Baby love
Autres titres:
Real: Rino Di Silvestro
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Paola Maiolini, Violette Lafont, Oliver Kris, Jessica Sabel, Tiger Chin, Sergio Ciani, John Reed, Paul Berthier, Michael Corbys, Greta Van Hallenn, Alan Steel...
Résumé: Baby love est la belle-fille d'une reine superbe mais fourbe d'un pays imaginaire. Elle veut vendre l'adolescente aux enchères. Quatre acheteurs venus de différents pays arrivent au château afin de lui faire une proposition financière. La reine vendra Baby love au plus offrant à condition qu'elle soit toujours vierge. La reine lui fait donc mettre une ceinture de chasteté. Lasse de cette vie, Baby love s'enfuit du château avant les enchères. Elle est recueillie par un jeune homme qui la déflore. Baby love s'échappe de nouveau et trouve refuge auprès d'un illuminé. Pendant ce temps, le jeune homme qui a volé la virginité de l'adolescente informe la reine que sa belle-fille est morte afin qu'elle cesse les recherches...
Grand spécialiste de l'euro-trash transalpin Rino Di Silvestro est surtout connu pour son goût de la perversion et de la complaisance, cet érotisme malsain qui fit le succès de quelques uns des fleurons du cinéma d'exploitation dont les toujours aussi alléchants Vie sexuelle dans une prison de femmes, Les déportées de la section spéciale SS, Les carnets roses de la prostitution ou encore A 16 ans dans l'enfer d'Amsterdam. Si le cinéaste s'est toujours montré réticent aux interviews durant les très rares qu'il donna il n'a jamais caché le mépris qu'il portait d'une part aux Nuits chaudes de Cléopatre, d'autre part à Baby love, deux
films dont il a toujours refusé de parler, préférant les oublier et les effacer de son parcours cinématographique. Baby love tout comme Les nuits chaudes de Cléopatre furent deux films de commande tournés à contre-coeur par Di Silvestro qui dut se débrouiller comme il pouvait. Si Cléopatre reste un honnête péplum érotique, que penser de Baby love qu'il est quasiment impossible de résumer tant le film est un gigantesque n'importe quoi, une cour de récréation pour adultes où tous les protagonistes semblent être en totale roue libre, en pleine improvisation, une improvisation qui par moment atteint un tel degré de rétrogression qu'on aurait presque pitié de ces malheureux acteurs retombés à l'âge du bac à sable pour
les besoins d'un brouillon de film... d'un brouillon de brouillon de film brouillon! Et le fait que Baby love ait connu bien des déboires avec les producteurs, bien des remaniements, n'est pas une excuse suffisante pour avoir osé donner vie à une telle catastrophe. Car c'est bel et bien à un désastre auquel on assiste ici.
Le sujet était pourtant au départ plutôt intéressant puisque Baby love est une sorte de fable érotique qui se situe dans un pays imaginaire gouverné par une reine perfide. A la mort du roi, elle s'est occupée de sa belle-fille, une fort charmante adolescente nommée Baby Love
qu'elle veut aujourd'hui vendre aux enchères au pays le plus offrant. Vendre ainsi une charmante enfant encore vierge car bien entendu une des conditions sine qua non est qu'elle soit pure afin que son acheteur puisse en profiter est une idée tout à fait alléchante, d'autant plus excitante que l'adolescente est en proie aux premiers tourments du sexe. Afin de préserver sa virginité, la reine lui a donc scellé une ceinture de chasteté autour de la taille. Arrivent au château quatre acheteurs, quatre dignes représentants de différents pays dont un de Chine, d'Ukraine et de Sicile. C'est à partir de là que les choses se gâtent tant pour Baby Love lasse de cette vie que pour le spectateur qui va assister à l'un des plus gros n'importe quoi pelliculaire que le cinéma Bis lui ait offert.
Que la belle enfant se rebelle, s'échappe, erre dans le bois royal, soit déflorée par un beau lanceur de couteaux après qu'un forgeron hideux lui ait enlevé sa ceinture, qu'elle reparte ensuite et soit embarquée par un illuminé obsédé par le théâtre dont le frère simiesque est un dangereux gourou lubrique d'une secte sexuelle, que la reine se batte avec ses sujettes à tête de kapo SS dont elles ont également l'uniforme et la matraque, qu'elle se mette à danser le disco sur un air de menuet avec les quatre acheteurs exécutant une danse classico-disco folklorique, qu'elle organise des orgies pour célébrer de grands évènements ou se fasse fouetter lors de séances de bondage peut passer, on est dans un conte érotique où tout est
possible, mais on cherche vainement un fil conducteur, une trame narrative, un filet de cohérence.
Les scènes se suivent et se mélangent sans aucune logique, certaines séquences érotiques arrivent comme un cheveu sur la soupe sans rapport avec l'histoire donnant l'impression de bien vilains et incongrus greffons venus uniquement alimenter le scénario en plans salaces. Si on peut passer outre, on ne trouvera par contre aucune excuse face à une interprétation amateur d'un groupe d'acteurs anonymes qu'on devine non professionnels cachés sous des pseudonymes anglophones stupides, les quatre acheteurs en tête! Excités, électriques, survoltés, à la limite de la débilité profonde, remplis de tics, ils hurlent,
débitent à la vitesse de l'éclair les dialogues les plus débiles qu'on ait eu l'occasion d'entendre depuis des décennies, s'agitent comme des possédés, semblent à chaque plan entrer en transe lorsqu'ils n'exécutent pas une véritable danse de Saint-Guy comme pris de crises d'hystérie, le chinois à l'odorat hyper développé et l'ukrainien en tête de liste. Le summum de la dégénérescence mentale est atteint lorsque, heureux, ils se mettent à sauter dans tous les sens comme des puces, arrachent leurs vêtements, se roulent à terre, rampent, se jettent les uns contre les autres dans une symphonie de hurlements juste avant que la reine et ses kapos arrivent pour les fouetter et les trainer jusqu'à la sortie dans une sorte de folie collective.
On pourra en dire autant de l'illuminé qui crie à tue-tête dans les bois des tirades absurdes qui se veulent philosophiques ainsi que du cat-fight totalement gratuit qui se terminera par quelques coups de langues et caresses saphiques à même le gravier. On est monté tellement haut dans la bêtise qu'on a du atteindre sans s'en rendre compte le vide intersidéral. Nous voilà flottant dans l'hyper espace nous demandant comment un réalisateur a pu pondre une telle crétinerie qui ferait passer le spectacle de fin d'année d'une école maternelle pour un chef d'oeuvre shakespearien!
L'érotisme est franchement décevant même si par moment Di Silvestro franchit la limite de la
pornographie avec quelques brefs plans de sexe en érection et de rapides fellations lors d'orgies carnavalesques franchement pauvres. Beaucoup de nus frontaux féminins, la masturbation de Baby love devant son miroir et une scène étonnante complètement gratuite qui ne trouve aucune justification dans le scénario, celle où la reine, attachée, se fait fouetter avant de s'empaler sur un phallus géant en bois!
Tourné en 1979 au château de Balsorano mais tardivement sorti en janvier 81 en Italie, Baby Love n'a comme seul et unique intérêt que la présence de la savoureuse Paola Maiolini dissimulée pour la première de sa carrière sous un pseudonyme, celui de Katia Vassel, qui
interprète la reine. Elle garde de ce film qui fut un des derniers qu'elle tourna avant de se retirer du show-bizz un souvenir particulièrement mauvais non seulement car ce fut une véritable idiotie dénuée de tout sens sur laquelle elle n'a rien à dire (sommes nous étonnés?) mais également car elle dut utiliser certains de ses vêtements personnels lors du tournage, des vêtements que Di Silvestro ne lui a jamais rendu malgré ses menaces et sommations. Une anecdote qui témoigne de la misère du budget d'un film où le cinéaste est quasiment responsable de tout, le scénario, les costumes et même la musique aidé tout de même de Lallo Gori.
Quant à Baby love elle est jouée par une parfaite inconnue au physique ingrat cachée sous
une flagrante perruque, une française selon Paola du nom de Violette Laffont, un monument de statisme qui toujours selon Paola ne valait pas vraiment la peine qu'on en sache plus sur elle tant elle était mauvaise actrice.
D'une incommensurable bêtise, Baby love, conte érotique insupportable au bout de quelques petites minutes seulement, est sans nul doute le plus mauvais film du réalisateur, on comprend qu'il ait tenté de l'oublier comme le spectateur tentera d'oublier qu'il a gâché 90 minutes de sa vie tout en altérant fortement sa santé mentale, mais il a cependant l'avantage de pouvoir faire de quelques fleurons de la série Z transalpine tels Virus cannibale ou l'inénarrable Homme puma des monuments cinématographiques à oscariser! Ca, c'est toute la magie d'une fable!