Sexandroïde
Autres titres:
Real: Michel Ricaud
Année: 1987
Origine: France
Genre: Erotique / Horreur
Durée: 57mn
Acteurs: La compagnie du Petit Mescal dirigée par Daniel Dubois
Résumé: Un homme manipule une poupée vaudou à l'effigie d'une jeune fille qui se trouve en boite. A chaque coup d'aiguille, la malheureuse subit un nouveau martyr.
Une femme est torturée par un être monstrueux qui lui fera subir les pires sévices auxquels elle prend cependant goût. Ils finiront par s'unir dans le sang.
Une jeune veuve rend visite à son défunt époux qui repose à la morgue. Il s'agit d'un vampire qui ne tarde pas à se réveiller pour mieux violer la femme. Devenue à son tour vampire, elle se met à exécuter une danse avant de rejoindre son mari dans son cercueil.
Le défunt Michel Ricaud oeuvra essentiellement durant sa longue carrière dans la pornographie et fut l'auteur d'oeuvres souvent fort controversées qui pour certaines d'entre elles lui valurent une peine d''emprisonnement. En 1987 il se permet une petite parenthèse dans l'horreur théâtrale en fixant sur pellicule un spectacle érotique à grand succès basé sur la tradition du Grand Guignol et présenté en boîte de nuit dans le milieu des années quatre-vingt. Ainsi naquit Sexandroïde qui après de frileux débuts sur le marché vidéo gagna progressivement une solide réputation jusqu'à atteindre le statut de film culte auprès des
amateurs de plaisirs sadiens et autres réjouissantes déviances sexuelles.
Interprété par la troupe du Petit Mescal dirigée par Daniel Dubois, spécialisée dans les spectacles outrageusement gore réservés aux night-clubs de province, ce moyen-métrage se présente sous la forme de trois sketches inégaux qui ont pour point commun de mettre en scène certaines pratiques sadomasochistes particulièrement violentes et impressionnantes dans une ambiance souvent macabre.
Le premier segment, La dagyde, se déroule dans une boite de nuit voutée. Accoudée au bar
une jeune fille s'ennuie. Parallèlement une ombre manipule une poupée vaudou à son effigie, maudissant la pauvrette au brushing années 80 absolument parfait. Prise de malaise elle se rend aux toilettes pour vomir. A chaque nouveau coup d'aiguille, elle subit une nouvelle torture, de plus en plus atroce. Une présence invisible lui arrache alors ses vêtements, lui tranche un téton, une aiguille dans l'oeil lui fait ensuite verser des larmes de sang avant qu'une autre aiguille ne s'enfonce cette fois dans son vagin. Cette interactivité entre la poupée et la malheureuse s'achèvera à la lueur d'une flamme de bougie qui s'approche de plus en plus du visage de l'amulette. Défigurée, la jeune fille finira par se pendre.
Le deuxième sketch, Les sexandroïdes, inspiré par La Belle et la Bête, nous plonge dans un univers sadomasochiste extrême teintée de fantastique. Une femme descend des escaliers qui mènent à une nouvelle salle voutée aux tentures vives au milieu de laquelle trône une table sur laquelle est posée un crâne. Une voix-off sépulcrale annonce aux spectateurs que les personnes qu'ils vont voir ne sont peut être pas des acteurs mais des gens qui se servent de cette appellation pour satisfaire leurs instincts pervers et réaliser leurs fantasmes morbides. La jeune femme tire sur un homme encapuchonné et vêtu de noir, sorte de bourreau surgi d'un autre âge. Il se relève puis disparait tandis que la femme se déshabille
lascivement. L'homme réapparait cette fois sous les traits de la créature de Frankenstein. Il commence alors à la torturer. Le spectacle et les réjouissances peuvent alors débuter.
Basée sur la magie et l'illusion, ce second récit c'est un peu comme si Gérard Majax s'était déguisé en monstre de Frankenstein et son assistante en Scarlett lubrique et perverse, avide de sang et de violences charnelles. Si on pense parfois à certains live shows américains durant lesquels des "performers" subissaient les pires outrages sous l'oeil médusé et excité d'un public voyeur avide de sensations aussi fortes que déviantes on reste souvent pantois face à cette série de sévices qui va crescendo ou comment allier de la manière la plus atroce
souffrance et jouissance. Auto-flagellation, scarifications, lacérations, téton tranché au rasoir, langue arrachée, énucléation au couteau, baiser de sang... ne sont qu'une partie du menu que nous ont concocté les deux protagonistes adeptes de ces plaisirs sadomasochistes les plus extrêmes qui finiront dans un bain de sang lors d'un ballet satanique. Ils s'aimeront dans cette mare d'hémoglobine fraiche tout en se léchant langoureusement les plaies, n'en finissant plus de mourir. Si la mort est le plaisir ultime, l'homme s'éventrera donc, ses intestins sortant de la plaie béante, une scène qui n'est pas sans rappeler Anthropophagous, avant de rejoindre sa compagne dans la mort. Tel le Phénix, le couple
ressuscitera dans son propre sang.
Inspiré du théâtre de Grand-Guignol, ce sketch dont l'objectif premier reste la transgression est une vertigineuse plongée dans l'abominable où le réel se mêle à l'illusion. Au spectateur de faire la part entre le vrai, la plupart des sévices sadomasochistes, et l'artifice. Présenté comme une horrible chorégraphie macabre rythmée par une musique planante, ce récit qui devrait plaire à tous les fervents adeptes des donjons est particulièrement impressionnant, fascinant et donne au film tout son intérêt.
La dernière histoire, Les dents de l'amour, a pour principal personnage une jeune veuve
gothique qui rend visite à son défunt mari dans un salon funéraire. Elle réveille les sens de son vampire de mari grimé en Dracula. Ils font l'amour, il la mord puis retourne dans son cercueil. Devenue vampire, elle se met alors à danser entièrement nue sur le "What's love got to do" de Tina Turner avant de rejoindre son époux dans sa bière tandis que commence à défiler le générique fin toujours chanté par Tina Turner. Cet ultime segment, interminablement long même s'il ne dure qu'une dizaine de minutes, est très certainement le plus pitoyable. Aussi pathétique qu'insupportable il semble s'être greffé sur la pellicule dans le seul et unique but de la rallonger et d'atteindre une durée satisfaisante. Ce numéro de
pseudo danse macabre digne d'un pauvre cabaret de quartier est tout bonnement risible. Bien peu résisteront à l'envie de faire avance rapide face à une telle farce musicale droite sortie d'un malheureux Halloween de pacotille qu'on préférera oublier.
Excepté le deuxième sketch, particulièrement réussi et visuellement magnifique, interprété avec conviction par des spécialistes du sadomasochisme, de quoi faire grimper au septième ciel tous les amateurs d'érotisme crasse et morbide et pleinement satisfaire les aficionados de gore, Sexandroïde n'est qu'une petite pellicule vidéo à la limite de l'amateurisme, platement réalisée, truffée d'effets spéciaux aussi rudimentaires qu'archaïques comme cette
robe déchirée par une entité invisible, en fait un assistant qui l'arrache hors champ. On évitera de mentionner le doublage catastrophique très mal synchronisé du premier segment. Si on a cru bon d'y coller l'insupportable bande-son d'un quelconque porno, on ne pourra que pouffer de rire devant cette brave jeune fille qui parle et crie sans jamais ouvrir la bouche. Peut être n'est ce pas plus mal vu ses piteux talents de comédienne. Gageons que cette blonde idiote dut être engagée non pas pour sa façon de bouger devant la caméra mais plus pour sa facilité à jouer nue devant un objectif. Dubois lui même affirmait d'ailleurs qu'il était assez déçu du résultat car Sexandroïde est loin de représenter le spectacle originel, faute de moyens et surtout de temps. L'absence des réactions du public, supprimées pour l'occasion, fut pour Dubois une énorme erreur qui enlève au film beaucoup de son impact.
Malgré sa précarité, Sexandroïde reste néanmoins une curiosité vidéo à découvrir à réserver aux amateurs de ce type de bandes sadomasochistes afin d'égayer leurs nuits de débauche très particulières. On ne peut que valider!