La notte che Evelyn usci dalla tomba
Autres titres: L'appel de la chair / La crypte du fou / Holocauste pour une vierge / The night Evelyn came out of the grave
Real: Emilio Miraglia
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 103mn
Acteurs: Anthony Steffen, Erika Blanc, Marina Malfatti, Giacomo Rossi Stuart, Umberto Raho, Enzo Tarascio, Roberto Maldera, Joan C. Davis, Ettore Bevilacqua, Maria Teresa Toffano, Paola Natale...
Résumé: Lord Alan Cunningham a passé de longs mois en hôpital psychiatrique suite au décès de son épouse, la rousse Evelyn. Aujourd'hui quasiment guéri, il revient au château familial où il invite des prostituées rousses pour les torturer et les tuer dans la salle de tortures médiévale. Le médecin de famille lui conseille de continuer son traitement afin d'éviter de nouvelles crises dans lesquelles il voit le spectre d'Evelyn. Il refuse et finit par épouser Gladys, une jolie blonde qui lui fait oublier Evelyn. Tout irait bien si très vite de nouvelles visions ne l'assaillaient pas à nouveau tandis qu'une étrange silhouette gantée assassine l'entourage de Cunnigham...
Après avoir débuté sa carrière de réalisateur à la fin des années 60 avec deux petits polars plutôt sympathiques, La peur aux tripes et Ce salaud d'inspecteur sterling, Emilio Miraglia y mit fin très vite après les deux gialli pour lesquels on se souvient encore de lui aujourd'hui, L'appel de la chair et La dame rouge tua sept fois, qui avaient pour point commun l'aspect fantastique qu'ilsintégraient dans une intrigue giallique somme toute classique. L'appel de la chair également connu sous le titre La crypte du fou, moins connu et surtout moins réussi que La dame rouge tua sept fois, tente le mariage entre le film d"épouvante gothique italien
très en vogue dans les années 60 et le traditionnel giallo à la Lenzi alors en plein essor en ce tout début de nouvelle décennie. Si cette union sera régulièrement utilisée par la suite avec plus ou moins de bonheur, cet essai n'est malheureusement pas une grande réussite tant l'édifice semble prendre l'eau de toutes parts au fur et à mesure que l'intrigue avance peu aidée par l'absurdité de certaines scènes.
Après un long séjour en hôpital psychiatrique dans lequel il était soigné depuis la mort de son épouse Evelyn, Lord Cunningham est enfin relâché et peut reprendre une vie normale au manoir familial. Dés sa sortie il y invite une prostituée rousse et semble retomber dans la
folie. Hanté par le souvenir d'Evelyn, il l'enferme dans la salle de torture médiévale et la tue. Malgré les conseils de son ami, le docteur Timberlane, Cunningham ne désire plus suivre son traitement et continue à inviter des femmes rousses qui lui rappellent sa défunte femme et les tue, secrètement observé par le frère d'Evelyn qui le fait chanter pour acheter son silence. Cunningham finit par tomber amoureux de la blonde, Gladys qu'il épouse très vite. Tout aurait été pour le mieux si une nuit il n'apercevait pas le fantôme d'Evelyn dans le parc du château, un spectre que Gladys va elle aussi apercevoir quelque temps plus tard. Dés lors, d'étranges évènements vont avoir lieu tandis qu'une mystérieuse silhouette gantée de
noir tue l'entourage de Cunningham. L'aristocrate sombre de nouveau petit à petit dans la folie. Une nuit, après avoir aperçu une fois de plus le spectre de sa femme, il le suit sous la pluie battante et s'effondre terrorisé. Au petit matin, il est amené à l'hôpital où il n'a plus aucune chance de guérir. Les membres de son entourage encore vivants vont alors révéler chacun leur tour leur véritable visage. Si le coupable de ce machiavélique complot dont le but est l'argent n'est pas une grande surprise, il va lui même être pris à son propre jeu par plus malin, un second coupable qui va à son tour être victime de ses manigances.
Miraglia avec ses deux thrillers s'est évertué à entretenir un certain suspens en mélangeant de manière peu homogène intrigue policière, complot machiavélique, épouvante et surnaturel, le baigné d'une bonne dose d'érotisme souvent pervers. Si cela fonctionne plutôt bien pour La dame rouge, la sauce ne prend pas vraiment ici faute à un scénario confus, décousu, qui s'éparpille un peu trop tout en s'étirant en longueur. En résulte un film inégal, tout en dents de scie qui alterne d'intéressantes séquences et de longs passages bavards et plus ennuyeux. Miraglia, peut être en mal d'inspiration, donne l'impression de ne pas trop savoir quelle orientation prendre. L'intrigue s'essouffle donc assez vite et le cinéaste doit
sans cesse la relancer lui faisant perdre du peu de crédibilité dont elle pouvait jouir. Il use et abuse des grosses ficelles du genre, si grosses que tout amateur du genre ne se laissera guère berner et aura vite compris les tenants et aboutissants de cette histoire de revenant vindicatif. Et ce n'est pas un final à triple niveau qui se veut surprenant qui relèvera le niveau tant il est tiré par les cheveux. Si la première révélation n'est pas très étonnante voire pas du tout, la seconde qu'on devinait également est assez absurde. Quant à la troisième, elle précipite le tout dans un certain grotesque à force de vouloir toujours plus rebondir. Trop c'est trop! Cette multi conclusion fera plus rire qu'elle ne déconcertera.
C'est donc un brin détaché qu'on suivra cet Appel de la chair qui pourtant débutait de manière fort plaisante, laissant augurer du meilleur. La séquence d'ouverture au ton très macabre dominée par un érotisme déviant teinté de perversion et de sadomasochisme aussi délicat que délicieux, le lieu de l'action, un sinistre château et sa salle de torture médiévale, la folie de Lord Cunnigham pris en proie à ses démons entrain de supplicier sa victime laissait entrevoir une oeuvre érotico-gothique de grand cru d'autant plus que la mise en scène, alerte, la rendait particulièrement efficace. On aurait donc bien aimé retrouver une telle atmosphère tout au long du métrage mais il faudra se contenter d'effets répétitifs et de la
nudité des actrices qui se déshabillent volontiers dans des décors la plupart du temps lugubres joliment mis en valeur par de très beaux éclairages et une superbe photographie. En ce sens, les scènes de nuit dans le parc et celles se déroulant notamment dans la crypte sont tout bonnement magnifiques, créant ainsi un doux climat onirique baigné d'un zeste de perversité bon enfant. Ce sont là les meilleurs atouts d'un film qui jongle sans cesse entre fantastique et machination diabolique sans jamais parvenir à donner un tant soit peu de crédibilité à l'aspect surnaturel, grossier, qu'une interprétation trop classique et peu ardente ne vient gère renforcer. Dans le rôle principal Antonio De Teffé est plus mono expressif que
jamais. Statique, son jeu se limite au même rictus et à quelques contorsions névrotiques durant tout le film. Bien difficile de s'attacher ainsi à son personnage torturé, rongé par ses démons et le souvenir obsédant de son épouse. Giacomo Rossi-Stuart, catatonique, joue les bons docteurs en effectuant le minimum syndical. Umberto Raho n'est présent que pour grossir le nombre de suspects. Malheureusement pour ses admirateurs la toujours vénéneuse Erika Blanc ne fait que traverser l'intrigue le temps d'une séance de strip-tease qui se terminera dans la fameuse salle de tortures. L'énigmatique Joan C. Davis clouée dans un fauteuil roulant ne sert à rien du tout, son personnage de tante morbide n'ayant
aucune utilité dans l'histoire si ce n'est de d'apporter une ombre de plus de mystère. Quant à Marina Malfatti, fort mal utilisée, son rôle s'effondre très vite pour virer au grotesque lors des révélations finales. Seuls l'excellent Enzo Tarascio (l'inoubliable savant fou de Il prato macchiato di rosso), parfait en bourgeois débauché et perfide, et l'inquiétant Roberto Maldera se distinguent de la fadeur de la distribution et apportent à leur personnage respectif un peu d'intérêt
Accompagné d'une agréable partition musicale signée Bruno Nicolai, La notte che Evelyn usci dalla tomba s'il ne fonctionne que rarement n'en demeure pas moins un petit thriller divertissant qui mêle les genres tout en se voulant un héritage
direct de l'épouvante gothique à l'italienne. Sa douce atmosphère de perversion arrosée d'un soupçon de sadomasochisme toujours si plaisant, ses quelques meurtres assez sanglants dont celui de la pauvre tante paralytique dévorée par des renards affamés, ses décors sinistres fort bien utilisés et la nudité de ses actrices font oublier le naufrage d'un scénario invraisemblable qui accumule les longueurs. Si on lui préférera grandement La dame rouge tua sept fois, L'appel de la chair qui pourrait en constituer une sorte de brouillon est un petit giallo dispensable plus visuel en fait que narratif à réserver en priorité aux amateurs d'oeuvres gothiques.