La guerra degli Anto
Autres titres:
Real: Riccardo Milani
Année: 1999
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 92mn
Acteurs: Flavio Pistilli, Federico Di Flauro, Paolo Setta, Danilo Mastracci, Regina Orioli, Giancarlo Balmas, Donatella Raffai, Cinzia Obino, Emilia Dobino, Giuseppe Gasbarri, Grazione Barbone, Gaia Mobilij, Ermanno Grassi, Annino Del Principe, Felicita Cosimati...
Résumé: Octobre 1990. Montesilvano, petite ville paisible des Abruses. Quatre jeunes garçons punks tous prénommés Antonio se désespèrent dans cette bourgade où rien ne se passe. Leurs rêves s'évanouissent peu à peu. Anto Lu Purk décide de quitter Montesilvano pour Bologne afin d'y faire des études de musique. Il y découvre la culture alternative et tombe amoureux d'une étudiante quoi très le quitte. Déçu par le milieu branché bolognais, blessé par sa rupture amoureuse, il désire partir pour Amsterdam, capitale du mouvement punk. Un accident l'en empêche. C'est alors que son ami Anto Le Zorru reçoit une lettre qui l'informe qu'il doit partir faire son service militaire et combattre en Irak où la guerre du Golfe fait rage. Il s'enfuit et retrouve Lu Purk. Tout deux partent alors pour les Pays-Bas et disparaissent de longs mois au grand dam de leur famille qui lance un avis de recherche désespéré...
Très librement adapté du roman de Silvia Ballestra, Il disastro degli Anto, La guerra degli Anto fait partie intégrante de ce nouveau cinéma italien né entre la fin des années 80 et le début des années 90 qui progressivement remplaça les comédies adolescentes douce-amères des années 70. La fraicheur, l'insouciance, une certaine joie de vivre, ont désormais fait place à un ton beaucoup plus pessimiste, désespérées, les comédies d'hier se sont transformées en tragédies.
La guerra degli Anto est l'histoire de quatre jeunes garçons d'une vingtaine d'années, quatre
punks, quatre amis, qui ont entre autre point commun leur prénom: Antonio, qu'ils ont abrégé en Anto. Afin de se distinguer ils se sont donnés un surnom. Il y a ainsi Anto Lu Zorru journaliste freelance pour un quotidien local, Anto Lu Zombi est facteur, Anto Il Malatu est infirmier et enfin Anto Lu Park, désillusionné, aimerait poursuivre ses études. Nous sommes en octobre 1990 à Montesilvano, une petite bourgade côtière de Pescara. Las de cette vie provinciale triste et sans avenir, de cette ville où rien ne se passe jamais mais dirigée de main ferme par un puissant spéculateur nommé Treves auquel les habitants semblent tous dévoués, les quatre amis tentent de s'évader de cette morosité, plus particulièrement Anto Lu
Park. Lorsqu'une de ses amies, Sballestrera, part pour la DAMS, l'école d'arts de Bologne, il décide de la suivre et de s'y inscrire. Anto découvre alors la culture alternative de Bologne mais peu studieux, amèrement déçu par Bologne et cette sous culture qui ne correspond pas à ce qu'il espérait, brisé par une déception amoureuse, Anto se prépare à quitter la ville pour Amsterdam, capitale du mouvement punk d'alors, un lieu idéalisé où il entend bien vivre enfin ses rêves. Afin de financer son voyage il travaille sur un chantier mais un accident le conduit à l'hôpital et l'empêche de s'envoler pour Amsterdam. Hanté par la certitude que sa défunte tante fut la seule personne a l'avoir un jour aimé, Anto se détruit lentement. Terrifié à
l'idée de devoir retourner vivre à Montesilvano auprès de sa famille, Lu Park décide de quitter l'Italie avec l'aide de ses trois amis qu'il a entre temps retrouvé. Un évènement inattendu se produit alors. Lu Zorru doit partir faire son service militaire en Irak et combattre pour la guerre du Golfe. Ce qu'il ignore c'est qu'il s'agit tout simplement d'une mauvaise farce orchestrée par u Malatu et Lu Zombi. Les deux amis fuient pour les Pays-Bas et disparaissent plusieurs mois au grand désespoir de leur famille qui lance un avis de recherche à la télévision italienne auquel participent également les autres Anto. Ceux ci vont hurler en direct leur mépris pour cette société, l'émission se transformant en un véritable cri de guerre
désespéré contre le système. La police hollandaise retrouve Lu Zorru et Lu Park puis les ramènent à Montesilvano où les quatre Anto vont reprendre contraints et forcés leur vie morne et sans avenir au rythme des fêtes locales populaires.
Devenu une véritable oeuvre culte pour toute une génération de jeunes italiens même s'il divisa l'opinion à sa sortie, le film de Milani se veut une sorte de semi documentaire sur la jeunesse des années 90, son mal de vivre et sa révolte contre une société où il ne lui reste quasiment aucun espoir de réaliser ses rêves. Il pointe du doigt et dénonce un système régi par le pouvoir et de façon plus générale le mode de vie des sociétés occidentales que rejette
tout un pan de la jeunesse regroupée dans des microcosmes d'où naissent les courants de pensée alternatifs. Milani tente de mettre en avant les rêves et ambitions de quatre amis désorientés, les quatre punks protagonistes, coincés dans une petite bourgade provinciale, fermée d'esprit et très limitée, endormie, qui vit au rythme des décisions d'un puissant spéculateur. Il y a d'une part cette vie provinciale routinière qui anéantit les attentes de ces jeunes, d'autre part cette génération qui aimerait vivre et bouger, un antagonisme qui conduira non seulement à une grave crise d'existentialisme mais provoquera surtout une véritable déflagration au coeur de la petite ville.
Le cinéaste a choisi ici la simplicité. Pas d'effusion de violence pour un sujet qui pourtant s'y prêtait, pas d'effet de genre ou de voyeurisme ni même de dramatisation, La guerra degli Anto est un drame social tout en nuances qui permet au spectateur de pénétrer le quotidien de ces quatre héros et plus particulièrement Anto Lu Purk, personnage central de l'histoire autour duquel tourne tout le scénario sur fond de guerre du Golfe, un garçon déçu par le milieu marginal, brisé dans ses espoirs mais aussi par une vie faite de déceptions amoureuses et de coups du sort. Lu Purk occupe ainsi la majeure partie du film. Autant dire que La guerra degli Anto repose essentiellement sur sa prestation, tout en justesse, parfait
dans ce rôle. Difficile de ne pas s'attacher à ce garçon fragile, éminemment sympathique, de ne pas succomber à sa beauté juvénile comme on s'attachera tout autant à ses acolytes, acteurs non professionnels tout à fait convaincants qui apportent au film un coté véridique.
Autre atout du film, le fait d'avoir su recréer l'atmosphère typique de ses années. Milani parvient avec un certaine nostalgie à faire revivre à son public cette époque, de lui faire retrouver non seulement la punkitude italienne mais également les milieux marginaux et branchés de Bologne avant de le plonger dans une Amsterdam toujours aussi plaisante, certes stéréotypée, même si cette escapade hollandaise n'est pas toujours très crédible. Il
donne également l'occasion de revivre les premiers pas de la télé-réalité avec l'édition de "Chi l'ha visto", la version italienne de "Perdu de vue", avec à sa tête la présentatrice star de la RAI3 Donatella Raffai dans son propre rôle.
Accentuée par les paysages hivernaux de Montesilvano et d'une Bologne froide et grise tout le film baigne dans une agréable ambiance de tristesse générale, de mélancolie qui fait par instant songer à Radiofreccia qui lui aussi appartient à ce filon juvénile moderne.
Rythmé par une jolie partition rock d'époque, La guerra degli Anto n'est pas un film parfait, il a ses limites tant dans son interprétation que dans sa manière de dénoncer, mais il
demeure une oeuvre divertissante, par moment touchante, empreinte de sensibilité, qui à l'instar des comédies adolescentes transalpines d'hier traite de façon souvent légère des thèmes souvent graves. Les bases sont là seul le contexte a changé.
Premier véritable rôle d'un tout jeune et si séduisant Flavio Pistilli, alors âgé de 20 ans, le comédien excelle dans la peau de Anto Lu Purk et nous dévoile même également son corps lors de fulgurants nus dorsaux. S'il deviendra par la suite l'acteur fétiche de Milani, Flavio récidivera trois ans plus tard dans ce type de personnage avec le fulgurant Paz! de Renato De Maria.
A ses cotés trois acteurs amateurs tout aussi ravissants dont le naturel charmera, Federico Di Flauro (Il Malatu), Danilo Mastracci (Lu Zombi) qui malheureusement disparaitront une fois le tournage terminé et Paolo Setta (Lu Zorru) qui de son coté s'orientera par la suite définitivement vers la télévision.