Omicidio per appuntamento
Autres titres: Date for a murder / Agent 3S3 setzt alles auf eine Karte
Real: Mino Guerrini
Année: 1967
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Thriller / Polar
Durée: 88mn
Acteurs: George Ardisson, Halina Zalewska, Günther Stoll, Hans von Borsody, Mario Brega, Cesare Miceli Picardi, Luciano Rossi, Bettina Bousch, Bodo Larsen, Pietro Martellanza, Fanfulla, Bill Vanders, Mino Guerrini, Ringo...
Résumé: Irvin Dreyser, un détective privé américain en place à Rome, profite de son séjour dans la ville éternelle pour rencontrer son vieil ami Walter qui doit prochainement se marier avec Lidia. Quelques jours après leur rencontre Walter disparait mystérieusement. Lidia semble elle aussi s'être volatilisée. Dreyser commence à enquêter. Alors qu'il est sur une piste, il est enlevé et laissé pour mort. Plus décidé que jamais à découvrir ce qui est arrivé à Walter et sa fiancée Dreyser poursuit ses investigations. Toutes les personnes avec qui il a rendez-vous sont assassinées. Après moult péripéties, Dreyser qui doit également veiller sur la fille d'un client milliardaire, l'excentrique Fidelia, trouve enfin le meurtrier caché au fond d'un hôpital. Leur confrontation va être mouvementée et réserve une belle surprise à Dreyser...
Débutée en 1964, la carrière de Mino Guerrini, petit artisan du cinéma de genre transalpin, peut aisément se scinder en deux parties, une première qui va jusqu'au milieu des années 70 essentiellement composée de petits films d'espionnage, de polars, de quelques comédies grinçantes et de deux décamérotiques, la seconde beaucoup plus axée cette fois sur la sexy comédie. Il va sans dire que la première est de loin la plus intéressante de son parcours. C'est à celle ci qu'appartient Omicidio per appuntamento trop souvent classé dans la catégorie des gialli dont il ne possède quasiment ni ce n'est aucun des éléments de base
du genre. Omicidio per appuntamento est plus un polar teinté de spy-movie qui lentement glisse vers le film noir.
Un petit détective privé américain, Irvin Dreyser, profite de sa récente arrivée à Rome pour rendre visite à un de ses meilleurs amis, Walter Dempsey, chimiste de profession, qui doit prochainement épouser sa fiancée Lidia. A peine se sont ils vus que Walter disparait de façon bien énigmatique. Lidia elle aussi reste introuvable. Dreyser commence à enquêter sur leur étrange disparition lorsqu'il est enlevé, assommé puis laissé pour mort dans une voiture en feu. Dreyser parvient par miracle à s'échapper. Il est que plus jamais décidé à retrouver
son ami et découvrir qui lui en veut. Parallèlement à son enquête il doit également veiller sur Fidelia, la fille excentrique d'un de ses riches clients. Ses investigations l'entrainent dans les bas fonds de la mafia romaine tandis que les morts se multiplient autour de lui. Tous les personnes à qui ils donnent rendez-vous ou qu'ils rencontrent sont systématiquement tuées par un mystérieux meurtrier. C'est au fin fond d'un hôpital que Dreyser va non seulement trouver la clé de l'énigme mais également l'identité du tueur qui lui réserve une étonnante surprise après l'avoir entrainé aux abattoirs.
Coproduction italo-germanique, Omicidio per appuntamento est une bien agréable surprise
pour qui aime les films policier alertes mis en scène comme une bande dessinée. Si cette joyeuse petite bande débute comme un petit film d'espionnage classique, il se transforme vite en polar pour définitivement s'orienter vers le pur film noir dont il possède la plupart des caractéristiques. Toute l'intrigue tourne autour des investigations de son principal personnage, un courageux petit détective américain en place à Rome, qui enquête sur la disparition de son ami et de sa future épouse. Il se retrouve non seulement au coeur d'une énigme qui le conduit dans les milieux sombres de la mafia romaine mais il devient également la cible d'un tueur qui décime quiconque pourrait le mettre sur une piste. Guerrini
crée tout un univers où se croisent donc gangsters, tueurs, espions, détective privé et même l'indispensable Dark lady dont le héros tombe inévitablement amoureux dans une Rome à la fois chaude et lumineuse. Le ton du film est résolument ludique, enlevé. Guerrini a su recréer avec un talent certain l'esprit des fumetti dont Omicidio per appuntamento se réclame. L'humour omniprésent désamorce la gravité de la plupart des situations parfois fort désagréables dans lesquelles se retrouve Dreyser et c'est de bon coeur qu'on se surprend à rire ou sourire. Poursuites dont une sur les toits, bagarres, enlèvements, pièges et meurtres se succèdent ainsi dans une ambiance bon enfant, sans aucun temps mort, laissant place
par instant à quelques savoureuses trouvailles comme l'enfant cascadeur, la pastèque qui explose au moment où un voyou s'écrase au sol, le jeu des regards qui s'évitent ou, effet garanti, le vieillard inquiétant qui se sert de sa chaise roulante transformée en motocyclette comme redoutable engin de mort. Omicidio per appuntamento se conclura de façon haletante sur une course effrénée dans un abattoir entre Dreyser et l'assassin. Si la découverte de l'identité du tueur n'est pas vraiment une surprise, l'amateur aura deviné le coup fourré, ni ses motivations, un gros paquet d'argent, Guerrini nous tient longuement en haleine lors des ultimes images qui voient le pauvre Dreyser coincé dans un hachoir à
viande, prêt à être transformé en steack haché.
Assisté pour le scénario de Fernando Di Leo dont on reconnait immanquablement la patte Mino Guerrini signe un petit noir mâtiné de polar efficacement mis en scène, un film quasiment d'avant-garde aux dialogues concis, au montage incisif et particulièrement ingénieux qui en outre bénéficie d'une interprétation de grande qualité, convaincante, George Ardisson en tête dans le costume de Dreyser qui trouve là un de ses meilleurs rôles. A ses cotés, parfaite dans la peau de la Dark lady, la polonaise Halina Zalewska, repérée en Italie dans bon nombre de films d'épouvante et d'espionnage tout au long des années 60, est une
superbe et excentrique Fidelia qu'on admirera ornée de ses extravagantes perruques psychédéliques. On reconnaitra également un tout jeune Luciano Rossi, Mario Brega et Fanfulla. Coproduction oblige c'est le solide Hans Von Borsody qui donne ses traits à Walter tandis que Gunther Stoll, au meilleur de sa forme, endosse l'imperméable du commissaire Giunta. On aprecevra également Mino Guerrini lui même dans le court rôle d'un informateur.
Quelque peu oublié aujourd'hui Omicidio per appuntamento rythmé par une partition musicale délicieusement kitsch signée Ivan Vandor, est un excellent divertissement, un noir
de qualité sous forme de fumetti qui annonce en quelque sorte le film suivant du cinéaste, Gangsters 70, encore plus réussi mais surtout bien plus sombre. Réalisateur méconnu, Mino Guerrini mériterait d'être réhabilité ne serait ce que pour la première partie de sa carrière, franchement intéressante. Il est simplement dommage qu'il se soit par la suite laissé aller à la comédie populaire facile et sans grand intérêt.
Pour information, le nom du protagoniste principal, Irvin Dreyser, devient dans la version anglaise Vince alors que celui de son ami Dwight est changé au profit de Walter.
Pour les éternels chercheurs de visages aussi anonymes soient ils le jeune homme aux cheveux longs roux qui est aux cotés de Fidelia répond au doux nom de Ringo. Non crédité au générique il semblerait que ce fut sa seule et très brève apparition au grand écran.