Satanico pandemonium: La sexorcista
Autres titres: La novizia endemoniata
Real: Gilberto Martínez Solares
Année: 1975
Origine: Mexique
Genre: Nunsploitation
Durée: 88mn
Acteurs: Cecilia Pezet, Enrique Rocha, Delia Magaña, Clemencia Colin, Sandra Torres, Adarene San Martin, Patricia Alban, Yayoi Tokawa, Daniel Albertos, Veronica Con K. Laura Montalvo, Amparo Fustenberg, Veronica Rivas, Sandra Torres...
Résumé: Sœur Maria est considérée comme la plus pure et la plus vertueuses des nonnes du couvent où elle s'est retirée. Un jour, elle rencontre sur sa route un étrange berger, Luzbel, qui va doucement éveiller en elle des désirs et pulsions qu’elle aura de plus en plus de mal à contrôler. La nuit qui suit sa rencontre, il lui apparait dans sa chambre et se présente sous le nom de Lucifer. Désireuse de découvrir la tentation de la chair elle tente de séduire un jeune garçon qui se refuse à elle. Maria va alors se mettre à tuer ceux qui n'obéissent pas à ses pulsions. Sa raison vacille lentement, prise dans un tourbillon meurtrier qu'elle ne maitrise plus. Après qu'elle ait tué la Mère supérieure, Lucifer lui offre le choix: soit elle accepte de devenir la nouvelle abbesse de du couvent soit elle sera arrêtée et torturée par l'Inquisition...
Moins connu ou du moins populaire que ces cousins transalpins et ibériques le cinéma d'exploitation mexicain existe bel et bien et nous offrit tout au long des années 70 quelques jolis exemples du genre comme ce Satanico pandemonium: la sexorcista réalisé par Gilberto Martinez Solares en 1975. Si quelques années plus tôt Luis Bunuel et José Mojica Marins avaient déjà osé braver une censure sud américaine ultra rigide quant aux questions religieuses avec pour l'un Viridiana en 1961, pour l'autre A minuit j'emporterais ton âme en 1964, Solares choisit à son tour de s'attaquer à l'Eglise avec ce nunsploitation qui en son
temps dut faire chavirer quelques esprits bien pensants avec cette histoire de jeune nonne en proie aux tourments de l'Enfer.
Soeur Maria est considérée comme la religieuse la plus pure du couvent où elle s'est retirée. Pourtant un jour, un homme nu, Luzbel, lui apparait alors qu'elle cueille des fleurs dans un champ. Prise de panique elle s'enfuit mais les visions continuent. Il lui apparait de nouveau et lui offre une pomme qu'elle refuse de croquer. Dés cet instant Soeur Maria ne connaitra plus la paix. Une nuit, Luzbel pénètre dans sa chambre, se présente sous son autre nom, Lucifer, et tente de la violenter. Maria malgré des séances de mortification et de purification
désire de plus en plus ardemment s'adonner aux plaisirs de la chair. Elle a jeté son dévolu sur un adolescent, Marcello, qu'elle tente de séduire. Après qu'il ait refusé ses avances, Maria s'introduit une nuit chez lui et le viole durant son sommeil. Pris de panique l'adolescent se réveille et tente vainement de se défaire de l'étreinte de Maria. La nonne le tue puis met malencontreusement le feu à sa cabane. Dés lors, Maria va devoir enchainer les crimes afin de protéger son secret. Elle aide une pauvre religieuse de couleur à se suicider puis blesse Soeur Clemencia qui a refusé ses avances. Témoin d'un de ses actes meurtriers, la Mère Supérieure la supplie de se faire exorciser. Maria l'étrangle et cache son corps dans le
caveau du couvent. C'est alors que Lucifer lui propose un choix cornélien. Accepter de devenir la nouvelle Mère Supérieure ou être torturée puis tuée par l'Inquisition. Face aux terribles visions de ce qui pourrait lui arriver si jamais elle refusait, Maria accepte. Sacrée nouvelle Mère Supérieure, elle s'apprête à prendre ses nouvelles fonctions mais à son arrivée au couvent elle surprend les nonnes en pleine orgie sous l'oeil satisfait de Lucifer. Ces dernières, rejointes par les spectres de ses victimes (Maniac?), l'assaillent et la tuent. Au final tout s'avère n'avoir été qu'un rêve alors que Maria, atteinte de peste, agonisait sur son lit de mort.
Ce qui frappe de prime abord ce sont les références bibliques dont Solares a truffé son film.
Outre le fait qu'il ait donné à son héroïne le prénom de la Vierge, la pomme, le fameux fruit défendu symbolisant le péché de chair, est omniprésente, à demi croquée ou non, tout comme les serpents et le chat noir qui surgissent ça et là au détour des visions de la pauvre nonne. Plus intéressant est le coté lumineux de l'ensemble et l'utilisation à outrance d'images d'Epinal et autres icônes religieuses. Solares apporte en effet un soin tout particulier au visuel, à l'esthétisme, transformant ainsi chaque paysage en une sorte de paradis, de jardin d'Eden, dans lequel évolue Maria. Les nonnes elle mêmes semblent être sublimées. La plupart de leur apparition semblent être divines droites sorties d'un ouvrage
religieux, l'ensemble rythmé par leurs chants angéliques. La procession qui ouvre le sacre de Soeur Maria est en très certainement le plus bel exemple, presque féerique, irréel, d'une beauté quasi divine. Quant à Satan il est représenté sous les traits d'un solide et très séduisant jeune homme, un Dom Juan auquel aucune femme ne saurait bien entendu résister.
Cet esthétisme et cet amoncellement de références bibliques sont un des atouts de ce nunsploitation au demeurant plutôt sage. On est en effet loin de la démesure des oeuvres italiennes et espagnoles d'alors, l'amateur sera peut être un brin déçu par cette sagesse,
Solares suggérant plus qu'il ne montre. Il devra en effet se contenter de quelques poitrines gentiment dénudées et quelques plans de nudité intégrale, pour la plupart dorsaux, de Soeur Maria. Si l'érotisme reste ici d'une exemplaire décence c'est de l'intention que provient essentiellement le coté sulfureux du film, une façon détournée de contourner la censure et de pouvoir s'autoriser quelques excès justifiés ou non qui justifient l'aspect exploitatif du film. Ainsi Solares se permet le viol d'un adolescent grassouillet lorsque Maria, nue, se glisse dans son lit et se met à le masturber dans son sommeil avant de sauvagement l'assassiner. Cette scène que n'aurait renié aucun réalisateur italien demeure sans aucun doute la plus
audacieuse du film qui pour le reste se contente d'user des codes du genre: relations saphiques, autoflagellations, mortifications, dialogues et symbolique hérétiques (les fidèles représentés par un troupeau de moutons)... Quant aux effets sanguinolents, s'ils restent eux aussi plutôt discrets on dénombrera tout de même quelques jolies scènes de meurtres sadiques notamment celui de l'adolescent, quelques tortures en fin de bande dont une stupéfiante énucléation et les auto-supplices que s'inflige Maria (la ceinture d'épines). Plus curieux est le racisme dont fait preuve Solares par le biais de deux nonnes noires traitées par la Mère Supérieure comme de véritables animaux, une situation qui poussera l'une
d'elles à se suicider qui n'est jamais qu'une illustration des inégalités et de l'hypocrisie qui règnent au coeur même de l'Eglise.
Cette évidente attaque contre la religion, le clergé à travers une histoire de possession diabolique, toute immorale soit elle, est malheureusement gâchée par un final absurde par instant risible. Que Solares ait voulu adoucir l'ensemble et calmer les esprits par une conclusion édulcorée en ayant recours à une certaine facilité, celui du rêve interdit qu'une nonne pure ait fait sur son lit de mort, ce qui pourrait expliquer quelques ellipses et autres incohérences scénaristiques, est une chose, qu'il ait organisé une orgie de carnaval pour
imager l'enfer et la dépravation en est une autre. Comment ne pas être hilare face à quelques malheureuses figurantes dansant une triste farandole à demi nues autour d'une table de misère pendant que deux autres, la poitrine à l'air, jouent tranquillement de la guitare devant un couple de lesbiennes qui se caressent mollement la joue. La séquence aussi drôle que hideuse tranche nettement avec le reste du métrage si soigneusement mis en scène ternit d'une part la beauté du film et ne relève guère un épilogue certes inattendu mais trop facile et discutable malgré une fin ouverte sur l'apparition de Lucifer s'apprêtant à posséder une nouvelle jeune fille.
L'interprétation sans être transcendante n'en est pas moins acceptable. L'éphémère starlette Cecilia Pezet malgré un charme physique certain mais un peu spécial et la maigreur de son corps filiforme est une Maria tout à fait crédible qui passe avec aisance du stade de la timidité au stade de meurtrière sanglante. Enrique Rocha, acteur très connu au Mexique, est un fort attrayant Lucifer qui nous offre de surcroit un très furtif plan de nudité intégrale frontale, le jeune Daniel Albertos endosse le corps porcin de Marcello et nos offre une jolie vision de son postérieur tandis que l'actrice nicaraguayenne Veronica Con K. revêt la robe de la nonne de couleur qui se suicide. Pour l'anecdote signalons qu'une partie des comédiennes qui
jouaient les religieuses était en fait des prostituées recrutée par Solares.
Même s'il n'est pas aussi outrancier que ses homologues italiens, Satanico pandemonium: la sexorcista n'en est pas moins un intéressant nunsploitation, visuellement superbe, lumineux, un très honnête film qui se laisse visionner avec plaisir. Voilà un bel exemple de cinéma d'exploitation sud américain qu'on pourra facilement enchaine avec pourquoi pas Alucarda de Juan Lopez Moctezuma.