Donne e magia con satanasso in compagnia
Autres titres:
Real: Roberto Bianchi Montero
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Décamérotique / Comédie
Durée: 90mn
Acteurs: Dada Gallotti, Bruna Beani, Enzo Biasciucci, Walter Pinelli, Marlene Mayer, Carlo Dori, Antonella Dogan, Antonio La Raina, Nino Di Napoli, Susi Stella, Alberto Amato, Anna Fumo, Salvatore Emilio, Lorenzo Piani, Iole Somez, Alessandro Perrella, Giulio Adinolfi...
Résumé: Faux mages, guérisseurs et charlatans ont de tout âge sévit en ce bas monde usant de la crédulité des bonnes gens. Voilà sept histoires qui tentent à le prouver, toutes ayant pour point commun la sexualité. Du moyen-âge à nos jours, chacun a y trouvé son bonheur, épouses et maris qui ont su tirer profit des philtres magiques pour cocufier son partenaire et les mages sont parfois les premiers à y trouver leur compte!
Parmi les quelques vingtaines de décamérotiques qui furent tournées entre 1972 et 1974 il y eut parfois tromperies sur la marchandise, certains réalisateurs ayant voulu profiter du succès de ce sous genre de la comédie érotiques lancée par Le décaméron de Pier Paolo Pasolini. C'est ainsi que Renato Polselli par exemple retitra malicieusement La reincarnazione en Riti magie nere e segrete orge nel Trecento afin de le distribuer deux ans après sa réalisation. Affublé d'un tel titre, cette petite bande horrifico-satanique particulièrement mauvaise pouvait aisément passer pour une décamérotique. Le vétéran
Roberto Bianchi Montero fut quant à lui moins fourbe en construisant un film à épisodes suivant un fil conducteur précis, les rites magiques de faux mages et autres charlatans, tout en y insérant un sketch qui se déroule au moyen-âge.
Donne e magia con satanasso in compagnia se présente donc sous la forme de sept segments contemporains hormis le premier qui nous projette donc au Moyen-âge afin de suivre les aventures de Buffalmacco, un coquin qui rêve de faire l'amour à la femme d'un vieux marchand nommé Cecco. En compagnie de complices il fait croire au vieil homme qu'il peut faire pleuvoir des pièces d'or grâce à un procédé magique durant lequel son épouse
doit danser nue autour d'un tonneau. Cecco accepte donc ignorant que Buffalmacco s'est caché à l'intérieur. Grâce à un orifice dans lequel il peut passer son sexe, il fait ainsi l'amour à sa femme consentante. Malheureusement Cecco finit par s'apercevoir du stratagème, s'empare d'une hache et, furieux, tranche le sexe du coquin. Voilà une saynète dans la pure tradition de la décamérotique, drôle, amusante et cruelle juste avant que le scénario nous transpose à notre époque cette fois pour six autres contes salaces qui ont pour thème l'abus de confiance et la crédulité sexuelle de pauvres femmes qui va profiter à nos divers charlatans.
Le second segment nous entraine dans le cabinet d'un mage qui va faire croire à malheureuse femme qui vient de perdre son fiancé que grâce à un transfert surnaturel il est la réincarnation du défunt. Elle se met donc au lit et ferme les yeux pendant que le mage abuse d'elle avec trois complices qui profiteront ainsi à leur tour de son corps.
La troisième histoire est celle d'un rite démoniaque, d'une messe noire, au cours de laquelle Satan est invoqué. Après tout un rituel de mascarade, le gourou fera sortir ses adeptes et possédera une jolie vierge endormie toute heureuse d'imaginer qu'elle se donne à Satan!
Le quatrième sketch tourne autour d'un habile stratagème mis en place par une épouse
maligne. Celle ci fait croire à son mari que s'il a obtenu un avancement c'est grâce à l'utilisation d'un philtre magique alors qu'en fat elle a couché avec son patron qu'elle a finalement pris pour amant. Envoyés par l'heureux patron, une pluie de cadeaux parviennent chaque jour au domicile du couple. Afin de justifier tous ces présents, la femme se dit être chanceuse au loto sportif. Le mari éconduit découvre finalement le pot aux roses et accepte la situation. Le final est tout à fait réjouissant et O combien sarcastique. Alors que l'épouse est assise près de la cheminée, jambes ouvertes, son mari lui dit d'être prudente. Il ne faudrait pas que son précieux bulletin de jeu prenne feu!
Le cinquième conte est celui d'un étrange prêtre enchanteur et voyeur qui après avoir uni deux jeunes tourtereaux lors d'un mariage païen les regarde avec envie entrain de faire l'amour dans le cercle magique qu'il a spécialement tracé au coeur de la forêt tandis qu'il demande aux témoins, quelques jeunes paysans, de se retourner afin d'être le seul à profiter du ravissant spectacle de cette union charnelle.
C'est ensuite au tour de d'un couple de jeunes paysans d'aller voir un vieux sorcier roublard afin qu'ils guérisse leur impuissance respective. Bien entendu cela n'est qu'un prétexte pour pouvoir coucher avec leurs amants respectifs avec qui ils n'ont aucun problème de libido.
L'ultime conte est celui d'un homosexuel très efféminé qui souhaiterait pouvoir aimer les femmes. Il va donc consulter une mage qui va abuser de sa confiance et lui soutirer de jolis chèques. Ce qu'elle ignore c'est que l'homme n'est pas homosexuel. Il a parié avec un ami qu'il coucherait avec la voyante qui se laisse donc embobiner. L'homme gagne son pari, récupère son argent et s'éprend de la jeune femme.
Transposer une décamérotique à notre époque est en soi une idée plutôt originale. Reconnaissons cela à Roberto Montero Bianchi qui suit à la lettre les codes du genre en enchainant ces sept fables érotiques que n'aurait pas renié Boccacce puisqu'elles
respectent la ligne de conduite des écrits du célèbre écrivain. Pourtant si la magie est bel et bien au coeur de chacun des sketches, elle fait quelque peu défaut au film lui même qui au bout du compte ressemble beaucoup plus à une quelconque sexy comédie qu'à une véritable décamérotique. Faute en incombe au manque d'originalité des histoires elles mêmes, inégales, qui se suivent et se ressemblent. Aucune véritable surprise dans ces coucheries où tous les moyens sont bons pour mettre une femme dans son lit en utilisant la crédulité de l'épouse ou de son mari. Les stratagèmes ne sont guère flamboyants, la plupart prévisibles, à l'instar des chutes à l'exception du premier, cynique et cruel, digne héritier de
l'esprit de Boccacce, bien ironiquement le seul qui se déroule à l'époque médiévale. On retiendra également l'intrigue du dernier conte, le plus inattendu, et la morale particulièrement incisive du quatrième segment. Pour le reste, Donne e magia con satanasso in compagnia, tout divertissant soit il, distille un léger parfum d'ennui dû à son coté un rien répétitif.
L'érotisme bel et bien présent reste cependant assez sage dans cet univers de boules de cristal et de philtres ensorcelants qui nous apporte tout de même son lot de poitrines dénudées et de rapides plans de nu tant frontaux que dorsaux y compris masculins. C'est
avec plaisir qu'on retrouvera au générique Dada Gallotti, version rousse, dans la peau d'une sorcière moderne prise au piège par un faux homosexuel. A ses cotés, toute une brochette de starlettes aussi éphémères qu'anodines dont Bruna Beani (Byleth, La possédée, Decameron proibitissimo), Marlene Mayer (la touriste hippie anglaise de Madness - gli occhi della luna) et Antonella Dogan (Provincia violenta, La banda Vallanzasca). On reconnaitra dans la défroque d'un prêtre pervers un Luciano Rossi ahuri.
Accompagné d'une frétillante partition musicale signée Carlo Savina, Donne e magia con satanasso in compagnia est tout simplement une petite curiosité à voir essentiellement pour son transfert narratif inédit qui s'il ne comblera pas de joie les invétérés de la décamérotique pure et dure devrait satisfaire les amateurs de sexy comédies gentillettes. Voilà un petit divertissement égrillard aujourd'hui oublié qui mérite qu'on s'y attarde le temps d'une soirée.