Mamma... li turchi
Autres titres:
Real: Renato Savino
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 84mn
Acteurs: Oreste Lionello, Pia Giancaro, Marco Zuanelli, Pupo De Luca, Krista Nell, Claudio De Davide, Isabelle De Valvert, Sergio Serafini, Luciana Turina, Carla Mancini...
Résumé: Quatre croisés pas très futés doivent protéger les femmes d'un bourg contre les désirs lubriques du roi mais également d'un jeune soldat turc généreusement doté par la nature. Ils doivent aussi retrouver un frère et une soeur dont on a tatoué sur le postérieur une demi carte. Une fois rassemblées, elles indiqueront l'emplacement d'un trésor. Les voilà partis explorer le fondement des villageois et villageoises...
De la très courte carrière du réalisateur-scénariste Renato Savino on retiendra essentiellement deux titres devenus culte au fil du temps aux yeux de tous les amateurs d'exploitation, un statut renforcé par le fait qu'ils soient aujourd'hui bien difficilement visibles, oubliés des éditeurs, l'un pour son titre plus qu'évocateur et surtout aguicheur, Grazie signore p... / Orgies mesdames les putes, le second pour sa complaisance et ses excès de violence gratuite, I violenti di Roma bene / La nuit des excitées. Egalement auteur d'une décamérotique, Decamerone 300, Savino qui bien souvent signa ses oeuvres sous le
pseudonyme de Mauro Stefani poursuivit dans cette voie avec Mamma.. li turchi, profitant du succès de ce sous filon du cinéma érotique pour le détourner à sa façon et le transformer en une gentille, trop gentille, sexy comédie en costumes. La simplicité est ici à l'honneur comme le reconnaissait d'ailleurs Savino dans une des dernières et très rares interviews qu'il donna.
Film de commande que Savino réalisa suite au succès publique que connut Decameron 300, Mamma... li turchi mélange donc les bases de ces deux genres avec pour objectif de faire un film drôle d'une simplicité désarmante. Ni Savino ni les scénaristes ne voulurent s'embarrasser et optèrent volontairement pour une intrigue quasi embryonnaire qui repose
sur une curieuse chasse au trésor. Le fil conducteur du film est la recherche de deux postérieurs, celui d'un frère et d'une soeur, sur lesquels a été tatoué une demi-carte. Les deux fessiers réunis donneront l'emplacement précis du trésor. Bien entendu cela donnera lieu à des situations cocasses tandis que se greffe sur ce micro-scénario une sous intrigue un peu plus salace mais souvent mise à l'écart, celle d'un jeune soldat turc que Mère Nature a doté d'un pénis démesuré en permanente érection. Quatre croisés un peu sots vont devoir protéger les filles de la contrée de ses assauts ainsi que de ceux d'un roi lubrique.
Voilà qui aurait pu donner un film pétillant, égrillard, truffé de trouvailles plus salaces les unes
que les autres. Il n'en est rien bien malheureusement. Tout est ici au rabais. Il y a bien quelques passages sympathiques voire amusants (la scène du poulet, l'arrivée des quatre croisés chez la grosse femme, l'armure vivante, l'entrainante chanson générique, le final très "culien") mais l'ensemble desservi par une mise en scène trop discrète demeure irrémédiablement terne à l'image de la photographie, des couleurs et des décors, fades et si peu clinquants. Guère originaux les gags aussi nombreux soient ils manquent d'épaisseur et sont jetés sans grande conviction dans une histoire quasiment dénuée d'érotisme qui ne décolle jamais vraiment. Voilà qui tue le peu d'intérêt qu'on pouvait trouver à cette farce
picaresque, un comble pour un film qui se veut un hybride entre la décamérotique et la sexy comédie. Aucune scène de nu, pas même une poitrine dénudée encore moins un fessier, Mamma... li turchi donne la plus totale sobriété, l'extrême pudeur. Il faudra attendre les 20 dernières minutes pour enfin avoir droit à un peu de nudité, à savoir une extraordinaire farandole de culs (peu affriolants) à faire tourner la tête!
L'interprétation est tout aussi anonyme. Les acteurs, consciencieux, font gentiment ce qu'on leur demande de faire, ni plus ni moins, sans jamais réellement s'investir. Il manque en fait à Mamma... li turchi ce qui fait la force de tels films, le coté pétillant, un peu fou, délirant, cette
énergie communicatrice que le spectateur en attend. Trop vouloir faire simple ne signifie pas pour autant enlever ce qui est l'essence même du genre à moins de vouloir faire lentement sombrer ce même spectateur dans l'ennui. Oreste Lionello et Pupo De Luca au minimum syndical en arrivent à faire oublier leur présence au générique. Quant aux comédiennes, Savino avouait ne pas avoir eu recours à de plantureuses créatures au détriment d'actrices plus communes, seuls leur cul continuait-il, était ici important. Une opinion qui pourra faire débat surtout que de ces fameux derrières on en voit seulement que l'ombre! On reconnaitra tout de même la regrettée Krista Nell dans le rôle de la baronne bien peu mise en valeur et
l'éphémère Isabelle De Valvert entraperçue par la suite dans Rivages sanglants et Prison de femmes de Brunello Rondi.
Insipide, Mamma... li turchi s'oublie aussitôt le mot Fin tombé sur l'écran. Cette petite comédie beaucoup trop sage est à réserver exclusivement aux collectionneurs assidus et autres chercheurs insatiables de films oubliés, perdus ou devenus aujourd'hui rarissimes, catégorie dans laquelle se range Mamma... li turchi puisqu'il ne connut pas même jadis les honneurs d'une quelconque édition vidéo. Uniquement visible aujourd'hui via une copie pirate de piètre qualité, Mamma... li turchi rejoint bien malheureusement dans l'oubli les autres films du réalisateur et fera sans nul doute le bonheur des amateurs inconditionnels de pures raretés transalpines, seule véritable qualité dont peut se targuer ce film.