Left handed
Autres titres: Le gaucher homosexuel / Le gaucher homo / Le gaucher
Real: Jack Deveau
Année: 1972
Origine: USA
Genre: X
Durée: 87mn
Acteurs: Ray Frank, Larry Burns, Al Mineo, Robert Rikas, Alex Marks, Bob Williams, Warren Maris, Teri Reardon...
Résumé: Ray est en quête de plaisirs charnels. Il se rend dans des toilettes publiques. Il y rencontre un jeune homme qui ne demande qu'à le satisfaire. Il va ensuite voir Larry, un jeune antiquaire dealer. A son arrivée à la boutique il remarque la présence de Bob, un hétérosexuel qui achète sa dose de marijuana. Ray n'a d'yeux que pour lui. Après s'être renseigné auprès de Larry afin de savoir qui il est, il rentre chez lui et se met à fantasmer sur l'antiquaire. Le lendemain, il rencontre Bob, ils font sauvagement l'amour. Ray tombe amoureux de l'hétérosexuel. Leur belle histoire ne durera qu'un temps car Ray a besoin d'autres hommes au grand désespoir de Bob...
Fondateur en 1972 de la célèbre maison de production Hand in Hand films spécialisée dans le porno gay, l'américain Jack Deveau s'est très vite taillé une solide réputation dans l'univers de la pornographie masculine grâce à toute une série d'oeuvres aussi originales que puissamment fantasmatiques qui n'ont rien à envié à celles entre autres de Wakefield Poole. Left handed sorti en France sous le titre Le gaucher homosexuel est le tout premier hardcore qu'il tourna pour la Hand in Hand aujourd'hui devenu un classique du genre, un véritable petit bijou aux yeux de tous ceux qui aiment la virilité crasse et le sexe facile, magnifique reflet de toute une génération pré-sida où on osait encore laisser parler nos désirs les plus intenses sans retenue aucune.
Ray, un jeune hippie, aime arpenter les rues sans cesse à la recherche de plaisirs virils. Il erre aux abords des toilettes publiques où les rencontres sont si faciles, pissotières et cabines individuelles regorgeant de garçons gourmands toujours prêts à le satisfaire. C'est dans un de ces WC aux murs couverts de graffitis obscènes, de rendez-vous gribouillés au feutre, que s'ouvre le film, une solide copulation entre deux mâles insatiables dans les odeurs d'urine sous l'oeil espion de voyeurs venus se soulager la vessie. Ray se rend ensuite à la boutique d'un de ses amis, Larry, un jeune antiquaire défoncé qui deale de la marijuana. Il y fait la connaissance d'un cow-boy hétérosexuel, Bob, venu lui acheter de l'herbe. Tombé sous son charme, Ray s'informe de ses habitudes auprès de Larry afin de
pouvoir le revoir puis rentre chez lui. Il se met alors à fantasmer sur Larry et se donne du plaisir conscient d'être épié par un voisin voyeur. Le lendemain, il retourne chez l'antiquaire et aborde Bob. Ils font connaissance, Ray l'emmène chez lui, ils font l'amour. Bob découvre avec lui son homosexualité, délaisse sa petite amie qui finira par le quitter. Les deux hommes sont dorénavant inséparables, chacun découvrant l'univers de l'autre. Jaloux de cette relation, Larry va tenter de briser leur relation en organisant une orgie dans l'espoir que Ray y participe et oublie Bob. Le plan fonctionne à merveille. Noyé au milieu de ce gang-bang, nageant dans une mare de phallus dégoulinants, gonflés de désir, Ray ne pense déjà plus à Bob qui désespéré laisse couler une larme, tapi dans l'ombre, non loin de chez Larry.
Exemple type du film pornographique vintage gay, Le gaucher homosexuel est une parfaite représentation de la sexualité, l'homosexualité, des années 70, libre et poisse, de cette génération post-Woodstock lorsque cheveux longs et système pileux développé étaient d'actualité, quand les plaisirs charnels se noyaient au milieu d'un nuage de vapeur pourpre ou de fumée senteur cannabis. C'est aussi l'époque de la drague sauvage, des lieux publiques notamment les toilettes où les hommes qui aiment les hommes se retrouvent, s'espionnent, s'offrent affalés dans les pissotières jaunies ou confinés dans la fausse
intimité des compartiments individuels. C'est justement là que Deveau plante sa caméra lors de l'ouverture du film pour y suivre son principal protagoniste, Ray, un garçon barbu aux cheveux longs qui passe le plus clair de son temps à déambuler dans les rues en quête de sexe. Epié par un jeune homme qui l'observe entrain d'uriner tout en se masturbant, Ray le rejoint pour quelques moments de sexe brulants, une séquence qui à elle seule donne le ton du film. Comme beaucoup d'autres réalisateurs d'alors, Deveau filme le sexe sous un angle peu ragoutant. Le dessous des ongles est noir, poils et cheveux collent à la peau, on boit de
la bière tout en fumant de la marijuana, les pupilles sont dilatées, le sperme coule sur les jeans sous lesquels on ne porte rien. Left handed respire l'odeur du sexe, illustre cette beatnick generation adepte du free love qu'incarnent Ray, Larry, l'antiquaire hippie, et leurs amis. Oublié le joli modèle du beau gosse aseptisé parfumé aux essences Dior Deveau met en avant un homo-érotisme viril certes excrémentiel mais puissamment excitant qu'on retrouvera tout au long du film même si Deveau va jouer sur deux tableaux avec l'arrivée de Bob et sa relation amoureuse naissante avec Ray. On a d'une part le prototype même du
garçon des villes et ses vices urbains, de l'autre l'homme de la campagne, le fermier, le cow-boy sain et viril, l'idéal masculin hétérosexuel qu'on rêve de voir passer de l'autre coté de la barrière. Le sexe pour le sexe pour l'un, l'amour idyllique pour l'autre. De quoi alimenter de superbes séquences de sexe, énergiques, volcaniques si ce n'est tellurique puissamment fantasmatiques parfois troublantes: la sodomie sismique sous la douche, les jets de l'eau se mêlant aux jets de sperme, les ébats campagnards des deux amants dans une écurie ou au bord d'une rivière cristalline au beau milieu d'un champ sous un ciel hivernal en sont de brillants exemples.
En véritable artiste, Deveau met en place toute une fantasmatique gay non seulement filmée de manière magnifique mais également avec originalité qui donne à l'ensemble une touche fort agréable. On s'abandonnera sur cette longue séquence aux limbes de l'onirisme où, une fois chez lui, Ray se déshabille puis s'allonge lascivement sur son divan, uniquement vêtu d'un T. shirt et d'un mini slip blanc quasi transparent qui laisse deviner son intimité. Il se met alors à se masturber tout en se projetant dans une étonnante fantasmagorie en noir et blanc durant laquelle il s'offre, docile et soumis, à l'antiquaire. Rêve et réalité s'entremêlent
furieusement jusqu'à l'explosion orgasmique filmée à travers les barreaux d'une cage à oiseaux, couleur et noir et blanc se juxtaposant dans la plus parfaite des harmonies. Les premiers ébats de Ray et Bob sont quant à eux filmés comme une superbe oeuvre d'art. De leurs corps entrelacés sur fond noir, comme s'ils nageaient dans le néant, un sorte de rêve éveillé comme celui que vit Bob lors de cette première fois, Deveau en fait de véritables sculptures de chair qui se font et se défont tandis que leur ultime accouplement sera quant à lui montré sous lumière infra-rouge comme si la nuit était déjà tombée sur leur amour, annonçant sa fin toute proche.
Jaloux de leur relation l'antiquaire organise une orgie à laquelle est convié Ray dans le but inavoué de lui faire regretter son ancienne vie. Rasé de près pour le plaisir de son bel amant, une très belle scène où il abandonne sa barbe face à la caméra, il se rend cependant chez Larry et succombera à la tentation, retombera dans ses travers. En quelques instants, il a définitivement oublié Bob qui l'observe au loin, les larmes aux yeux. Les histoires d'amour finissent mal en général, voilà qui est connu, ici au profit du sexe. Cette ultime partie nous plonge au coeur d'une longue et hallucinante partouze aux parfums de Marie-Jeanne, triomphe du sexe sur l'amour, des plaisirs de la chair sur les sentiments, dont le point
d'orgue, ou le poing d'orgue devrions nous plutôt dire, est un plongeant fist fucking, une scène qui fut autrefois expurgée de la première édition vidéo puis réintégrée lors de la ressortie du film ainsi que dans la récente édition DVD.
Left handed est un film sombre. Il n'est que la triste réalité d'un univers aux amours illusoires, celui de l'homosexualité, où on privilégie le sexe avant les sentiments tout en dépassant sans cesse ses limites en quête de plaisirs infinis.
Outre son statut de film culte Left handed fit également date dans l'histoire pour avoir été le premier porno gay à utiliser une bande originale spécialement composée pour le film. Entre jazz rock, rock progressif et
rock psychédélique, sublime, elle devrait ravir au plus haut point tous les inconditionnels de pop et de rock fortement estampillée début années 70 à l'image même de la distribution qui de son coté fera fantasmer tous les amoureux de garçons aux cheveux longs, au torse velu orné de médaillons peace and love, une bière en main, un joint au coin des lèvres mais qui ne portaient rien sur leurs jeans pattes d'éph' trop moulants. On se frisera l'explosion des sens face à la beauté crasse de Ray Frank dont ce fut le seule prestation à l'écran, on se pâmera devant Larry Burns, le bel antiquaire sodomite au poing correctement lubrifié, qui n'a rien à voir avec l'acteur éponyme récurrent des séries télévisées d'alors comme l'affirme
stupidement l'Imdb. Quant au très viril Robert Rikas, vu par la suite dans quelques X gay (American cream) et hétéros, il fera un effet certain sur ceux sur qui le charme légendaire du cow-boy fonctionne.
Le gaucher homosexuel, un des premiers films porno gay à avoir été distribué en France, qui jadis trôna fièrement à l'affiche du mythique Hollywood boulevard à Paris, fait définitivement partie de ces X qui savaient allier la pornographie à un cinéma plus artistique et intelligent, de ces hardcore tant hétéros que homos qui donnèrent à la pornographie ses lettres de noblesse en faisant de ces oeuvres de véritables films de cinéma. Voilà une pellicule 100% masculine (si on excepte une trop longue scène hétéro sur laquelle on fera bien sûr l'impasse à moins d'admirer le membre épais de Robert Rikas) qui ravira tous les nostalgiques de la drague en pissotière, les amoureux des années 70 bercés par Hendrix, les adeptes du sexe viril qui sent les pieds et la transpiration, des mâles qui étaient des mâles loin de cette génération lisse et savonnée aux coupes gelées qui se trémousse sur les rythmes pré-fabriqués d'une Mylène, pleureuse rousse faussement névrosée. Hymne phallique, gageons que ce gaucher devrait faire travailler la main droite de son public.
Oui au sexe, non à l'amour... voilà qui colle au crédo du Maniaco.