Mondo Freudo
Autres titres: Le sexe et l'amour
Real: Lee Frost / Bob Cresse
Année: 1966
Origine: USA
Genre: Mondo
Durée: 75mn
Acteurs: Lee Frost, Bob Cresse, Judy Adler, Charlotte, The Duvals, Carol Baughman, Baby Bubbles, Terry Bryan, Coleen O'Brien, Margot Lynn Sweet...
Résumé: En ce milieu d'années 60, les moeurs évoluent. Le sexe joue un rôle de plus en plus important dans nos sociétés modernes dans lesquels il est de plus en plus présent et ostentatoire. Le réalisateur nous en fournit la preuve à travers un reportage réalisé aux quatre coins du monde.
Le plus souvent dissimulé sous divers pseudonymes, Lee Frost reste un des principaux investigateurs du mondo américain avec à son actif quelques dix films du genre coréalisés la plupart du temps avec son compère Bob Cresse. Mondo Freudo tourné simultanément avec Mondo bizarro fait partie de la liste de ces pseudo documentaires mis en scène par l'incontournable tandem qui cette fois nous promettent une oeuvre nauséeuse, à la fois choquante et excitante, qui illustre les théories de Sigmund Freud en dévoilant au spectateur la face cachée de la sexualité en ce milieu d'années 60 alors que nos sociétés modernes
sont en pleine révolution. Et les divers slogans publicitaires mettaient en avant le coté obscène du film afin de bien attirer un public voyeur avide de sensations fortes. Soyons clairs, aucun ne tiennent leurs promesses et tendent tous vers une publicité mensongère éhontée puisque le choc tant promis est avant tout celui de la déception, amère. Certes le principal sujet de Mondo Freudo est le sexe, la sexualité mais ainsi traité il ne risquerait guère de heurter ni un enfant encore moins une cohorte de religieux austères tant le film est inoffensif, frisant le plus souvent le ridicule absolu.
Mondo Freudo s'ouvre une séquence supposée être tournée à l'aide de caméras infra-rouge, en fait à l'aide d'un projecteur et d'un joli filtre rouge. Ce procédé doit faire du spectateur le témoin des ébats nocturnes de couples sur une plage, preuve que les moeurs s'émancipent.
En fait nous assistons à un bain de minuit habillé et quelques très sages étreintes sous une tente où on garde culotte et soutien-gorge. La séquence donne le ton du film, celui d'une totale frigidité! Vont alors tristement se suivre toute une série de reportages filmés à travers les cinq continents afin de faire la corrélation entre les théories de Freud et notre monde moderne en pleine ébullition sexuelle. Pêle-mêle on apprend donc que les jeunes américains ne pensent qu'au sexe et peuvent désormais chaque samedi soir sur Sunset
strip à Los Angeles assouvir leur soif de découverte en allant assister à des strip-teases dans des cabarets coquins et autres des clubs spécialisés où des danseuses exotiques exécutent une danse érotique tout en s'effeuillant gentiment mais gardent obligatoirement cache-tétons et cache-sexe tandis qu'à Londres ce sont dans des caves où un public plus adulte aussi amorphe que des zombis anémiés peut passer ses soirées, alléché par une strip-teaseuse pataude qui se trémousse mollement et se déshabille intégralement devant quatre pauvres petites tables recouvertes d'une nappe à carreaux roses façon Tati! Du coté de la Suède, pays de toutes les libertés, un journaliste interviewe deux strip-teaseuses
lesbiennes fières de l'argent qu'elles amassent en s'exhibant ainsi devant un parterre de messieurs.
Frost nous invite ensuite en boite de nuit à Los Angeles où on danse topless puis nous entraine dans un atelier de body painting avant un petit tour dans un club où des prostituées cellulitées attisent un public entièrement masculin suffisamment éméché pour inviter les plus hardis nous dit le narrateur (Bob Cresse en personne) à simuler l'acte sexuel sur scène avec elles, une performance qu'on ne verra malheureusement jamais. Au Japon le spectacle est un petit peu différent puisque les stars du show, deux femmes en petite culotte, sont
attachées sur scène puis violemment fouettées par leur bourreau dissimulé sous une cagoule noire. Etrangement aussi brutaux que soient les coups de fouet, leur corps n'est jamais marqué, les deux femmes arborant qui plus est un sourire radieux.
Le clou du film est la désormais célèbre séquence d'une messe noire à Porto Rico, parfaitement ridicule. Une prêtresse à demi nue entourée de quelques fidèles en costume du dimanche vénère Satan ans un local obscur sur le sol duquel a été tracé un pentacle. La papesse entame une danse rituelle, poitrine dénudée avant d'égorger un poulet. Rien n'est crédible jusque là mais la suite des opérations risque de provoquer l'hilarité générale. La
secte doit en effet pratiquer le sacrifice d'une jeune vierge pour honorer Satan qui nous dit-on est présent dans la salle. Le Diable doit être bien caché puisqu'on en voit pas même le bout de la queue... mais en a t-on vu de tout le métrage?... Gageons que cet invité surprise a trop du avoir honte pour oser apparaitre à l'image! Voila qu'on nous emmène donc la future sacrifiée boudinée et ficelée dans un drap telle une malheureuse momie. On imagine alors son triste destin mais on est en fait bien loin de la vérité. On va simplement lui présenter une tête de cochon fraichement coupée. Abasourdie, on l'entend pousser un cri terrifiant joliment post-synchronisé puisque la donzelle jamais n'ouvrira la bouche. Puis on l'arrose de sang
frais, une magnifique gouache pâteuse rouge écarlate, avant que la secte ne tourne autour d'elle en la caressant chacun à son tour. N'est ce pas là un insoutenable sacrifice? On comprend que Satan ne se soit jamais montré!
Le film se terminera par un bain de boue dans lequel deux catcheuses se ruent sous les applaudissements d'un public en délire. Ce qui est surtout très drôle ici est l'affiche de Sexy proibitissimo, le mondo d'Osvaldo Civirani tourné en 1963, devant laquelle les deux femmes combattent!
Mondo Freudo, mi-couleur, mi noir et blanc, est une gigantesque escroquerie particulièrement frustrante sur laquelle il n'y a pratiquement rien à dire. De Freud il n'en est guère question. Quant au sexe, il est aussi inexistant que dans un couvent de Carmélites. Les voyeurs et autres petits pervers toujours à l'affût de plans salaces pour qui ce type de films est avant tout destiné se noieront dans un océan de tristesse générale avec pour seule et unique consolation quelques postérieurs et poitrines dénudées droit sortis d'un autre âge. Mondo freudo est d'un ennui incommensurable, rien ne parvient à le sauver de la plus totale insipidité. A réserver exclusivement aux collectionneurs invétérés.