Mondo teeno
Autres titres: Mondo teeno: the teenage rebelion / La rivolta dei teenagers
Real: Norman Herman
Année: 1967
Origine: USA
Genre: Mondo
Durée: 81mn
Acteurs: Burt Topper (Narrateur)
Résumé: Le réalisateur se propose de mieux nous faire découvrir le monde adolescent en cette fin d'années 60, les souhaits, les rêves, les objectifs de cette nouvelle génération en pleine ère contestataire. Un tour du monde de la mode, des nouvelles tendances et coutumes, de la sexualité au son du rock et du jerk qui bercent désormais le soirées enfumées et alcoolisés des adolescents.
Lancé au début des années 60 essentiellement par Monde cane de Gualtiero Jacopetti, le mondo, sous genre du cinéma d'exploitation particulièrement controversé, s'est vite décliné en plusieurs branches dont le teen mondo qui toujours sous la forme de pseudo documentaires tentaient de mieux nous présenter pour l'un la jeunesse de ce milieu et fin d'années 60. C'est le Mondo Hollywood de Robert Carl Cohen qui ouvrit la voie début 1967 à de nombreux autres teen mondo qui allaient exploiter ce prolifique filon qu'était la jeunesse d'alors tout en y mêlant bon nombre d'éléments aussi incontournables que marquant de
cette époque: le mouvement hippie, le monde des acides et du psychédélisme, les nouvelles modes, les mouvements contestataires, la guerre du Vietnam. Mondo mod, Teenagers, The world of acid / The hippie revolt suivirent. Mondo teeno de Norman Herman fut quant à lui l'illustre successeur de Mondo Hollywood.
Filmé en noir et blanc, Mondo teeno se veut un tour du monde de la jeunesse d'alors, des nouvelles tendances qui révolutionnent les grandes capitales du monde. Le film s'ouvre sur toute une série d'émeutes, de Paris à Rome en passant par Vienne, Brighton, Panama, Los Angeles et Santa Domingo. Puis c'est aux nouvelles danses que s'intéresse Herman. Les
temps ont changé nous dit le narrateur, les danses aussi et les tenues pour sortir également. Fini le temps des valses et des comme en témoigne amèrement un couple de personnes âgées, aujourd'hui les jeunes jerkent, dansent le rock, swinguent. Ils s'agitent en tout sens, remuent lascivement et de façon provocante leur derrière. Les danses se font suggestives, aguicheuses. Les jeunes filles s'habillent de plus en plus court, vénèrent la mini-jupe, montrent leur petite culotte lorsqu'elles ne dansent pas en mini short ou en soutien-gorge! Les garçons ont les cheveux longs, ils écoutent les Beatles qui révolutionnent la planète. Herman agrémente d'ailleurs Mondo Teeno de nombreux passages des films de Richard Lester.
La danse est indissociable de la mode et les boutiques fleurissent. Londres devient la capitale du shopping avec Carnaby street, un des hobbies préférés des adolescents d'aujourd'hui, suivi de Sunset strip à Los Angeles.
Mais la plus formidable invention de l'homme reste... la roue qui donna vie à la voiture et au scooter. Si cela peut étonner et que le brave spectateur que vous êtes se demande quel est le lien avec les adolescents modernes, Mondo teeno ne peut être plus clair dans sa réponse, les deux roues comme la voiture sont les éléments indispensables à tout adolescent afin que sa sexualité s'épanouisse. Mondo teeno va le démontrer, le prouver,
l'affirmer jusqu'à plus soif autrement dit jusqu'à l'ultime minute du film. Si le scooter comme la moto est synonyme de liberté, indépendance, le mot clé de la nouvelle jeunesse ivre de vitesse et autres griseries, c'est aussi le moyen pour les garçons d'emmener les filles dans des lieux où ils pourront les draguer et sortir avec elles, en boum (on danse, on s'embrasse, on couche) en promenade (on batifole dans les champs ou sur la plage, on s'embrasse, on s'enlace, on fait l'amour), en camping (on boit, on emballe, on finit à deux sous la tente quand on souvient du garçon dans les bras duquel on se réveille) tandis que la voiture est non seulement un moyen de séduire, d'appâter ces dames mais surtout on peut y faire
l'amour n'importe où blotti sur les sièges. La voiture, le nouveau symbole sexuel de toute une génération nous assure le narrateur, Burt Topper, également producteur du film, est la plus grande création de l'être humain. Le sexe est partout. Il s'affiche sur les murs de nos villes, dans les magazines, les magasins, à travers les publicités et les revues pour adolescents qui incitent à toujours être la plus belle donc d'acheter pour mieux... coucher! Et si on a des doutes, désormais la presse informe nos chers têtes blondes affamées de sexe comment se protéger mais aussi prodiguent mille conseils sur les pratiques sexuelles et les risques de grossesses. L'éducation sexuelle se fait dans la rue, dans les magasins et
librairies, la vie des jeunes est magnifique, elle peut se livrer sans crainte à son passe-temps favori: découvrir les plaisirs du sexe. La vieille génération n'a qu'à bien se tenir!
Et lorsque la jeunesse abandonne un temps la voiture c'est pour la planche de surf, vivre au gré du roulis des lames de Californie et connaitre non seulement des sensations jusqu'alors inconnues mais également séduire ces demoiselles pour mieux leur faire l'amour sur le sable blanc! L'air marin donne des idées mais d'autres préfèrent d'autres sensations plus radicales. Qui dit années 60 dit Marijuana, acides et LSD. Si on a souvent mis en garde contres les dangers des trips hallucinogènes sur fond de psychédélisme,
Mondo teeno nous présente les choses sous un angle différent. Le LSD permet d'élargir ses champs de liberté, de découvrir d'autres horizons et d'être plus réceptifs aux autres, de se désinhiber. Il est donc tellement plus facile ainsi de draguer et multiplier les conquêtes. Le LSD est le meilleur des aphrodisiaques, un petit sucre, quelques gouttes du précieux liquide et voilà nos adolescents prêts pour un envol au septième ciel!On croit rêver.
Quant à la prostitution, les jeunes filles n'hésitent plus à tapiner discrètement devant leur lycée car elles aiment le sexe, attendant qu'une voiture les embarque pour quelques plaisirs charnels. Mais elles doivent faire attention, personne ne doit les voir, encore moins que leur
famille soit au courant. Il faut vivre caché sauf au japon où nous dit on la prostitution est admise. L'adolescent qui malheureusement n'a pas de voiture, au Japon on marche quand on est jeune même si on est dans le pays le plus technologiquement avancé, peut emmener la jeune catin dans des endroits spécialisés et fort coquins en toute quiétude!
Mondo teeno ne pouvait bien entendu pas passer sous silence l'homosexualité. Nous voilà à Rome où on suit un pauvre petit homosexuel un brin efféminé, la caricature est toujours d'actualité, qui erre dans les rues en suçant un esquimau qu'il tient comme on tient une ombrelle. Rien n'est rose pour le pauvre garçon. Ses amis hétéros ont tous une copine, lui
est seul en quête d'amour, il n'a jamais connu de vrais plaisirs intimes, juste des amitiés. Trouver quelqu'un, trouver l'amour est impossible si on est gay, l'homosexuel est condamné à vivre seul, désespéré! On croit halluciner face à un tel discours et nous ne sommes pas sous acides, voilà bien le drame! Le pauvre adolescent romain pourra pleurer sur l'épaule de cette jeune sicilienne dont la vie est tout aussi horrible, forcée d'épouser un garçon qu'elle ne connait pas. A une époque où tout est sexe et liberté, il existe encore des traditions où les familles se moquent de ce que les jeunes filles pensent et veulent nous dit-on!
Souligné par une délicieuse bande musicale très années 60, Mondo teeno fera sourire s'il
ne fait pas tout simplement beaucoup rire le spectateur qui bien souvent restera bouche-bée face à des discours aussi aberrants particulièrement discutables. L'important n'est pas de savoir que l'ensemble est parfaitement désuet mais de savoir si Herman est conscient des énormités qu'il déclament 90 minutes durant. Sous couvert documentaire, prétexte à mieux nous comprendre la jeunesse d'alors dans une société consumériste en pleine révolution, il ramène tout au sexe. Nous voilà rassurés. Les adolescents ivres de liberté mais aussi pour avoir abuser d'alcool, n'ont qu'un but dans la vie: leur sexualité. Séduire, draguer, coucher après avoir vidé leur porte-monnaie en dépenses shopping, mode et sorties avec un
passage par la case concessionnaire voiture ou scooter! " Les jeunes d'aujourd'hui n'ont plus aucun respect pour leurs ainés. Ils ne veulent plus apprendre. Ils ne pensent plus qu'à s'amuser et satisfaire leurs moindres plaisirs", cette citation de Socrate ouvrait le film, Herman l'a joliment illustré.
Précisons que Mondo teeno reste très sage. Les coucheries se résument à d'interminables embrassades, un peu lassant pour un film qui faisait du sexe son sujet de prédilection. Le film de Herman est un petit mondo plutôt ennuyeux car trop répétitif mais drôle pour le peu qu'on le prenne au vingtième degré mais qui devrait au moins ravir tous les amoureux de ces saintes années beatnik. Soulignons la sympathique chanson-titre "Teenage rebelion" interprétée par le groupe The Glass family.
Précisons également que si Eripando Visconti est cité en tant que réalisateur des parties italiennes, le célèbre neveu de Lucchino Visconti n'a bien entendu jamais participé au film. Au même titre que Lester, Herman s'est simplement servi de quelques passages de ses premiers films.