Fra' Tazio da Velletri
Autres titres:
Real: Romano Scandariato / Joe D'Amato
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 90mn
Acteurs: Remo Capitani, Glauco Onorato, Christa Linder, Margaret Rose Keil, Edmondo Tieghi, Linda Sini, Luciana Turina, Dada Gallotti, Eva Gabriel, Claudia Bianchi, Pietro Ceccarelli, Roberto Danesi, Alfredo D'Ippolito, Cesare Di Vito, Sergio Doria, Annie Carol Edel, Massimo Pirri, Ada Pometti, Attilio Dottesio, Mirella Rossi, Renzo Rinaldi, Tom Felleghy...
Résumé: Nuccio Tornaquinci, un libertin florentin, va se faire passer pour Frère Tazio, un moine exorciseur réputé, afin de pouvoir approcher et coucher avec Monna Lisa, l'épouse affriolante du gouverneur. Le stratagème fonctionne et Nuccio couche également avec la belle Ginevra juste avant que la supercherie ne soit découverte. Il s'enfuit mais le gouverneur, furieux, lance à ses trousses deux de ses hommes. C'est alors que le véritable Frère Tazio débarque en ville...
Fra' Tazio da Velletri reste encore aujourd'hui un mystère insoluble quant à la véritable paternité de cette décamérotique. Si le film fut signé Romano Gastaldi, pseudonyme sous lequel se dissimulait Romano Scandariato, on a souvent attribué la réalisation à Joe D'Amato. En fait C'est bel et bien Joe D'Amato qui officiait encore son véritable patronyme Aristide Massaccesi qui débuta le tournage mais il quitta très vite le plateau suite à de profondes divergences avec la maison de production La Taro, plus exactement son
dirigeant, Franco Vitolo. C'est Scandariato qui en reprit les rênes et termina le film même s'il est aujourd'hui difficile de déterminer qui tourna quoi. Vu l'abondance des scènes de nu et de sexe, on pourrait y reconnaitre la griffe du futur D'Amato et la présence de Eva Gabriel confirmerait même que le film aurait été également tourné en version hardcore pour le marché étranger.
Arrivé sur le tard, le film fut tourné entre décembre 1972 et février 1973 et ne sortit pas avant début 1974 en Italie, Fra' Tazio da Velletri est une décamérotique de fin de parcours qui ne
fait que reprendre comme principal thème l'usurpation d'identité et les quiproquos que cela entraine. C'est ici le jovial et corpulent frère Tazio, un prêtre reconnu pour ses talents d'exorcisme, qui s'est fait usurpé son identité par un coquin fieffé, un libertin florentin Messire Nuccio Tornaquinci. En se faisant passer pour lui, il va pouvoir ainsi profiter des charmes de Monna Lisa, l'épouse du gonfalonier Lago De Pazzi, convaincu qu'elle est possédée par le démon de la chair tant elle est belle et plait aux hommes. Il exorcisera également Ginevra lorsque la supercherie est découverte. Nuccio parvient à s'échapper. Lago lance deux hommes à ses trousses, deux parfaits nigauds, afin qu'il soit puni tandis
que Monna Lisa est envoyée chez les Carmélites. C'est alors que le véritable Frère Tazio arrive à Florence pour lui aussi pratiquer quelques bons exorcismes. Les tueurs engagés par Lago pour tuer le faux Tazio vont bien entendu se tromper de cible et s'en prendre au pauvre moine, pas aussi insensible aux charmes féminins qu'on pourrait le penser, créant toute une série de quiproquos.
Rien de très original dans ce scénario qui repose uniquement sur cet échange d'identité entrainant un enchainement de malentendus souvent fâcheux. Les scénaristes Leo Chiosso
et Gustavo Palazio ne se sont donc guère foulés et c'est placide qu'on suit donc cette décamérotique sans surprise au contenu téléphoné. Cette pochade vaut avant tout pour son contenu érotique puisque Fra' Tazio da Velletri est riche en scènes coquines plus ou moins salaces. S'il sait rester décent, les plans de nus sont tout même légion du moins dans la version intégrale et devraient ravir tous les fripons et fervents admirateurs de quelques unes des starlettes du genre, les blondes Margaret Rose Keil et Christa Linder en tête voluptueusement accompagnées de Annie Carol Edel ici à ses débuts, la future égérie
polsinienne Mirella Rossi , la vétérane Linda Sini et Dada Gallotti, elle mêmes entourées du girond Remo Capitano alias Frère Tazio et le plus fade Glauco Onorato, l'usurpateur, qui ne crève malheureusement guère l'écran.
Les allusions sexuelles sont tout aussi réjouissantes, parfois même plus pimentées que les séquences érotiques elles mêmes. On flirte sans cesse avec une certaine grivoiserie proche de la paillardise dont l'incantation magique du faux frère Tazio n'est qu'un petit exemple: "Terque quaterque testiculi tactis..." tout comme le sens très particulier que prend le célèbre "Vade retro Satana" dans la bouche de l'usurpateur. On joue sur les mots et les
expressions comme on joue avec les identités, le tout fonctionne, on rit de bon coeur. On aurait presque envie d'entonner par certains moments le fameux Curé de Cavaillon.
Fra' Tazio da Velletri restera également dans les annales pour sa célèbre rencontre entre le faux Tazio et Dante Alighieri en pleine écriture de sa Divine comédie. Il fallait oser cette trouvaille (notons qu'on retrouve aussi L'Alighieri dans Sollazzevoli storie di mogli gaudenti e mariti penitenti de D'Amato) d'autant plus que c'est Dante lui même en fin de bobine qui remettra les choses à leur place. On saluera la prestation de Massimo Pirri, le futur grand réalisateur à qui on devra quelques fleurons de l'euro-trash tels L'immoralità, Calamo ou Italia: ultimo atto?, dans la peau de l'écrivain.
Toujours au crédit du film, on retiendra ses jolis décors naturels que certains reconnaitront sans peine puisque Fra' Tazio da Velletri fut tourné dans la jolie ville médiévale de Gubbio en Ombrie et près des cascades de Treja. On appréciera les nombreuses références historiques et moyenâgeuses cette fois toutes fort justes donnant au film un semblant de crédibilité contrairement à d'autres oeuvres du même genre ainsi qu'une agréable partition musicale signée Carlo Savina.
Fra' Tazio da Velletri n'est peut être pas une inoubliable décamérotique encore moins la meilleure qui fut tournée, elle demeure cependant une divertissante friponnerie qu'on ne saurait que trop conseiller aux amateurs du genre.