Languidi baci perfide carezze
Autres titres: Languid kisses, wet caresses
Real: Alfredo Angeli
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 105mn
Acteurs: Luigi Proietti, Giovanna Ralli, Elisa Cegani, Cristiano Censi, Massimo De Rossi, Giacomo Rizzo, Maria Los, Nicola D'Eramo, Roberto Bruni, Claudio Carafoli, Guido Cerniglia, Nerina Montagnani, Massimo De Rossi, Markuu Pajari, Aleka Paizi, David Mills...
Résumé: Orfeo profite d'une révolte au pénitencier où il purge une peine pour vol pour s'évader avec la complicité involontaire d'Elena, la femme d'un professeur renommé, bigot et conservateur. Elle se voit contrainte de l'héberger dans le grenier de sa vaste demeure. Dés lors, Orfeo va tout mettre en oeuvre pour pouvoir rester et séduire Elena. Devenant de plus en plus embarrassant, Elena décide de le contraindre à partir. Devant son refus et ses menaces, elle envisage alors de l'assassiner avec l'aide de trois amies...
Réalisateur quasiment inconnu qui travailla essentiellement dans le documentaire télévisé, Alfredo Angeli ne signa que deux films lors de sa courte carrière cinématographique, deux petites bandes aujourd'hui bien oubliées dont Languidi baci perfide carezze, une comédie sociale amère et cynique souvent grotesque.
Orfeo Scardamazzi, un petit voleur, vient d'être condamné à sept longues années de prison mais son destin va une nuit être totalement bouleversé. Lors d'une révolte à la prison où il est incarcéré les prisonniers organisent une manifestation devant le ministre venu tenter de
calmer les esprits. Orfeo en profite pour s'échapper avec l'aide involontaire de Elena, l'épouse d'un riche et renommé professeur bigot et très conservateur. Elena ne peut faire autrement que de cacher Orfeo chez elle en lui précisant bien qu'elle ne l'hébergera qu'une seule et unique nuit. Mais Orfeo ne l'entend pas vraiment de cette oreille. De stratagèmes en stratagèmes, il réussit à s'incruster obligeant Elena à le cacher dans le grenier qu'il transforme lentement en appartement. Il va jusqu'à creuser une multitude de trous dans le plancher afin d'espionner tout ce qui se passe dans la maison et plus particulièrement Elena dont il est tombé follement amoureux. Orfeo devient même jaloux et interdit à la jeune femme
de batifoler avec son beau-fils, étudiant séminariste amoureux de cette belle-mère radieuse. Lorsque Elena le somme de quitter la maison Orfeo menace de la dénoncer à la police pour complicité d'évasion. La jeune femme va alors tout tenter pour se débarrasser de cet intrus devenu un véritable parasite. Seule puis aidée de trois vieilles amies, elle va imaginer différentes tactiques toutes plus sournoises les unes que les autres pour assassiner Orfeo qui, malin et surtout particulièrement chanceux, sauve à chaque fois sa peau. C'est alors que va éclater une véritable guerre entre Elena et Orfeo, un conflit qui va s'achever dans un joli carnage.
L'idée de départ est plutôt originale, celle de l'évasion fortuite d'un condamné, comme l'est le fait qu'il trouve refuge dans le grenier d'une vaste demeure bourgeoise avec l'aide inopinée de la maitresse des lieux. L'idée n'est certes pas nouvelle puisqu'elle a déjà servi d'intrigue à bon nombre de films mais il faut reconnaitre que Languidi baci perfide carezze se situe vers le haut du panier grâce à une mise en scène alerte, un ton festif et la noirceur, le cynisme du récit qui s'avère vite être en fait une critique acerbe de certaines valeurs bourgeoises et religieuses, un pamphlet contre le bigotisme et le conservatisme et toute l'hypocrisie qui les accompagne. Après une ouverture intéressante mais peu captivante qui pourrait laisser sous
entendre qu'on va assister une fois de plus à une quelconque comédie à l'italienne, le film prend tout son panache du moment où Orfeo s'installe chez Elena dont il va doucement transformer la vie en enfer, une situation bien ironique dans un contexte où fresques angéliques et autres représentations divines et bondieuseries servent de décor à cette magnifique demeure et son grenier où ne cessent de se croiser évêque, séminariste, prêtres et dévots. Il faut avouer que la grande force de Languidi baci perfide carezze est d'une part l'ingéniosité d'Orfeo pour de plus en plus investir les lieux, véritable incruste dont il est pratiquement impossible de se débarrasser, et la perfidie de Elena, qui en cachette de son
mari, doit être de plus en plus inventive et faussement câline pour imaginer les pièges dans lesquels tombera Orfeo, un jeu pervers qui se transformera finalement en un véritable affrontement dont l'enjeu est l'assassinat d'Orfeo. Ou lorsque Viens chez moi j'habite chez une copine croise La guerre des Roses.
Et dés cet instant tous les moyens sont bons. La noirceur du récit devient presque jouissive et on trépigne d'en connaitre l'issue tandis qu'on prend en grippe ce personnage envahissant qu'on arrive à détester, presque déçu, irrité, de le voir réapparaitre après chaque tentative de meurtre. Angeli en profit au passage pour fustiger l'Eglise. Il fait du jeune beau-fils de Elena un séminariste en proie aux tourments du
sexe, fou amoureux de sa belle-mère à qui il rêve de faire l'amour, les trois vieilles amies de Elena sont des punaises de sacristie endurcies mais ce sont elles qui se transforment en redoutables meurtrières que rien ne rebute (Arsenic et vieilles dentelles) tandis que les religieux et ronds de cuir sont tous à leur manière des hypocrites, la communion au pénitencier est un prétexte pour dévorer l'hostie... Ultime blasphème, c'est les bras en croix que la plupart des protagonistes meurt, le séminariste foudroyé par un lustre de cristal, lumière divine, une des bigotes étouffée par son propre piège après qu'Orfeo l'ait de surcroit violentée, une des séquences les plus cyniques du film.
Totalement invraisemblable, plus on avance dans le métrage plus Languidi baci perfide carezze sombre dans le grotesque, l'exagération mais c'est justement cette exagération, cette explosion de perfidie, qui donne tout son intérêt au film jusqu'au final inattendu, violent, dont quasiment personne ne sortira vivant, une conclusion à l'image du film, sombre mais effroyablement acerbe sans pour autant perdre de cet humour noir dans lequel le film n'a cessé de baigner. Chacun appréciera cette conclusion à sa façon, décevante ou ridicule car démesurée pour certains, savoureuse pour d'autres, en harmonie avec le ton du film.
On saluera la prestation des deux principaux interprètes, Giovanna Ralli, splendide, élégante,
tout en justesse, aussi belle que perfide, et Gigi Proietti, aussi trublion qu'à son habitude. Ils sont à eux deux le moteur de ce film qui sans eux n'aurait pas aussi bien fonctionné. Autour d'eux on reconnaitra l'ancestrale Nerina Montagnani, géniale servante septuagénaire, Cristiano Censi en époux calotin, la vétérane Elisa Cegani et l'apparition de Nicola D'Eramo dans son personnage habituel de travesti.
Religieusement irrévérencieuse, cette petite comédie noire rythmée par la musique des frères De Angelis est un spectacle divertissant, plein d'humour au vitriol, une petite réjouissance anticléricale menée par un duo d'acteurs enjoué qui devrait faire le plaisir des amateurs.