Thomas e gli indemoniati
Autres titres: Thomas... gli indemoniati / Thomas gli indemoniati
Real: Pupi Avati
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Fantastique
Durée: 85mn
Acteurs: Edmund Purdom, Anita Sanders, Bob Tonelli, Gianni Cavina, Giulio Pizzirani, Mariangela Melato, Daniele Samory, Andrea Matteuzzi, Ines Ciaschetti, Lola Bonora, Pina Borione, Graziano Giusti, Claudio Trionfi, Vincenzo Busi, Gino Cassini...
Résumé: Une troupe de comédiens de théâtre répète leur prochaine pièce dont le personnage central est une femme qui ne peut avoir d'enfant. Progressivement les divers protagonistes de la pièce vont prendre vie et interférer dans la vie des acteurs. La jeune femme est désormais persuadée qu'elle a eu un jour un fils. Celui ci va prendre l'apparence d'un enfant fantôme nommé Thomas. Toute la troupe part alors faire un bien étrange voyage...
Resté inédit en Italie à ce jour, le second film de Pupi Avati, réalisé en 1970 juste après un séduisant mais ennuyeux Balsamus l'uomo di Satana qui déjà mettait en place l'univers très personnel du cinéaste, n'est jamais qu'un pas de plus dans le monde à la fois étrange et bien particulier du metteur en scène. On y retrouve en effet son goût fort prononcé pour l'occulte, la magie, l'insolite et bien entendu les rites provinciaux dont ceux de cette Toscane qui lui est si chère. Cependant parler de Thomas e gli indemoniati réalisé comme son
précédent opus grâce à un mystérieux apport financier reste un exercice difficile tant cette deuxième réalisation est narrativement bancale et confuse.
Située à Bologne, l'intrigue nous plonge au coeur d'une troupe de théâtre qui répète sa prochaine pièce. Lentement les personnages de la pièce vont prendre vie et interférer avec celle des comédiens. Le rôle clé est celui d'une femme frustrée, une mère qui ne pouvant avoir d'enfant, est pourtant persuadée qu'elle a un fils. Celui ci va se métamorphoser sous les traits d'un enfant fantôme, Thomas, qui va suivre la troupe dans leur voyage surréaliste, à la fois témoin de leurs actes et miroir de leur âme.
Grand admirateur de Federico Fellini notamment de son 8 1/2, le travail de Avati du moins sur ces deux films s'en inspire ouvertement. Suite logique de Balsamus tant dans le fond que dans sa forme, on y retrouve donc cette aspiration pour le grotesque qui épouse une fois de plus l'onirisme voire le surréalisme. Même si plus visuellement travaillé que Balsamus, Thomas demeure malheureusement bien décevant faute à une histoire le plus souvent incompréhensible, brouillonne, qui engendre assez rapidement un doux ennui malgré la poésie qui s'en dégage.
Emergent bien entendu ça et là de jolis moments de bravoure tant sur le plan émotionnel et surtout visuel mais cela ne suffit pas à réellement captiver l'attention du spectateur. On retiendra entre autres certains passages, somptueux, durant lesquels le terme insolite prend tout son sens telle l'ouverture dans le cimetière dans lequel déambule un prêtre, seul, au milieu des allées, des tombes blanches, des statues et des anges. Surréaliste semble être le voyage en train qui n'est pas sans rappeler Bunuel, sorte de rêve éveillé qu'on traverse avec la troupe au fil de paysages campagnards à la fois oniriques et irréels. C'est lors de ce
voyage qu'un homme, un pèlerin récupéré au sommet d'un arbre décharné au milieu de nulle part, interprété par Andrea Matteuzzi, racontera avec moult détails aussi horribles que macabres la terrible mésaventure qui est arrivée à sa troupe de comédiens, une histoire qui ressemble à ses contes populaires effrayants qu'on se racontait le soir au coin de l'âtre. On mentionnera également les sinistres décors du théâtre, propre à engendrer un insidieux sentiment d'angoisse, la séance de spiritisme qui trouvera écho lors de la scène d'ouverture de Zeder ainsi que l'étrange congrès de sexologie avec démonstration à l'appui, l'ensemble
baignant le plus souvent dans une atmosphère de poésie quasi visionnaire.
C'est bien malheureusement l'incohérence, la confusion, qui prendront le dessus et auront raison de cet esthétisme, de cette pure aura fantastique. Thomas e gli indemoniati ne parvient pas à tenir ses promesses. Tout comme pour Balsamus, la déception est une fois de plus au rendez-vous et c'est le doigt sur la touche "avance rapide" de la télécommande qu'on regarde ce curieux film, perdu dans une histoire trop souvent incompréhensible aggravée par la faiblesse de la narration.
Malgré ses gros défauts, Thomas e gli indemoniati n'est pas vraiment un mauvais film, il est tout simplement décevant. Aussi difficile à suivre qu'à comprendre, il reste surtout et avant tout un film cérébral à réserver aux invétérés inconditionnels de Pupi Avati qui y retrouveront quasiment tous les éléments inhérents au cinéma du réalisateur, ceux qui par la suite feront son succès, une curiosité d'un autre âge typique d'un certain cinéma italien aujourd'hui oubliée puisque aucune édition DVD n'a vu le jour, seule une pitoyable version vidéo italienne subsiste aujourd'hui. Les autres tenteront de s'accrocher à son esthétisme, son aspect
surréaliste, seuls points qui feront peut être que le film trouvera grâce à leurs yeux.
Si la musique tour à tour très jazzy, lounge et plus synthétique est une fois de plus signée Emedeo Tommasi, le compositeur attitré de Avati, on reconnaitra mais est ce étonnant la plupart des acteurs fétiche du cinéaste, le nain Bob Tonelli, Gianni Cavina, Andrea Matteuzzi, Pina Borione... dans la peau de personnages tous plus grotesques les uns que les autres aux cotés de Edmund Purdom, Anita Sanders et Mariangela Melato ici à tout ses débuts.