannibales dirigés par une redoutable femme vampire dont ils sont désormais les prisonniers. Débute pour eux un véritable cauchemar dont seulement deux d'entre eux en ressortiront vivants. Mais les rescapés ne sont pas au bout de leur surprise...
Modeste artisan du cinéma de genre ibérique Leon Klimovsky s'est fait connaitre dans les années 60 pour ses quelques westerns avant d'entamer dés le début des années 70 une série de films d'horreur reprenant le plus souvent les mythes du vampire et du loup-garou dans la lignée de ceux de son confrère Paul Naschy. Souvent calqués sur les succès des films italiens, ces petites pellicules espagnoles ont toujours eu du mal à égaler leurs modèles. La orgia nocturna de los vampiros ne fait que confirmer la règle.
Suite au décès du chauffeur du bus qui les transportait, foudroyé par une crise cardiaque, un
petit groupe de touristes se retrouve coincé sur une route de montagne. Ils décident de continuer leur route. A la tombée de la nuit, ils s'arrêtent à Tolnia un petit village perdu qui semble désert. Ils entrent dans une auberge afin d'y passer la nuit. Le lendemain, toujours bloqués dans ce bourg étrange, ils font enfin la connaissance des habitants. Ils ignorent en fait qu'il s'agit en fait de zombis, des spectres cannibales dirigés par une femme vampire nommée La signora qui vont les décimer tour à tour pour les dévorer, cuisinés ou non! Ne restera que deux survivants qui finiront par se réfugier dans une voiture et quitter le village après avoir empalé la Signora. Les rescapés vont raconter leur incroyable histoire aux
gendarmes qui, dubitatifs, leur disent qu'il n'y a jamais eu de village à cet endroit.
Disons le de suite, le titre est mensonger. Il n'y a ici ni vampire à l'exception de la Signora encore moins d'orgie, La orgia nocturna de los vampiros n'est plus ni moins qu'un film de fantômes inspiré de 2000 maniacs dont les fameux spectres sont en fait des zombis cannibales. Les habitants du village sont des morts-vivants qui la nuit s'attaquent aux visiteurs afin de s'en nourrir. Les zombis de Klimovsky, pour la plupart des paysans au faciès rustre, ont d'ailleurs les caractéristiques du zombi traditionnel comme l'agressivité et la démarche lente. Ce point précisé on pourra maintenant s'affairer à dénombrer les
invraisemblances d'un scénario peu original et assez confus. Le prologue est particulièrement insensé. Comment en effet imaginer que les passagers d'un bus soient aussi impassibles face au décès de leur chauffeur victime d'une crise cardiaque? Si aucun d'entre eux ne semble s'en soucier personne ne pense à venir le secourir et prendre les commandes du bus. Sa mort n'ayant choqué personne pas même la fillette qui continue de jouer avec sa poupée qu'elle ne quittera d'ailleurs pas durant tout le métrage, il n'est donc pas étonnant qu'ils décident de continuer leur chemin, seuls sur cette route de montagne isolée noyée dans le brouillard. Qu'ils ne soient pas surpris de tomber sur un village inhabité dont la taverne et les maisons sont pourtant fonctionnelles et confortables n'est donc qu'un détail qui n'a plus guère d'importance.
La disparition de certains d'entre eux ne semble guère les affecter, personne ne se souciant de savoir ce qu'il leur est advenu comme ils se soucient bien peu des évènements étranges dont ils sont témoins. Une fois ces éléments acceptés, on peut donc se laisser aller à visionner ce petit film d'horreur typique de ce début de décennie.
Si on passe outre ces défauts La orgia nocturna de los vampiros est un petit film d'horreur classique qui vaut surtout pour son décor lugubre, un petit village de pierres perdu au coeur d'une sinistre montagne, l'ensemble joliment photographié par un Klimovsky inspiré. On
pense par instant à la saga des Templiers aveugles de Amando De Ossorio pour cette tentative de créer une atmosphère de peur même si la comparaison s'arrête ici. Après une première demi heure plutôt sympathique et prometteuse ne serait ce que pour cette ambiance inquiétante et l'apparition des spectres anthropophages, La orgia nocturna de los vampiros perd de son charme faute à une mise en scène tout en dents de scie. La partie centrale, trop bavarde, plutôt ennuyeuse, fait perdre au film une partie de son intérêt. Il ne se passe pas grand chose si ce n'est quelques coucheries noyées dans un flot de dialogues peu passionnants ponctuées de temps à autres par la présence des zombis venus chercher
une nouvelle victime. Il faut attendre la dernière partie du métrage pour renouer avec un certain suspens et retrouver l'ambiance de départ jusqu'au final peu surprenant mais surtout absurde car très mal amené. Il est toutefois dans l'esprit du prologue. L'ébahissement, l'effarement, ne semble décidément pas être le fort de nos vacanciers qui acceptent tout sans sourciller un peu comme le spectateur qui lui n'a pas le choix.
Très inégal, le film se laisse néanmoins gentiment visionner. Outre ses illogismes, ses invraisemblances et le coté brouillon de certains points (le petit garçon reste une énigme, est il un fantôme ou non, et n'a aucune réelle utilité dans l'intrigue si ce n'est de nouer une
relation trouble avec la fillette, un des personnages les plus flous du film puisqu'elle apparait et disparait au bon gré du réalisateur qui lui fait passer son temps à coiffer ses poupées), La orgia de los vampiros est une inoffensive tentative de renouer avec les grands thèmes de la Hammer sur lesquels Klimovsky greffe quelques éléments empruntés à La nuit des morts vivants . Demi-échec ou semi réussite, l'effort est quelque peu vain. A force de vouloir tout mélanger, le film perd de sa crédibilité et surtout de sa limpidité. Vampires, zombis qui étrangement se mangent aussi entre eux apparemment, et fantômes doivent ici faire ménage avec un tueur géant hirsute habillé comme Hulk et un village finalement imaginaire.
Klimovsky donne vie à un gros pot-pourri d'où toute logique est exclue. On ne se rattrapera guère sur l'érotisme, quasi absent, ni sur les scènes d'horreur très peu nombreuses et jamais graphiques. Quelques filets de sang, un doigt tranché trouvé dans une assiette, voilà qui n'a rien de très excitant. Quant au cannibalisme il est bien entendu suggéré. Restent les rares apparitions de La signora vampire et ses canines acérées digne des meilleurs moments de la Hammer pour offrir quelques douces sensations à un spectateur qui de son coté restera sur sa faim. La grande réussite de La orgia nocturna de los vampiros est définitivement ses décors médiévaux, son village de pierres séculaire, sa crypte et son
environnement naturel sauvage. On appréciera quelques scènes nocturnes plutôt bien tournées notamment celles qui mettent en scène l'apparition des spectres et les séquences dans le vieux cimetière.
La distribution est plutôt anodine composée d'acteurs poussifs peu convaincants, l'américain jack Taylor en tête. Le toujours séduisant Manuel De Blas rehausse quelque peu une affiche masculine franchement laide et nous offre en prime une scène en slip juste avant d'être défenestré et dévoré. Il en va de même pour les comédiennes dont on ne retiendra que les noms de la rousse Helga Liné, excellente dans le corps de cette vampire aux crocs gourmands, et de la polonaise Dyanik Kurakowska, une des toutes premières figures emblématiques de cinéma ibérique qui nous offre un petite séquence seins nus.
Accompagné d'une affreuse partition musicale jazzy bien peu appropriée semblant avoir été écrite pour une comédie, La orgia nocturna de los vampiros est un modeste petit film d'horreur bien inoffensif, une distraction de moyen niveau peu convaincante mais avec laquelle l'amateur de genre pas top exigeant sera cependant indulgent. On le sera plus avec Klimovski lorsqu'on sait qu'au départ il avait pour objectif de faire un film d'horreur aussi original que terrifiant. Malheureusement les producteurs en décidèrent autrement et transformèrent La orgia nocturna... en une simple petite bande horrifique particulièrement soft et... niaise, au désespoir du cinéaste.