Agguato sul fondo
Autres titres: L'invasion des piranhas / Les poissons cannibales / Killer fish / Treasure of the piranhas / The naked sun / Piranhas 2 Die rache der killerfische
Real: Antonio Margheriti
Année: 1978
Origine: Italie / USA / Brésil
Genre: Action / Horreur
Durée: 97mn
Acteurs: Lee Majors, Karen Black, James Franciscus, Marisa Berenson, Margaux Hemingway, Gary Collins, Charlie Guardino, Antonio De Teffe, Roy Brocksmith, Dan Pastorini, Frank Pesce, Fabio Sabag, Jorge Cherques, Chico Arago...
Résumé: Paul Diller et sa compagne Kate ont mit au point un plan astucieux pour subtiliser une grande quantité de d'émeraudes. Aidés d'une équipe d'aventuriers dirigée par Lasky, ils parviennent à dérober les pierres précieuses qu'ils cachent soigneusement au fond du bassin d'un barrage. Ils reviendront les récupérer quelques mois plus tard, le temps que l'affaire soit oubliée. Très astucieux, Diller a jeté une bonne centaine de piranhas dans le bassin afin de protéger les pierres précieuses. Ignorant cela, les complices de Diller tentent de les voler et se font dévorer par les dangereux poissons carnivores. Malheureusement, un cyclone détruit le barrage et les piranhas commencent à envahir les eaux. Coincés sur un bateau, Diller, un des complices, Kate, un photographe et son équipe vont en faire les frais...
L'Italie a toujours su suivre les traces des gros blockbusters américains en les adaptant à sa façon, cela n'est plus un secret. Après avoir plagié Jaws, elle ne pouvait faire l'impasse sur les fameux Piranhas de Joe Dante. Voilà donc que déboule en 1978 Agguato sul fondo, L'invasion des piranhas chez nous, Killer fish à l'international, L'invasion des piranhas mis en scène par Antonio Margheriti qui pourtant n'avait pas prévu de s'en retrouver aux commandes. Il est donc amusant de revenir sur la genèse de ce petit film d'aventures mâtiné
d'horreur aquatique. L'invasion des piranhas a vu le jour suite à l'abandon d'un film que Margheriti devait tourner pour le producteur Carlo Ponti. Dépité, Ponti, peu enclin à perdre l'argent investi, met alors en oeuvre un nouveau projet avec quelques uns des acteurs qui devaient participer au premier film et engage Lee Majors alors au sommet de sa gloire depuis le célèbre personnage qu'il incarna dans la série L'homme qui valait trois milliards. Egalement coproducteur de cette invasion poissonneuse, l'acteur permet ainsi à Ponti de vendre le film aux chaines américaines. Plus un téléfilm qu'un véritable film de cinéma,
L'invasion des piranhas voit son scénario écrit en quelques jours, une banale histoire de trafic de drogue que Margheriti grâce à son génie habituel transforme en une folle aventure océane à mi chemin entre le film catastrophe, le film d'horreur et le film d'action.
Un groupe d'aventuriers organise un hold-up dans une mine d'émeraudes. Le butin dérobé, ils décident de le cacher au fond d'un lac non loin d'un barrage le temps que l'affaire se tasse. Paul Diller, l'organisateur du hold-up, a infesté le lac de piranhas afin que le précieux trésor soit plus en sécurité. Certains des membres de l'organisation alors qu'ils tentaient de
s'en emparer en secret sont dévorés par les poissons carnivores. Malheureusement un ouragan détruit le barrage. Les piranhas envahissent alors la région. Coincés sur un bateau, les malfrats, un aventurier, une équipe de photographes et leur modèle vont en faire les frais.
L'histoire n'est guère originale mais Margheriti a suffisamment de métier et surtout de talent pour maintenir un certain suspens et retenir l'attention du spectateur jusqu'aux ultimes minutes. Il mélange les genres avec délectation et fait la part belle à l'action quasi continue. On n'a donc pas le temps de s'ennuyer ni de se poser des questions quant aux incohérences qui parsèment le film. On se laisse aller au rythme des nombreuses péripéties
que vont vivre ces trafiquants et quelques personnes embarquées bien malgré elles dans cette aventure. Ce sont bien entendu les piranhas du titre que beaucoup attendent. Ils sont bel et bien au rendez-vous et plutôt efficaces malgré quelques poissons en plastique qui nagent et surnagent ça et là. Leurs attaques sont régulières, assez féroces et souvent spectaculaires. Ils ont faim et le prouvent. Mais aussi curieux que cela puisse paraitre, leurs apparitions sont cependant supplantées par d'autres moments de bravoure dont ce cyclone qui s'abat sur les côtes en plein milieu du film. On n'est certes pas à l'échelle hollywoodienne mais l'ouragan dévastateur de Margheriti fait son effet grâce au savoir-faire du metteur en
scène et quelques maquettes joliment utilisées. Au menu également hormis ce raz de marée de nombreuses explosions et autres cascades vertigineuses et crash d'avion, des trahisons, un zeste de sexe ou plus exactement d'érotisme bon enfant le tout sur fond de paysages exotiques brésiliens, le film fut tourné au large des côtes de Rio de Janeiro. Voilà un cocktail savoureux servi par une brochette de comédiens de renom puisque outre Lee Majors on y retrouve James Franciscus en méchant cupide, Karen Black tout aussi victime que coupable, Marisa Berenson, Margaux Hemingway et ses T-shrt mouillés, Gary Collins et Antonio De Teffé en aventurier. On les a tous connu plus enjoués et investis, ils nous donnent cette fois le minimum syndical mais avec sincérité afin d'honorer leur contrat en
bons professionnels qu'ils sont.
Excepté une version française détestable souvent risible, on regrettera simplement certains passages à vide qui sentent le remplissage et font retomber le rythme notamment lors de la première partie telles ces interminables séances de photos idiotes au son d'une musique disco insupportable pourtant signée des frères De Angelis (et une chanson générique chantée par la disco queen Amii Stewart) ou les déconvenues amoureuses du trio Majors-Black-Hemingway. On aurait bien aimé que Margheriti comble les lacunes d'un scénario trop précaire de manière plus adroite et surtout intéressante. Mais cela n'est rien à comparer du
personnage qu'interprète Roy Brocksmith, le photographe de mode, une sorte de folasse obèse qui passe son temps à pousser de petits cris stridents et courir dans tous les sens en se lamentant comme une véritable pleureuse. Autant dire qu'on applaudirait presque lorsqu'il tombe à l'eau et se fait dévorer par les piranhas qui, soyons en certain, ont du faire ripaille! On sera cependant un tantinet indulgent puisqu'il est flanqué d'un jeune assistant tout à fait séduisant mais malheureusement quasi muet, Chico Arago, dont ce fut malheureusement la seule et unique apparition au grand écran.
L'invasion des piranhas est une fort sympathique et divertissante petite série B menée avec efficacité par un Margheriti peut être pas au meilleur de sa forme mais qui prouve une fois de plus son talent pour mettre en scène de bons films familiaux malgré un budget ou des conditions de travail pas forcément évidentes au départ.