La legge violenta della squadra anticrimine
Autres titres: Magnum 44 spécial / Cross shot
Real: Stelvio Massi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 88mn
Acteurs: John Saxon, Lee J. Cobb, Renzo Palmer, Rosanna Fratello, Lino Capolicchio, Antonella Lualdi, Thomas Hunter, Giacomo Piperno, Pasquale Basile, Alfredo Zammi, Guido Celamo, Francesco D'Adda, Teodoro Corra, Angelo Boscariol...
Résumé: Quatre voyous braquent un fourgon contenant l'argent de la banque locale. Un policier s'interpose mais un des délinquants, Tonio, le tue involontairement. Il prend la fuite et dérobe la voiture d'un Boss de la mafia, Don Ragusa. Malheureusement pour lui la voiture renferme une valise qui contient de précieux écrits qui prouvent que le ministre est en relation avec Ragusa. Le commissaire Jacovella, un flic aux méthodes peu orthodoxes mène l'enquête. la presse s'empare de l'affaire. jacovella va se heurter à la presse qui détruit la police, plus précisément Maselli, le directeur du journal local. Pendant ce temps, Ragusa ordonne à ses hommes de retrouver Tonio et la valise...
Grand spécialiste du polar à l'italienne à qui Maurizio Merli doit quelques uns de ses grands succès, Stelvio Massi, un an après avoir clôturé la trilogie Marc la gâchette, revint avec un nouveau film qui cette fois tentait de dénoncer la toute puissance des médias. Pour se faire, il fait appel au talent de l'américain John Saxon alors en place à Rome pour incarner le commissaire Jacovella, un nouveau flic explosif aux méthodes peu orthodoxes dans la grande tradition de ceux qu'incarna Merli.
A Bari, une ville située dans la région des Pouilles, quatre petits voyous braquent un convoi
de fonds. Un policier tente de les arrêter mais il est abattu bien involontairement par un des voleurs, Tonio. Ils parviennent à s'enfuir. Poursuivis par la police, deux d'entre eux prennent une jeune femme en otage avant de la jeter hors de sa voiture tandis que Tonio, en pleine panique, dérobe la voiture du frère d'un puissant mafioso, Don Ragusa. Malheureusement pour lui la voiture contient une valise dans laquelle sont cachés de précieux documents qui prouvent que le ministre est en affaires avec la mafia. Ecoeuré par tant de violence, le commissaire Jacovella se charge de retrouver Tonio avant que Ragusa ne le tue pour récupérer les précieux écrits. La presse, plus particulièrement Maselli, le directeur du journal
local, s'empare de l'affaire. Maselli n'épargne ni la police en mettant l'accent sur son incapacité à agir et protéger les citoyens ni les agissements expéditifs de Jacovella qu'il ne cesse de critiquer. Désespéré, Tonio que sa fiancée a rejoint dans sa fuite décide de s'allier avec Maselli en lui racontant toute la vérité. Le journaliste prend la décision de l'aider sans rien dire à la police. Mais jacovella a vu clair dans le jeu du journaliste. Pour la survie du jeune homme ils décident de collaborer. Le jour où Tonio doit leur remettre la valise qui compromet Ragusa et le ministre les hommes du Boss le tuent, un ultime meurtre inutile puisque la fameuse valise finira aux mains de la police, mettant un terme aux trafics criminels du mafioso.
Plus qu'un simple polizesco La legge violenta della squadra anticrimine connu en France sous le titre moins explicatif mais plus commercial Spécial 44 magnum a surtout pour particularité de mettre l'accent sur le pouvoir absolu des médias, plus précisément l'influence de la presse. Le sujet est alors dans l'air du temps en Italie. Bon nombre de cinéastes s'y sont attachés dont Francesco Rosi pour un cinéma de haut niveau avec l'excellent Cadavres exquis dont Massi tente de reprendre quelque peu l'atmosphère. Le cinéma de genre multiplia lui aussi les exemples dont Spécial 44 magnum fait partie. S'il n'est certes pas le
meilleur il n'est pas non plus le plus mauvais, bien au contraire. Le film est en fait un mélange de polizesco dont il reprend les éléments traditionnels (le braquage, la course-poursuite, l'enquête, le personnage du commissaire dur à cuir...) et de film noir auquel il emprunte quelques ingrédients dont ce vieux Boss mafieux aveugle en affaires avec un ministre corrompu prêt à tout pour récupérer la valise qui le compromet le tout sur fond de mélodrame et dénonciation sociale. Si l'orientation est parfois incertaine, La legge violenta della squadra anticrimine qu'on peut voir comme un mix entre Squadra volante et Un flic explosif n'en demeure pas moins un film efficace grâce au savoir-faire de son auteur.
Au crédit de cette petite pellicule ses scènes d'action menées tambour battant par un Massi
toujours aussi professionnel. Pour preuve la scène du braquage, la course poursuite en voitures qui s'ensuit et la mort aussi cruelle que spectaculaire de la malheureuse otage. Toujours à son actif son sentimentalisme de bon aloi qui sans jamais tomber dans la mièvrerie apporte à l'ensemble une touche d'humanité bienvenue à travers le personnage de Tonio, petit voyou aussi victime que coupable. Une des autres grandes forces du film est la présence de ce Boss aveugle dont chacune des apparitions, inquiétantes, est un régal, un parrain handicapé aux méthodes désuètes mais toujours aussi féroce qui donne au film une indiscutable aura. On notera la tentative du réalisateur d'apporter à l'histoire une certaine
profondeur psychologique. Plus à l'aise dans la dynamique des scènes d'action Massi échoue à demi mais l'effort est louable et donne une once d'intérêt supplémentaire au tout. Il en va de même pour sa dénonciation du pouvoir de la presse, la vision qu'il en donne. L'affrontement entre ces deux mondes, celui de la police, de la justice, et des médias, représentés par Jacovella et Maselli, est intéressant, plutôt solide mais il reste néanmoins un peu trop dans la superficialité. Il n'évite ni les lieux communs ni les stéréotypes et au final il ne prend guère de risques. Tout est convenu d'avance. Dépourvu de suspens, c'est sans surprise qu'on arrivera au final tragique mais prévisible. C'est peut être là la faiblesse de ce
Spécial 44 magnum qui accumule les invraisemblances scénaristiques que les moins indulgents trouveront fort ridicules. Comment en effet imaginer qu'un ministre corrompu écrive à un Boss mafieux une lettre riche en déclarations compromettantes signée de sa main de surcroit sur du papier ministériel. Comment imaginer que cette lettre se promène dans une simple valise, sans aucune précaution spéciale, tant et si bien qu'elle finit par être involontairement volée par un petit délinquant? Difficile de croire aussi à ce redoutable Boss qui vit seul avec son frère et son homme de confiance, sans garde, sans homme de main, un Parrain qui répond au téléphone comme un simple quidam à qui l'appelle. Trop simple, trop simpliste pour être crédible.
Nonobstant ses défauts La legge violenta della squadra anticrimine se laisse regarder sans déplaisir. Grâce au savoir-faire artisanale de Massi, on oublie assez facilement ses incohérences, cette simplicité, pour se laisser prendre au jeu. Massi signe un petit polizesco mafieux agréable, jamais ennuyant, humain, qui remplit pleinement son objectif: divertir. Aux cotés de John Saxon, égal à lui même, parfait émule de Maurizio Merli en moins mollasson, qui trouvait là son seul rôle de flic expéditif on saluera la prestation de Lee J. Cobb, impeccable, sinistre, dans la peau de Don Ragusa. Cobb mourra quelques mois plus tard. Renzo Palmer est parfait dans son rôle de journaliste en quête de scoop prêt à tout pour
"casser du flic", à la fois humain et déterminé dans ses convictions. Quant à Lino Capolicchio qui endosse le blouson du pauvre Tonio il apporte toute sa sensibilité au film, excellent dans ce double rôle tragique de coupable/victime. La fragile Rosanna Fratello plus connue pour ses talents de chanteuse interprète avec douceur la fiancée de Capolicchio. L'ex-star des années 50 Antonella Lualdi cachetonne une fois de plus en jouant l'épouse inutile de Jacovella, soit cinq minutes de présence en tout et pour tout. On soulignera l'excellente partition musicale signée Pino Pintucci notamment la superbe chanson-thème interprétée par la voix vibrante de Nives et quelques très beaux paysages qui fleurent bon l'Italie notamment le château de Castel del monte, la place du Dôme à Trani et les plages de Bari où viennent s'écraser les vagues.