Africanus sexualis
Autres titres: Black is beautiful / Africanus love / Afrikanus sexualis
Real: Matt Cimber
Année: 1970
Origine: USA
Genre: Mondo
Durée: 58mn
Acteurs:
Résumé: Afin de mieux faire découvrir aux américains le peuple noir et plus particulièrement sa sexualité, le Black love, le cinéaste nous propose d'approfondir notre connaissance de l'Afrique noire à travers quelques rites sexuels traditionnels mais aussi un jeune couple qui nous montera ce qu'est la véritable sexualité noire...
Alors que Gualtiero Jacopetti venait de lancer la mode du mondo africain suivi de très près par ceux qui allaient en devenir les spécialistes, les frères Castiglioni, toute une série de ces pseudo documentaires à sensations aussi malsains que voyeurs s'apprêtaient à déferler sur les écrans en provenance aussi bien d'Italie que d'Amérique. Et c'est justement des USA qu'arrivait en 1970 Africanus sexualis également connu sous le titre Black is beautiful, un sex mondo sidérant dans son propos qui comme bien de ses petits frères n'était en fait qu'une façon habilement déguisée de montrer sur grand écran un film pornographique à une
époque où justement la pornographie était encore interdite. C'était là un joli moyen de satisfaire la libido d'un certain public tout en contournant la loi, ce type de films étant présenté comme des oeuvres sociales à but instructif. Et pour apprendre bien des choses étonnantes Africanus sexualis va en effet nous surprendre.
Déjà responsable d'un Man and wife: an educational film for married adults qui fut l'objet d'un mini scandale, Matt Cimber, réalisateur plus connu pour un étrange porno de pure exploitation The witch that came from the sea et son héroic fantasy Hundra récidive avec cet
Africanus sexualis, un mondo qui est censé mieux faire comprendre aux américains les rites et coutumes du peuple africain qui selon les producteurs reste un mystère aux yeux de l'homme blanc. Le film s'ouvre d'ailleurs sur un très longue mise au point qui tente d'expliquer pourquoi il est nécessaire aujourd'hui que nous puissions mieux apprendre à connaitre l'Afrique noire. L'ignorance est en effet la source de toutes nos peurs, nos craintes, d'où le rejet, la haine, l'incompréhension donc le racisme. Il est grand temps comme disait Martin Luther King, dixit un beau carton qui cite le célèbre homme, que les blancs sachent ce
qu'est un homme de couleur et de là naitra la tolérance. Qui sont ils? D'où viennent ils? De quoi ont ils peur? Quels sont leurs gouts? Qu'aiment ils et que n'aiment ils pas? Autant de questions auquel Africanus sexualis doit essayer de répondre... à travers leur sexualité! Car la sexualité de manière générale détient toutes les réponses concluent les producteurs. Le ton a changé, on devine où ils veulent en venir et on se prépare à vivre de bien croustillants moments en nous immergeant dans ce que la vie des africains a de plus intime. On sent le spectateur un brin (ou plus) pervers tout émoustillé mais bien malheureusement son excitation va très vite retomber en découvrant ce que Cimber nous a réservé.
Le discours d'ouverture est dés les premières images très vite oublié au détriment d'un long cours d'éducation sexuelle quasi didactique. Africanus sexualis n'est qu'une leçon de choses avec croquis à l'appui accompagné bien évidemment de travaux pratiques. A ce niveau le film de Cimber est particulièrement éducatif pour les enfants ou ceux qui, arrivés à un certain âge, n'ont toujours pas gouté aux plaisirs charnels. Inutile de dire que Cimber n'a jamais planté sa caméra sur le sol africain. Le film est entièrement tourné dans une case reconstituée en studio dans laquelle s'affairent quelques noirs américains à demi nus aux courbes parfaites tandis que le même couple, un jeune homme de couleur et sa
compagne à la superbe coupe afro, qu'on a enfermé dans une petite chambre vont servir de cobaye tout au long du métrage. Quelques images d'archives de tribus primitives sont censées nous faire croire qu'on est en pleine brousse. C'est amusant mais on ne marche pas tant cela est maladroit. Le tout est bien sûr commenté par un narrateur surprenant, un homme de couleur à l'allure simiesque qui à force de lire son texte sur un prompteur nous donne le tournis. Si on lui pardonnera son cheveu sur la langue vite énervant, on excusera moins sa façon de s'avachir sur ses différents sièges, penaud, décontenancé, ne sachant dirait on que faire de son corps et de ses interminables jambes.
Peut être était il tout simplement mal à l'aise contraint de réciter des absurdités qui aujourd'hui seraient impensables tant elles sont hypocritement racistes, la base même du mondo. Si certains en doutaient encore, on nous dévoile donc que l'homme noir est constitué comme n'importe quel autre être humain et sa sexualité est identique à celle du blanc, preuve à l'appui. Notre couple, s'embrasse, se caresse avec tendresse, attention. Le sexe de la femme est lui aussi identique comme le prouve un gros plan sur ses parties intimes que notre narrateur nous détaille. C'est ensuite au tour du pénis de son compagnon qui comme tout homme doit être stimulé. Et comment stimuler un sexe masculin? En le vissant entre
ses mains comme une ampoule mais ce n'est pas la lumière qui cette fois en jaillira. Une fois excité, il n'y a plus qu'à montrer comment l'homme pénètre la femme et lui donne du plaisir tout en essayant à grands renforts de savantes explications différentes positions susceptibles d'améliorer l'orgasme. Le kamasutra noir nous est même offert. La leçon est parfaite, on a même droit à un croquis anatomique qui nous montre pourquoi le sperme ne se mélange jamais à l'urine ainsi qu'à une séquence très amusante, celle d'un homme faisant bouger sa verge et ses testicules par contractions musculaires.
Afin d'agrémenter l'ensemble Cimber ajoute quelques scènes supposées représenter des
rites sexuels et autres coutumes nuptiales africains, tous filmés dans cette fameuse fausse case et une jungle tout aussi factice. Un peu de breuvage magique, du parfum car on aime sentir bon même en Afrique, quelques bananes, des tam-tams, tout le folklore est là, l'homme noir aime le sexe tout comme l'homme blanc dont il n'est point différent. Il n'y donc plus aucune raison de le craindre ou le haïr, Cimber a apporté sur un joli plateau en argent, un plateau de bananes bien sûr, la réponse à tous les maux raciaux de la Terre! Une conclusion abasourdissante à laquelle on ne se serait jamais attendu!
Africanus sexualis, long cours d'éducation sexuelle de 58 minutes ne comportant aucun
générique, est d'une bêtise incommensurable, d'un ennui soporifère d'autant plus qu'il n'est jamais drôle. Mélange de scènes softcore et de séquences hardcore orchestrés par le fameux couple cobaye, le sex mondo de Cimber, pur produit d'exploitation kitch au possible, est une jolie arnaque semi-pornographique qui ne satisfera que très peu les instincts voyeurs et pervers du spectateur qui lui préférera et de loin les mondo italiens tout aussi bassement hypocrites mais qui ont au moins l'avantage d'être ludiques, distrayants et délicieusement malsains tant dans leur contenu sexuel que social. Et ça on aime.