Yellow le cugine
Autres titres:
Real: Gianfranco Baldanello
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 79mn
Acteurs: Lisa Seagram, Maurizio Bonuglia, Caterina Barbero, Franco Ricci, Renato De Carmine, Attilio Dottesio, Luigi Ida...
Résumé: A la mort de leur grand-père, deux riches cousines, Valentina et Marta, vont être obligées de cohabiter afin de respecter les dernières volontés du défunt. La cohabitation va s'avérer difficile tant les deux jeunes femmes sont différentes. Valentina est une fille sans complexe, aux moeurs libérées, qui aime s'amuser tandis que Marta est tout son contraire. Austère, froide, elle n'a connu qu'un seul homme dans sa vie. La présence de Pierre, le mari de Valentina, aggrave encore plus les relations entre les deux cousines. Lorsque Valentina surprend Pierre entrain d'embrasser sa cousine, elle s'amuse à les photographier puis exige de son mari de l'argent s'il veut récupérer les photos. Une grosse querelle éclate alors. Ivre, Pierre quitte la maison et se réfugie au moulin. Valentina est retrouvée morte le lendemain matin près de ce même moulin...
Surtout connu pour ses quelques westerns, Gianfranco Baldanello s'il s'est dés le début des années 70 orienté vers la sexy comédie, il est à l'origine d'un des premiers véritables rôles de Ilona Staller future Cicciolina avec l'inodore L'ingenua, s'est également essayé au sexy thriller en réalisant en 1969 Yellow le cugine, fortement inspiré des oeuvres de Umberto Lenzi notamment Orgasmo / Une folle envie d'aimer auquel il s'apparente.
Afin d'honorer les dernières volontés de leur grand-père, un homme austère et conservateur, deux riches cousines, Valentina et Marta, très différentes l'une de l'autre, se voient contraintes de vivre sous le même toit, la vieille demeure campagnarde du défunt. Valentina, libérée et débauchée, vient y habiter avec son époux, Pierre, ce qui ne plait guère à Marta, une jeune femme frustrée, aigrie, accrochée aux traditions, qui vit dans le souvenir du seul et unique homme qu'elle ait connu dans sa vie, mort un après midi d'été. Jalouse de sa cousine, Marta l'épie, secrètement attirée par Pierre. Au fil du temps la cohabitation devient de plus en plus difficile tant et si bien que Valentina décide d'ignorer sa cousine. C'est alors que Valentina
surprend Pierre entrain d'embrasser Marta. Joueuse et peu jalouse, elle prend des photographies qu'elle décide de remettre à Pierre contre de l'argent. Pierre refuse. Une terrible dispute éclate alors entre les deux jeunes mariés. Elle chasse Pierre, ivre, de la maison. Cette même nuit, Valentina est brutalement assassinée près du moulin. Le commissaire Saccara est chargé de l'enquête. Les soupçons se portent vite sur Pierre puis sur Marta qui lentement se rapprochent et finissent par sortir ensemble, chacun étant persuadé que l'autre est coupable. Mais qui joue avec qui? Qui est le chat, qui est la souris? Et si le meurtre de Valentina était en fait un sombre complot de famille qui tournerait autour
de l'héritage du grand-père?
Les complots de famille ont souvent été mis à l'honneur dans les sexy thrillers de cette époque, particulièrement abondants, dans la grande tradition de ceux de Lenzi. Mais n'est pas Lenzi qui veut et Baldanello ne sort guère des sentiers battus et signe un petit giallo peu original qui vaut surtout pour son esthétisme et son atmosphère très fin années 60. Si c'est à Orgasmo que Yellow le cugine fera le plus songer notamment de par la manière dont Pierre va séduire sa proie pour mieux la piéger Baldanello a du mal à instaurer une réelle tension, à
créer un véritable suspens qui fait malheureusement un peu trop défaut au film. C'est donc l'atmosphère très beatnick, le coté fortement estampillé années 70 qui séduira avant tout le spectateur pour le peu qu'il y soit sensible au même titre que les splendides décors naturels ensoleillés de la campagne toscane, le film a été tourné à Crespina, superbement soulignés par une très jolie partition musicale signée Lallo Gori.
Pour le reste, Yellow le cugine peut aisément se scinder en deux parties distinctes. La première met en place l'intrigue et présente au spectateur les trois protagonistes de l'histoire. C'est peut être la plus intéressante. Baldanello outre ce délicieux esthétisme très
seventies a le mérite d'être particulièrement crédible. Le cinéaste lentement mais surement installe son scénario, multiplie les faits et gestes qui conduiront au terrible drame dans une ambiance savoureusement érotique qu'on pourrait à juste titre qualifier d'osée pour l'époque. Il parsème en effet ça et là quelques scènes agréablement pimentées dont quelques nus frontaux tant féminins que masculins, quelques langoureux ébats sans oublier quelques séquences fascinantes telles cette drug party accompagnée d'un air de cithare entêtant. De quoi enivrer tous les amoureux de ces folles années de liberté toute empreintes d'hindouisme de pacotille. On joue, on s'espionne, on se nargue, on se fait chanter, on
s'aime sur fond d'hypocrisie sous l'oeil du portrait de l'austère aïeul derrière lequel est caché le fameux coffre-fort familial.
La deuxième partie est quant à elle beaucoup plus banale et surtout trop invraisemblable pour réellement satisfaire. Suite à la découverte du corps de Valentina près du moulin, un inspecteur roublard va à la vitesse de l'éclair dans jamais vraiment donner l'impression d'enquêter accumuler une multitude d'indices qui en qui en quelques minutes va lui donner le nom du coupable. Voilà qui donne l'impression que Baldanello bâcle une intrigue policière qu'il ne se sent pas capable de porter, novice en la matière. On reste donc abasourdi par la
rapidité dont il boucle son enquête et nous dévoile l'identité de l'assassin en un long flash-back qui ne comporte aucune réelle surprise si ce n'est celle d'être déçu par ces révélations bien trop communes pour qu'on puise un quelconque intérêt. Demeurent cependant quelques très bons passages dont ce final où éclate tout le cynisme du personnage de Pierre, sa cruauté notamment lors de la scène où il maltraite Marta dans sa chambre, se délectant de la voir pleurer, et la scène de clôture, une forme de triomphe de ce cynisme qu'on pourra interpréter comme un no happy end jouissif.
Toujours au crédit du film, on mentionnera une jolie interprétation d'un trio d'acteurs tout à fait
convaincants. Venue de la télévision, l'américaine Lisa Seagram est une Marta parfaite, rigide, calculatrice, qui se laissera pourtant prendre au jeu de la séduction. Caterina Barbero qu'on reverra par la suite dans Bourreaux SS et Il giudice e la minorenne joue très bien les poupées délurées tandis que le toujours aussi séduisant Maurizio Bonuglia découvert dans Le gendarme se marie mais surtout dans le maritime thriller Top sensation, sans être Jean Sorel, est un Pierre parfait, dangereux séducteur intéressé qui illumine l'écran de sa blondeur et nous offre quelques plans de nus frontaux affriolants.
Yellow le cugine, produit par un tout jeune Bruno Mattei, malgré son peu d'originalité et un final d'une regrettable simplicité est un petit sexy thriller, léger, anodin, mais tout à fait séduisant pour le peu qu'on n'en attende pas des effusions de sang et un suspens à couper au couteau. Cette petite pièce pour collectionneurs aguerris trop méconnue aujourd'hui bien oubliée ravira quoiqu'il en soit tous les fervents amoureux des années 70 par son charme indubitablement hippie. Yellow le cugine est un nouveau témoignage bien agréable de toute une époque bien révolue, d'un genre qui aujourd'hui encore a ses passionnés. Voila de quoi les satisfaire pleinement.