Giorni d'amore sul filo di una lama
Autres titres: Meurtre au rasoir / Sur le fil du rasoir / Love and death on the edge of a razor
Real: Giuseppe Pellegrini
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Drame / Polar
Durée: 91mn
Acteurs: Peter Lee Lawrence, Erika Blanc, Ivana Novak, Silvano Tranquilli, Orazio Stracuzzi, Fabio Garriba, Enzo Loglisi, Fausto Del Chicca, Ubaldo Pasqualetti, Pietro Torrisi, Carlo Papi, Giorgio Del Lullo...
Résumé: Stefano est en voyage à Venise avec son père, un riche industriel. Lors d'une rencontre avec son Eminence, Stefano fait la connaissance de Lidia, une splendide jeune fille dont il tombe éperdument amoureux. Ils décident très vite de se marier dés que Stefano sera de retour d'un voyage d'affaires. Malheureusement Lidia décède dans un accident de la route. Inconsolable, Stefano noie son chagrin dans les bras de Giovanna mais il ne peut oublier Lidia. Un jour il croise une photographe, parfait sosie de sa défunte fiancée. Troublé, il se rend au cimetière pour y découvrir que sa tombe a disparu tout comme les journaux qui annonçaient sa mort. Stefano décide d'élucider ce mystère et se retrouve au coeur d'un trafic de stupéfiants...
Seule et unique réalisation du scénariste Giuseppe Pellegrini, Giorni d'amore sul filo di una lama risque de fortement décevoir ceux qui pensaient visionner un passionnant et sanglant giallo comme le laissait supposer ce très prometteur titre sous lequel le film fut distribué en vidéo en France. Meurtre au rasoir n'est en aucun cas un giallo, il n'y a d'ailleurs ni rasoir ni meurtre, même si très souvent on le retrouve classé dans cette catégorie. Tout au plus pourrait on dire qu'il s'agit d'un anodin petit thriller hitchcockien, Meurtre au rasoir est avant tout une sorte de drame pseudo romantique, un mélodrame vénitien sur fond de contrebande particulièrement ennuyant si ce n'est parfaitement risible.
Stefano est le fils d'un riche homme d'affaires. Lors d'une visite à Venise il fait la connaissance de Lidia dont il tombe éperdument amoureux. Les deux tourtereaux ne tardent pas à vouloir se marier. Alors qu'il est en voyage, son père lui apprend que Lidia a été tuée dans un accident de la route. Désespéré, il se jette dans les bras de Giovanna mais ne parvient pas à oublier Lidia. Un jour, Stefano aperçoit une photographe qui est le parfait sosie de Lidia. Troublé, il se rend au cimetière et découvre que sa tombe ne semble n'avoir jamais existé. Plus étrange les journaux annonçant son décès ont eux aussi disparu. Stefano va
tenter de rencontrer la photographe et élucider ce mystère. Il se retrouve alors au centre d'un trafic de narcotiques orchestré par un petit mafieux qui se trouve être l'amant terriblement jaloux de la photographe. Cela n'arrête cependant pas Stefano qui en outre doit se retourner contre ses parents qui veulent qu'il épouse Giovanna, une jeune fille parfaite pour eux. Malgré les pièges que lui tendent les contrebandiers Stefano s'entête. Il est fait finalement prisonnier. C'est alors que la photographe surgit et le libère. Il s'agit bel et bien de Lidia qui va lui expliquer les raisons de cette cruelle machination juste avant que les contrebandiers n'arrivent et tentent de les tuer.
Rebaptisé Sur le fil du rasoir pour sa sortie plus ou moins officielle en salles, Giorni d'amore sul filo di una lama est bâti sur un mensonge, celui de son titre bien entendu qui parvient à faire croire monts et merveilles quant au contenu mais aussi celui qu'on fait croire au pauvre Stefano fou amoureux de sa dulcinée qu'il croit morte. Le scénario n'est pas nouveau, il fut même à l'origine d'excellents films, mais sous la houlette de Pellegrini c'est à un véritable gâchis auquel on assiste. Cela partait pourtant bien, l'espace de quinze minutes, qui déjà semblaient bien longues tant elles sont mielleuses. Sur fond d'une Venise de carte postale, Pellegrini nous la fait visiter de fond en comble, il enchaine les plans les plus mièvres qu'on puisse imaginer. Nos deux tourtereaux se transforment en deux adolescents idiots sortis d'un enfantillage de la Comtesse de Ségur, insupportables de niaiserie. Il accumule les stéréotypes de roman-photo les plus éculés jusqu'à plus soif accompagné d'une musique sirupeuse signée des frères De Stefano qui plagient Ennio Morricone. Mais c'est bien connu, trop de musique tue la musique. Aussi belle soit elle, elle devient très vite insupportable tant elle est envahissante et répétitive.
Après cette ouverture sur pétales de roses, Meurtre au rasoir s'enlise soudain vers le film de contrebande mafieux mâtiné d'un soupçon d'espionnage dés lors que Stefano croit voir sa défunte fiancée. Le manque d'originalité et l'absence de tout suspens laisse rapidement entrevoir le pourquoi du comment. Elle est évident que Lidia est vivante, que Stefano est au coeur d'un complot dont on devine très vite que sa famille en est à l'origine. On devine tout aussi vite que l'argent en est la raison. Le film n'a plus aucun intérêt au bout de trente minutes. C'est alors que pour relancer une histoire qui prend l'eau de partout, Pellegrini oriente son scénario vers le pur mélodrame pimenté de quelques scènes d'action que
requiert cette sous intrigue contrebandière qui essaie vainement de se greffer sur cette machination familiale. On atteint alors des sommets d'absurdité tant on se demande quelle crédibilité accorder à ces trois mafieux idiots et caricaturaux qui ressemblent à une mauvaise plaisanterie menés par un gringalet gominé interprété par Enzo Loglisci, imbu de sa personne, répétant sans cesse entre deux dialogues d'une incroyable bêtise son nom. Pellegrini nous assène même quelques séquences d'anthologie dont les inoubliables dérouillées que donnent les acolytes de Massara au malheureux Stefano, la palme de la crétinerie revenant sans nul doute au pauvre Pietro Torrisi, ex-culturiste moulé ici dans un
pantalon marron trop serré et un polo rose pastel du plus bel effet qui semble s'être égaré dans un film de karaté, mimant chacun de ses gestes avant de se figer étrangement lorsqu'il ne frappe après que sa victime ait déjà été propulsée par un assaillant invisible. Si on évitera de parler de son regard de merlan frit à chaque gros plan sur son visage Torrisi, un des premiers acteurs hardistes à avoir tourné des scènes pornographiques en Italie tout de même, a au moins l'avantage d'être drôle contrairement à Lorenzo Loglisci, cabotin jusqu'à l'écoeurement, d'un ridicule inqualifiable dont l'apothéose semble être sa scène finale à la limite de la farce de potache.
On ne cherchera aucune logique au film, pas une seule seconde crédible à l'image même des acteurs aussi peu convaincants que convaincus de ce qu'ils sont obligés de réciter et faire. Meurtre au rasoir distille un ennui continu qui va malheureusement croissant jusqu'au final larmoyant qui semble s'étirer et ne plus finir. On a envie de crier Stop, on a envie de fuir et si on a les yeux embués ce n'est parce que la belle Lidia est sur son lit d'hôpital agonisante mais tout simplement de fatigue et de lassitude face à une telle ineptie. Qu'est ce qui pourrait bien sauver le film de Pellegrini aux yeux du spectateur? Quelques belles images de Venise très mal utilisée soi dit en passant, la présence de Erika Blanc peut être
qui trouve là un de ses plus mauvais rôles. Erika est belle mais nullement mise en valeur, un fait aggravé par les tenues qu'elle porte. Erika est présente, cela suffira même si elle devient vite irritante dans la peau de cette jeune femme transie d'amour. Ivana Novak, bovine, globulaire, se déshabille. Peter Lee Lawrence est divinement beau, on a même droit à quelques furtifs nus mais il semble égaré dans une histoire qu'il ne comprend pas ou ne cherche tout simplement pas à comprendre, honteux des dialogues qu'on lui a réservé qui achèvent de tuer la niaiserie de son personnage. Soulignons que le regretté Peter Lee et
Erika avaient été la même année partenaires dans l'excellent et particulièrement morbide Amore e morte nel giardino degli dei dans la peau de ce frère et cette soeur incestueux.
Giorni d'amore sul filo di una lama n'est qu'une insipide bluette pseudo policière, une mièvrerie désuète destinée aux romantiques extrêmes et jeunes filles en fleur qui entre deux cours de catéchisme rêvent en secret du Prince charmant, un bouquet de roses en main. Hormis ce public bien particulier, le film aura très vite raison des plus endurcis malgré toute la bonne volonté du monde. Voilà une épreuve qu'il faut affronter avec force et courage surtout pas un jour de grosse fatigue. A réserver aux amoureux invétérés de Erika et les admirateurs incontestés du lumineux Peter Lee.