China de Sade
Autres titres: Sadisme oriental / Partouzes spéciales pour jouisseuses hystériques
Real: Charles Webb
Année: 1977
Origine: USA
Genre: X
Durée: 75mn
Acteurs: Jon Martin, Linda Wong, Tracy O'Neil, Mark Anthony, Pula Wain, Jewell Bryght, Dale Meador, Richard Strong, Larry Hankin, Bruce Lafong, Gerald Stonehauson...
Résumé: Un jeune et séduisant mercenaire, le lieutenant Welyand, doit retrouver le dangereux colonel Krieg qu'il a jadis connu en Asie lors d'une mission. Maniaque sexuel, pervers, il serait de retour à San Francisco. En effet, il prévoit d'enlever un couple afin de leur faire connaitre les délices du sadomasochisme extrême en compagnie de Ming Lee surnommée China De sade, une ex-espionne devenue une putain dévouée aux plaisirs interdits. Weyland retrouve la fille de Krieg qui l'emmène chez son père. Alors qu'elle lui fait l'amour, il est assommé et fait prisonnier. Le bel étalon est désormais entre les mains de Krieg et Ming Lee...
Réalisé par un des vétérans du hardcore américain, Charles Webb, dissimulé ici sous le pseudonyme de Charles Dos Santos, China de Sade avait de quoi séduire un spectateur amateur de déviances sexuelles et autres brutalités intimes que ses différents et fort alléchants titres pouvaient laisser présager. Qui mieux que le Divin marquis aussi oriental soit il pouvait en effet mieux nous réjouir et satisfaire nos désirs les plus sauvages? Malheureusement nos espoirs vont vite s'effondrer puisque passées les premières minutes, China de Sade se transforme en un petit film pornographique parfaitement ridicule loin, très loin de tenir ses promesses.
La séquence d'ouverture intrigue. Quelque part en Asie, une superbe autochtone secondée d'une jeune femme borgne munie d'une mitraillette font l'amour à un jeune homme qui semble être leur esclave. Au fil des ébats son corps se recouvre de sang. Chacune des parties semble y trouver son plaisir. Voilà qui laisse augurer un bel exemple de sadomasochisme ou quand du mélange du sang et du sperme nait l'extase. La séquence, joliment filmée, sans être fantasmatique a de quoi séduire. C'est alors que le film commence sans réel rapport avec celle ci. China de Sade ne déroge pas à la règle qui voulait que la plupart des hardcore tournés dans les années 70, l'âge d'or de la pornographie, mélange différents grands genres cinématographiques aux scènes de sexe traditionnelles. C'est du
film d'espionnage que se réclame celui ci. Le jeune et fringant lieutenant Weyland, un séduisant mercenaire, de retour de mission en Asie, est convoqué par ses chefs qui lui en propose une nouvelle. Il doit retrouver le colonel Krieg, un fou sanguinaire, maniaque sexuel, devenu cannibale après un séjour forcé dans une tribu asiatique. Il serait de retour à San Francisco avec sa fille. Weyland avait autrefois connu une jeune asiatique du nom de Ming Lee, une espionne faite prisonnière par Krieg dont il n'a plus jamais eu de nouvelle. Weyland accepte le travail, drague la fille de Krieg qui l'emmène chez son père. Il est fait prisonnier. Il parvient à s'échapper, retrouve Ming Lee devenue une des putains favorites de Krieg. Ming Lee le séduit, lui fait l'amour sous l'oeil voyeur de Krieg qui finalement va les torturer afin de
satisfaire ses pulsions sadiques. Weyland réussit une fois de plus à s'échapper. Il tue le colonel et tous ses acolytes. Ming Lee quant à elle a été abattue par la fille de Krieg. De retour au bureau de ses chefs, Weyland qui a pris goût aux plaisirs sadomasochistes y compris ceux qu'on peut éprouver en donnant la mort découvre que tout n'était qu'un jeu sournois organisé par tous les protagonistes qui n'attendent de lui qu'une chose: qu'ils viennent les rejoindre.
Cette tentative de marier le film d'espionnage tendance exotique à la pornographie est loin d'être une réussite c'est même un lamentable échec. Certes les scénaristes n'allaient pas
surtravailler le scénario qui n'est bien sûr qu'un prétexte à alimenter et enchainer des scènes de sexe mais un minimum est tout de même requis. Prenons le colonel Krieg qui visiblement espionne au début du film un couple, en fait ses voisins, faire l'amour en murmurant qu'il va très prochainement les kidnapper pour leur faire subir les pires outrages. Voilà qui est prometteur mais au final point d'enlèvement mais une belle ellipse qui nous permet de retrouver la femme dans les appartements feutrés du colonel où l'attend une divine asiatique outrancièrement maquillée, un gode-ceinture démesuré ceint autour de la taille. Le gigantesque pénis en latex va faire non pas hurler de douleur la malheureuse femme mais plutôt la faire crier d'extase tant elle semble apprécier son supplice comme elle
semble aimer s'occuper d'un bel étalon tandis qu'une autre jeune fille s'affaire à lécher goulument son intimité. L'histoire nous parlait de tortures, de plaisirs sadomasochistes extrêmes, de cannibalisme, du bonheur de souffrir et faire souffrir... Il n'y a rien de tout ça et le reste de l'intrigue nous réserve encore de grands moments d'hilarité en multipliant les ellipses. Précisons que le mari de la captive a bizarrement disparu de l'histoire et que cette dernière fait désormais partie des femmes de main de Krieg.. pourquoi, comment.. on est plus à une incohérence près!
Un coup de baguette magique et notre beau mercenaire retrouve la fille du colonel qui l'invite comme par miracle chez son père pour lui faire l'amour lorsque surgit Max, un guérillero
effarant de ridicule, un homme de couleur aux impressionnantes rouflaquettes, une coupe afro sidérante qui maintient son mini béret, le treillis moulant, une mitraillette en bandoulière. Il assomme notre lieutenant et viole la fille de Krieg pour la punir. Voilà au moins une scène de viol brutal pour mettre en appétit nos perverses ardeurs qui vont vite s'éteindre lorsqu'on découvre que cela n'était qu'un simulacre, la putain aimant se faire violer, les deux protagonistes se rajustant dans un éclat de rire satisfait!
Il ne se passe toujours rien, le temps s'égrène et la suite est encore plus décevante. Enfermé dans une chambre, le séduisant mercenaire s'en évade en une minute tapante pour assister à une partouze organisée par Krieg et son perroquet. Trois filles dansent et font
l'amour, l'une d'elle est la fameuse Ming Lee. La partouze est interminable mais se termine par la seconde capture du courageux héros vite enchainé, nu, à une cage. En souvenir de leur passé commun apparemment brulant, Ming Lee lui fait l'amour dans la cage sous l'oeil vicieux de Krieg. Les minutes passent, leurs ébats acrobatiques, il faut être en effet souple pour copuler enchainé, s'éternisent, on souffle, on a envie de faire avance rapide afin d'assister enfin au sadisme promis par le titre mais c'est à la troisième évasion toujours aussi absurde du bellâtre sur laquelle on tombe avant une troisième capture qui semble vouloir satisfaire nos attentes, une bonne séance de déviances sexuelles pimentées d'une bonne dose de violence. Ce sont quelques coup de cravache mollassons données par la
fille de Krieg habillée en écuyère auxquels on a droit et quelques insultes ordurières avant une ultime évasion qui permettra à notre Eros d'enfiler un pantalon et tuer tout le monde en quelques minutes seulement, un grand moment de n'importe quoi durant lequel il s'acharnera tout de même sur la fille de Krieg, l'obligeant à le sucer jusqu'à ce qu'elle s'étouffe. L'aventurier au regard de velours a pris goût à tuer, il y trouve un plaisir pernicieux comme il découvre ses instincts pervers, ceux qui désormais semblent animer sa sexualité. Sa mission finie, il rentre au QG, une pauvre chambre plongée dans la pénombre par un rideau qui cache la misère du décor et, ultime rebondissement, tous les protagonistes le rejoignent, aucun n'est mort, tout n'était qu'un jeu destiné à réveiller le monstre qui sommeille
en chacun de nous et ne demande qu'à s'exprimer à travers notre sexualité. Ming Lee se présente, elle se nomme désormais China de Sade, digne héritière du Marquis. Le mercenaire a alors le choix, soit les suivre et connaitre les mille et un plaisirs du sadomasochisme soit partir. On ne connaitra jamais sa décision mais on s'en moque un peu, blasé par un film au scénario absurde qui n'a tenu aucune de ses promesses.
Si on peut oublier les ellipses et la cohorte d'invraisemblances qui truffent China de Sade, si on peut passer sur la stupidité des situations et des rebondissements, l'hilarité qu'elles peuvent engendrer, difficile de faire l'impasse sur l'absence quasi totale de scènes croustillantes qui devaient nourrir la bête qui sommeille en nous, satisfaire notre soif de
perversion et de sadisme et par la même honorer tant le titre que le Divin Marquis en personne. China de Sade n'est qu'un banal porno tourné sans originalité arrosé d'un nuage de violence bon enfant bien trop inoffensive pour ébranler les sens du spectateur. Restent quelques scènes pour relever le niveau (la mort de la fille de Krieg), pour ses admirateurs la présence de Linda Wong, première porno star américaine d'origine asiatique, dans le rôle titre, et le visage angélique, le corps filiforme et le sexe généreux du divin Jon Martin, un des hardeurs les plus prolifiques des années 70, pour lequel on se damnerait. Sorti presque dix ans après sa réalisation dans les salles françaises, affublé d'une version française hilarante, China de Sade est un beau coup d'épée dans l'eau. Mieux vaut revoir les oeuvres crasses de Zebedy Colt, De Renzy , Damiano et consort ou Femmes de Sade pour rester dans l'ombre du Marquis si on veut un minimum de noirceur et de sensations aussi fortes que sordides afin de combler nos désirs coupables.