Le grand retour de Larry Clark sur les écrans: sortie imminente de The smell of us
Nous avions il y a quelques mois été parmi les premiers à vous l'annoncer alors que planait encore autour du projet une ombre de mystère aujourd'hui enfin levée. Se fera t-il, ne se fera t-il pas? Deux ans après Marfa girl uniquement visible en streaming sur le site de son auteur, l'immense Larry Clark est bel et bien de retour. Il présentera en effet son nouvel opus tourné à Paris, The smell of us, le 14 janvier 2015, date officielle de sortie du film en France.
Particulièrement controversé pour l'ensemble de son oeuvre souvent jugée aussi sulfureuse que subversive par ses détracteurs, Larry Clark retrouve ici son terrain de prédilection, cette adolescence, cette "youth culture" qui le fascine et nous fascine tellement, ses affres, ses tourments, ses dérives, sa sexualité, à un âge où on a troqué définitivement ses romans de la Bibliothèque rose pour des revues pornographiques. Fidèle à lui même, Larry Clark nous immerge de nouveau dans l'univers de jeunes marginaux, celui des skateboarders qu'il
affectionne tant pour dresser une fois de plus un portrait quasi sociologique et sans concession d'un groupe d'adolescents menés par Math et JP, des street boys issus de la nouvelle jeunesse dorée parisienne, ces nouveaux paumés qui fuient les réalités de la vie mais aussi d'internet dans la drogue, l'alcool, le sexe, les soirées de débauche et les squats. Cela mettra de plus en plus en évidence leurs failles, leurs faiblesses, leurs blessures les plus profondes mais également leurs perversions jusqu'à atteindre le point de non retour.
The smell of us se veut une vision crue de plus de cette jeunesse à la dérive, une idée née en 2010 après que Larry Clark ait crée la polémique suite à une exposition au Musée des Arts de Paris où il présentait toute une série de clichés qui mettaient en scène la découverte de la sexualité adolescente qualifiés de pornographiques. Une bêtise d'une profondeur abyssale sur laquelle nous nous étendrons pas ici ! C'est néanmoins à cette occasion qu'il rencontra un jeune artiste nantais de 22 ans qui lui proposa un scénario qu'il retravaillèrent ensemble durant de longs mois. De cette collaboration naquit ce film qui comme Marfa girl fut financé par le crowdfunding. The smell of us renoue avec l'esprit, le coté sulfureux de Kids
et de Ken park pour le plus grand bonheur de son public quelque peu déçu par un Wassup rockers trop sage sexuellement parlant tant il nous avait habitué à filmer de manière aussi incisive qu'explicite la débauche, le sexe, la violence, la drogue et la rue.
Clark a de nouveau fait appel à de jeunes comédiens pour la plupart non professionnels, tous plus affriolants les uns que les autres, qui soyons en sûrs ne laisseront aucun d'entre nous de glace, dévoilant leur corps, impudiques, insolents, à la caméra du maitre-artiste comme en témoigne cette première bande-annonce fort alléchante. Parmi tous ces inconnus qui ne le seront bientôt plus, outre la présence du toujours fascinant Michael Pitt, celle de Lucas Ionesco, le fils émérite de la reine Eva, est donc définitivement confirmée. Les cheveux mi-longs, s'il a hérité de la moue de son illustre mère, il a également hérité de son talent et de son aisance à se mouvoir face à l'objectif tant des photographes comme modèle pour de superbes portraits d'un homo-érotisme foudroyant, que des metteurs en scène. Nouvelle icône gay, Lucas qui incarne Math, le leader avec son ami d'enfance de cette bande de désoeuvrés, se livre nu, dévoilant ses charmes les plus intimes, totalement désinhibé, tragique et désespéré. N'est ce pas là une des nombreuses raisons pour se précipiter voir The smell of us dés le 14 janvier.
Voilà un début d'année 2015 de toute beauté qui aura de quoi réchauffer nos corps endoloris par les frimas d'hiver. Maitre Clark, passé maitre ès-esthète de la youth culture, plus en forme que jamais, nous prouve s'il en était besoin qu'il n'a rien perdu ni de sa verve ni de sa maestria. Par l'odeur du jeune mâle alléchés, nous voilà hypnotisés!