Les gloutonnes
Autres titres: Maciste et les gloutonnes, Les exploits érotiques de Maciste dans l'Atlantide / Les exploits érotiques de Maciste dans l'Atlantide des gloutonnes
Real: Jesus Franco
Année: 1972
Origine: France
Genre: Aventures / Erotique
Durée: 86mn
Acteurs: Wal Davis, Alice Arno, Robert Woods, LIna Romay, Khali Hansa, Chantal Broquet, Howard Vernon, Montserrat Prous, Roger Sarbib, Pamela Stanford, Caroline Rivière...
Résumé: Un mystérieux mage demande à Maciste d'aller aux pays des Atlantes, de magnifiques femmes à l'insatiable appétit sexuel qui semblent être menacées par une mystérieuse aveugle, réincarnation de la Mort, venue avec un guide les détruire...
Avant toute chose il n'est pas inintéressant de resituer ce film dans son contexte afin de mieux comprendre son existence. Les Gloutonnes est en fait la pseudo séquelle du film que Franco tourna la même année, Maciste et la reine des Amazones / Karzan. Si le plus rebutant des réalisateurs ibériques avait en effet annoncé une suite au film, il n'en fut rien et Franco se contenta de reprendre les mêmes personnages et par conséquent la même équipe d'acteurs qu'il projeta cette fois non pas au pays des Amazones mais sur une ile censée être l'Atlantide, du moins ce qu'il en reste. Voilà qui sert donc de base pour une intrigue
aussi maigre qu'un petit éthiopien anorexique, un nouveau scénario aussi stupide qu'aberrant, une farce désespérément consternante dans la continuité de Maciste contre la reine des Amazones. L'histoire tient en deux lignes. A la demande de Maitre Cagliostro, le puissant (?) Maciste doit se rendre aux confins d'une île afin d'aller à la rencontre de la reine des Atlantes et de ce qui reste de son peuple, des femmes à l'appétit sexuel débordant qui littéralement dévorent les hommes d'où leur surnom de gloutonnes! Les Atlantes sont menacées par une aveugle, Marie, la réincarnation de la Mort, et son guide Caronte. Si Marie découvrait le refuge des Atlantes, ce sera pour elles une tragédie. Elles seraient annihilées.
Maciste tombe amoureux de la reine qui ignore qu'une traitresse s'est glissée parmi ses sujets. Plus intéressé à faire l'amour à toutes ces femmes, qu'à veiller sur leur sort, Maciste coule de beaux jours auprès des Atlantes qui finiront par détruire Marie.
Comme pour Karzan, on ne pouvait guère faire plus simple et comme pour Karzan, Franco accumule les invraisemblances, les incohérences, les anachronismes et les idioties. Il nous sert une sorte d'incroyable ratatouille digne d'une blague de potache destinée à une quelconque fête de fin d'année dans une tout aussi quelconque école primaire, vu le légendaire amateurisme du pseudo cinéaste, une école élémentaire aurait déjà été de trop
haut niveau. On retrouve donc le puissant Maciste, l'homme de la jungle, vêtu de ses habits de chevalier mais qui a enfin troqué ses bottes de jardinier contre une paire de cuissardes, le mage Cagliostro qui converse avec une cruche parlante, un vieux pot en terre rouge qui déblatère des inepties et remplace le totem en carton du premier volet, et une boule de verre qui fait apparaitre des femmes, plus exactement des laiderons cellulitées. Cagliostro est affublé d'un servant débile et grassouillet qui gesticule et s'exprime comme Paul Préboist. Quant aux Atlantes, micro budget oblige, elles ne sont que cinq ou six. Ajoutons une perfide aveugle et son guide Caronte, un chevalier très quinzième siècle surgi de nulle part qui tire
son nom du fameux Charon, le passeur des âmes du Styx, histoire de montrer que Franco avait un soupçon de culture! N'oublions pas de mentionner une énigmatique putain en jarretelles qui régulièrement apparait à l'écran et lit un livre tout en se caressant avec ardeur sur son lit... peut être est ce son roman que Franco illustre. Arrivé à un tel degré de néant pelliculaire, on se moque de connaitre la réponse.
Avec de tels ingrédients, le cinéaste de pacotille tente péniblement d'atteindre les 90 minutes syndicales grâce à de longues scènes érotiques qui flirtent pour certaines avec le porno soft. Voilà qui différencie essentiellement Les gloutonnes de Maciste contre la reine des Amazones. On y retrouve bien sûr toutes les affres du cinéma du futur édenté, à savoir ces
incessants gros plans statiques et hideux sur les parties intimes de ses actrices, ces cadrages grotesques sur une partie du corps des protagonistes lors de leurs ébats ou comment Franco a érigé en la vulgarité charnelle et l'anti-érotisme. Mentionnons une séquence hilarante, celle d'une incroyable fausse éjaculation durant laquelle est projeté hors champs une sorte de fromage blanc sur le corps de la reine! L'ampleur des dégâts est telle que les quelques pénis qui traversent cette miséreuse bande restent désespérément flasques malgré l'effort des Atlantes pourtant expertes, le plus bel exemple demeurant la
fellation d'un inconnu chevelu en tout début de film.
L'interprétation est comme d'accoutumée inexistante. Wal Davis, un des acteurs les moins charismatique de toute l'histoire de l'exploitation, reprend son rôle de Maciste, toujours aussi pataud et irritant, blond benêt dont la gaucherie explose lorsqu'il apparait nu, son sexe anti-fantasmatique à l'air! Robert Woods ne se déshabille pas cette fois mais observe passivement les ébats des Atlantes. Alice Arno accompagnée de sa soeur Chantal Broquet fait ce qu'elle sait le mieux faire, écarter les jambes afin d'y accueillir Maciste et exposer son derrière menacé par une déjà bien visible peau d'orange tout en se roulant dans l'herbe et la
terre. Quant à Lina Romay, il nous faut une fois de plus supporter son charme de poissonnière de village, la lèvre putassière, le regard batracien, l'air idiote. Fort heureusement elle est moins présente que dans le premier volet mais elle prendra tout de même le temps de faire grimper au septième ciel un Maciste lourdeau et l'incontournable Howard Vernon, égal à lui même, qui endosse ici la peau de Cagliostro inséparable de sa cruche parlante, une sorte d'arrosoir rouge lumineux affublé d'une voix caverneuse. On est proche d'un épisode des Musclés au bon vieux temps du club Dorothée!
Quelque soit le vide intersidéral et l'astronomique bêtise du film, de façon générale de
l'oeuvre de Franco, restons cependant objectif. Surnagent ça et là quelques rares points positifs. Demeurent donc au crédit des Gloutonnes une partition musicale lancinante, presque hypnotique, fortement estampillée années 70, quelques plans côtiers et maritimes sauvages qui combinées à quelques images réussies parviennent le temps de quelques trop minuscules secondes à créer un semblant d'atmosphère. Bien entendu, cela ne suffit pas à sauver l'entreprise du néant absolu.
Si tout cela n'est qu'une blague comme le laisseraient sous entendre les clins d'oeil que des comédiennes d'une repoussante laideur adressent de temps à autre à la caméra, elle est
d'une tristesse à toute épreuve. L'art de la plaisanterie se travaille, un verbe dont Franco a ignoré le sens durant toute une carrière qui compte plus de deux cents films dont ceux qui échappent à la règle se comptent sur une demi main! Empereur sérénissime de la laideur visuelle, génie incontesté de l'inesthétique et du non érotisme, anti poète de la chair qui parviendrait aisément à rendre plus désirable un bovidé apathique que ses pauvres actrices, elles mêmes reflet de la vulgarité putassière, dépôt croupissant et boulimique de l'exploitation, Franco persuadé d'avoir ne serait ce qu'une once de talent a toujours préféré la quantité à la qualité. Il aura pu au moins se vanter d'avoir eu la chance suprême de ne jamais avoir été égalé dans son abyssale médiocrité.