Lone runner
Autres titres: Flashfighter / The casket of a thousand diamonds
Real: Ruggero Deodato
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 84mn
Acteurs: Miles O'Keefe, John Steiner, Savina Gersak, Hal Yamanouchi, Donald Hodson, Michael J. Aronin, Ronald Lacey., Richard Raymond...
Résumé: Annalisa, la fille d'un riche seigneur du désert, est enlevée par une bande de pillards. Elle sera rendue à son père contre une forte somme en diamants. Emerlich, la fourbe éminence grise du seigneur voit là un excellent moyen de s'approprier cette fortune. Il s'empare à son tour d'Annalisa pour mieux la livrer à l'infâme Skorm, le roi de la tribu des Malacoots. Ensemble, ils vont faire chanter le père de la jeune fille et tenter de lui prendre ses diamants. Le Lone runner, un justicier solitaire qui vit dans le désert, parvient à délivrer Annalisa. Il va combattre les plans machiavéliques d'Emerlich et Skorm...
Réalisé entre le mauvais slasher Bodycount et l'imbuvable Les Barbarians, héroic fantasy d'une absolue débilité, Lone runner est né d'une idée de Ovidio G. Assonitis qui au départ voulait en faire un téléfilm. C'est donc avec étonnement que Ruggero Deodato découvrit un jour alors qu'il se promenait à Los Angeles que le film avait été distribué en salles au pays de l'Oncle Sam.
Resté totalement inédit en Italie, disponible en France sous forme d'une édition vidéo aujourd'hui très rare, Lone runner est un curieux film d'aventures qui se déroule dans le
désert, une région perdue non spécifiée dans le scénario où vivent plusieurs tribus et peuples, certains pacifiques, d'autres beaucoup plus malveillants, qui s'affrontent ou se font la guerre. Parmi ceux ci les Malacoots menés par le cruel et démentiel Skorm et son homme de main, un asiatique as des arts martiaux. Quelque part dans ce no man's land vit Garrett, le Lone runner, un solitaire, une version moderne (futuriste?) de L'homme sans nom, leur ennemi juré, le défenseur de la veuve et de l'orphelin. Le film s'ouvre sur l'attaque d'un convoi dans lequel voyage une insupportable fillette blonde, Annalisa, par les Malacoots. Sauvé in extremis par le Lone runner, le film projette immédiatement dix ans plus tard où cette même
Annalisa est de nouveau en danger. Kidnappée par un certain Masud, elle est surtout convoitée par un traitre nommé Emerlich. Fille d'un riche seigneur du désert, il voit en Annalisa, toujours aussi insupportable, l'occasion rêvée d'obtenir contre sa libération une véritable fortune en diamants. Il s'associe alors aux Malacoots mais le Lone runner veille et leur donnera bien du fil à retordre.
Le scénario est simple mais le plus désolant ici est son coté répétitif. Deodato ne ménage aucun suspens, ne fait preuve d'aucune inventivité, les mêmes mésaventures reviennent pour ainsi dire en boucles durant quasiment 90 minutes. On pourrait donc résumer Lone runner de cette manière: Annalisa se fait capturer, le justicier solitaire la délivre, Annalisa se
fait de nouveau capturer, il revient la délivrer. Annalisa s'échappe et se fait encore attraper, le Lone runner revient donc à la charge. Soit il échoue, soit il réussit, toute la force du suspens tient à savoir s'il y parviendra ou pas.. et ainsi de suite. Autant dire que cette routine scénaristique, cette faiblesse narrative, engendrent vite une certaine monotonie. Et ce n'est pas le gag tout aussi répétitif du malheureux commerçant qui rate régulièrement ces trocs qui changera la donne. Plus débile que drôle, il devient vite exaspérant. On oubliera les nombreuses incohérences du scénario écrit semble t-il entre la poire et le fromage comme cette facilité incroyable qu'ont les différents protagonistes à se croiser dans ce désert
pourtant tellement vaste ou cette curieuse façon de se faire assassiner au beau milieu de la foule sans que personne pourtant ne s'en aperçoive!
Lone runner ressemble à une sorte de bande dessinée à l'instar de ses personnages, tous plus foufous les uns que les autres, Skorm en tête, le féroce roi des Malacoots, interprété par un John Steiner ébouriffé totalement survolté et hystérique qui cabotine, grimace, hurle, saute en tous sens comme un diable dans un bénitier, en fait des tonnes jusqu'à l'auto-parodie jusqu'à perdre sa crédibilité. La yougoslave Savina Gersak, très mauvaise actrice, précédemment repérée dans Afghanistan, l'ultimo bus di guerra aux cotés de Mark Gregory, est insupportable, quant à Miles O'Keefe dans le rôle du Lone runner il est égal à
lui même, raide comme un piquet, monolithique au possible. La mâchoire crispée, le regard perçant de l'aigle, son inexpressivité colle finalement bien à ce personnage unidimensionnel qui semble ne pas exister. Seul Hal Yamanouchi, l'homme de main taciturne de Skorm, le plus italien des acteurs asiatiques d'alors, fait son petit effet. Les personnages vont et viennent tout au long du film, tentent d'être amusants sans jamais l'être tout en récitant des dialogues d'une épatante niaiserie, des aventures en somme fades et sans surprise rythmées par une affreuse musique synthétique qui tente d'imiter celle des westerns.
En fait, le plus curieux est ce mélange de genres dont est composé le film. Lone runner
débute comme un western auquel il emprunte par instant quelques éléments. On pense aussi à Mad Max et donc aux post-nuke (les bandes féroces qui s'affrontent dans le désert), on y découvre aussi quelques petites touches de science fiction (l'arc de Garrett qui lance des éclairs, une arme qui nous vaut d'ailleurs un moment dantesque lorsqu'il décoche une flèche-laser en plein désert dont l'explosion fera jaillir un jet d'eau du sable) et un soupçon d'arts martiaux. Difficile donc de classer le film dans une catégorie mais si on devait impérativement le faire c'est indubitablement du très beau Tuareg de Castellari qu'il se rapproche le plus. Malheureusement le film de Deodato n'en possède ni l'énergie ni la
magie. Outre le fait qu'il tourne en rond et soit si insipide, ce qu'on pourrait peut être reprocher le plus à Lone runner est qu'à aucun moment on y retrouve cette magie orientale propre à ce type de fable. Deodato n'a pas su tirer profit des merveilleux paysages des déserts marocains comme il n'est pas parvenu à insuffler au film ce souffle épique qu'on était en droit d'attendre de cette histoire loin de sentir le sable chaud.
Lone runner fait partie des oeuvres les plus insignifiantes du cinéaste. Ce téléfilm dont Deodato lui même n'a aujourd'hui quasiment aucun souvenir si ce n'est celui d'un scénario d'une incroyable faiblesse est une simple petite curiosité à découvrir essentiellement pour sa rareté, une simple distraction aussi rapidement vue qu'oubliée.