La casa 5
Autres titres: Au delà des ténèbres / Beyond darkness
Real: Claudio Fragasso
Année: 1990
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 93mn
Acteurs: David Brandon, Barbara Bingham, Gene Lebrock, Michael Stephenson, Theresa Walker, Stephen Brown, Mary Coulson...
Résumé: La famille d'un pasteur s'installe dans une maison qui fut bâtie jadis à l'endroit même où un groupe de sorcière furent condamnées au bucher. Parallèlement une dangereuse psychopathe, meurtrière d'enfants, passe à la chaise électrique après avoir rejeté les derniers sacrements que le Père George lui proposait. Disciple du démon Ameth, elle va très vite se réincarner dans la peau d'une des sorcières autrefois brûlée vive. A la tête des sorcières noires, elle va tenter de s'emparer des deux enfants du pasteur.
A la fin des années 80, Joe D'Amato et son bras droit Donatella Donati en quête de jeunes et nouveaux talents dans le domaine de l'horreur créèrent une petite maison de production indépendante, la Filmirage, qui lors de ses premières années d'existence rencontra en Italie un succès plutôt inattendu grâce à Bloody bird, La casa 3 / Ghosthouse et plus étonnantLa casa 4. Malheureusement les productions suivantes malgré des chiffres honorables ne parvinrent pas à réitérer le succès de La Casa 4. Après quelques faux pas (Contamination.7) D'Amato décida de poursuivre la série des Casa, un filon commercial plutôt porteur capable
de renflouer les caisses de la Filmirage. Il confia alors lé réalisation du cinquième volet à l'inséparable comparse de Bruno Mattei, Claudio Fragasso, qui en écrivit avec l'aide de son épouse Rossella Drudi le scénario.
La casa 5 connu chez nous sous le titre Au delà des ténèbres se veut une sorte d'hybride entre Amityville horror pour la maison diabolique et Shocker de Wes Craven pour cette horrible mégère tueuse d'enfant condamnée à la chaise électrique qui va revenir hanter la fameuse maison afin d'y voler les deux enfants de la famille d'un pasteur protestant qui vient de s'y installer. La demeure fut jadis construite à l'emplacement exact où un groupe de
sorcières fut brûlé vif. Il n'est donc pas surprenant qu'elles profitent de l'occasion pour revenir d'entre les morts aux cotés de l'abominable femme d'autant plus que cette maison donnerait sur une des portes de l'enfer. Le prêtre qui autrefois donna les derniers sacrements à cette femme qui vénérait le démon Ameth a non seulement depuis perdu la foi mais est devenu alcoolique. Il est cependant le seul qui peut détruire la mégère et sa horde d'incubes noires qui sont parvenues à enlever le fils du pasteur. Malgré un exorcisme, les sorcières sont toujours présentes au coeur de la maison. Le prêtre doit alors se préparer à un long et difficile combat contre les forces de l'Enfer dont seule la mort semble être l'issue.
L'histoire n'est pas très originale et sent le réchauffé. Fragasso ne fait que reprendre les éléments récurrents de ce type de films et les applique avec soin. Point de surprise donc, tout semble téléphoner, mais bien huilée la machine fonctionne plutôt bien. Au final Au delà des ténèbres se laisse regarder avec un certain plaisir. Trop souvent massacré par une critique acerbe, il faut cependant reconnaitre que le film malgré un budget restreint jouit d'une mise en scène correcte, sans réel temps mort, de quelques scènes tout à fait efficaces, de maquillages et d'effets spéciaux convaincants, l'ensemble arrosé d'une partition musicale certes recyclée signée Claudio Maria Cordio qui lui donne une agréable aura spectrale.
Pur divertissement satané, le film de Claudio Fragasso, tourné en quatre semaines en Louisiane, est un sympathique clin d'oeil aux Sorcières de Salem auquel le cinéaste semble à sa façon rendre hommage. Essentiellement réputé pour son manque de sérieux et l'indigence de ses réalisations, Fragasso prouve ici qu'il peut être un honnête artisan de séries B (Z diraient certains) en offrant à son public un film de plaisante facture agrémenté de jolies trouvailles notamment cette abominable tueuse d'enfant chauve au visage sévère, au rictus diabolique, qui après son passage sur la chaise électrique se réincarnera en une horrible sorcière parfaitement effrayante.
Autre bonne idée, cette horde de sorcières noires, spectres sombres et terrifiants qui se dessinent dans le brouillard et tentent d'enlever les enfants à leurs parents. Fragasso parvient à instaurer un semblant d'atmosphère grâce à quelques effets certes basiques mais toujours prenants notamment cette brume qui envahit la maison ou la présence de ce gigantesque cygne noir en bois, un jouet à bascule qui la nuit s'anime comme mû par une entité invisible, sa monstrueuse tête éclairée par la lumière lunaire. Si on pourra regretter un exorcisme beaucoup trop mou et peu convaincant, on pourra néanmoins se réjouir du combat final entre le prêtre et les forces du Mal déchainées qui aboutira à une conclusion malheureusement trop simple et sans surprise.
Au delà des ténèbres doit beaucoup à l'interprétation sans faille du toujours aussi solide David Brandon, acteur irlandais découvert en 1978 dans Jubilee de Derek Jarman puis lancé par Caligula la véritable histoire de Joe D'Amato en 1981. Il interprète avec force et conviction ce prêtre alcoolique visionnaire en pleine déroute et donne au film une certaine consistance aux cotés d'une distribution quasi intégralement américaine plutôt anodine même si la prestation de Gene Le Brock, ex-protagoniste du soap fleuve Santa Barbara, est des plus correcte. On mentionnera également la présence de l'inquiétante Mary Coulson, serial killeuse démoniaque et sorcière à l'inoubliable faciès.
Pour l'anecdote, LInda Blair, protagoniste de La casa 4, avait été de nouveau approchée pour interpréter le rôle principal féminin mais elle déclina cette fois la proposition évoquant des raisons économiques.
Ultime sursaut d'un cinéma de genre moribond, Au delà des ténèbres s'il clôt dignement la série italienne des Casa née du succès de Evil dead reste également un exemple plutôt bien réussi d'un cinéma d'horreur transalpin qui depuis bien des années déjà se noyait tristement dans le marasme de productions consternantes. Même s'il fut un échec retentissant en Italie, il demeure parmi ce que Fragasso caché sous un de ses pseudonymes américains Clyde Anderson a su réaliser de mieux durant sa longue carrière, une intéressante petite série B qui a sa place au soleil parmi la longue liste des films d'exorcisme et de maisons diaboliques.