Hipnosis
Autres titres: Le tueur à la rose rouge / Ipnosis / Ipnosi / Dummy of death /
Real: Eugenio Martin
Année: 1962
Origine: Espagne / Italie
Genre: Thriller
Durée: 90mn
Acteurs: Götz George, Heinz Drache, Jean Sorel, Eleonora Rossi Drago, Margot Trooger, Massimo Serato, Werner Peters, Mara Cruz, Guido Celano, Michael Cramer, Ana María Montaner, José María Caffarel, Diana Rabito, José Villasante, Antonio Queipo...
Résumé: Georges Von Cramer est ventriloque. Avec sa marionnette, Grog, et sa fiancée, Magda, il a mis au point un numéro de spectacle basé sur l'hypnose. A la fin d'une des représentations, Chris, un admirateur de Magda, tente de s'introduire dans sa loge pour lui offrir des fleurs. Il se trompe malheureusement de pièce et pénètre dans celle de George. Il en profite pour lui dérober de l'argent. Surpris par l'artiste il l'assomme. L'impresario du couple, Erik, également l'amant de Magda, l'aperçoit entrain de fuir. En découvrant George inanimé, Erik voit là une superbe occasion de se débarrasser de lui. Il le tue et fait accuser Chris. Seul témoin du meurtre, la marionnette. Pensant être insoupçonnable, Erik va vite désenchanter. A peine rentré chez lui, il est non seulement persécuté par Chris qui le fait chanter mais également par la marionnette qu'il retrouve mystérieusement dans son appartement. Pensant que Chris est à l'origine de ses tourments, il le tue après l'avoir piégé mais les persécutions et les apparitions de Grog continuent. Carmen, la soeur de Chris, est elle à l'origine de ces étranges évènements, quelqu'un aurait il assisté à l'assassinat et tenterait de faire peur à Erik, serait il à l'origine d'un machiavélique complot, est ce Georges qui se vengerait d'outre tombe ou son esprit aurait il pris possession de sa marionnette, les victimes sont elles toutes bien réellement mortes, autant de questions qui trouveront une réponse lors d'un terrible final particulièrement trépident...
Essentiellement connu en France pour un très intéressant petit film d'horreur à la patte "so british", Terreur dans le Shangaï express, le trop méconnu réalisateur espagnol Eugenio Martin est également à l'origine de toute une série de pellicules toutes plus divertissantes les unes que les autres qui n'ont pour la plupart jamais passé la frontière. Parmi elles quelques westerns et petit films d'aventures mais surtout l'audacieux et subversif A candle for the devil / Una vela para el diablo et Hipnosis / Ipnosi / Le tueur à la rose rouge un inquiétant thriller horrifique qui d'une certaine manière inaugurait les futurs films de marionnettes diaboliques.
Georges Von Cramer est ventriloque. Avec sa fiancée Magda, il organise des spectacles d'hypnose dans lesquels sa marionnette, Grog, tient une place substantielle. A la fin d'une représentation, Georges regagne sa loge. Il est alors assommé par un admirateur de Magda, Chris, venu apporter des roses à son idole mais il s'est malheureusement trompé de loge. Chris en profite pour dérober de l'argent. Seul témoin de la scène, la poupée. En voulant fuir, Chris est repéré par Erik Stein, l'impresario du couple, qui est secrètement amoureux de Magda. En découvrant Georges inconscient, Erik voit là l'occasion de se débarrasser de son rival. Il le tue sous le regard figé de la marionnette et fait passer son crime odieux sur le dos de Chris. Immédiatement recherché par la police, Chris doit se cacher mais il entend bien prouver son innocence en demandant l'aide de sa soeur Carmen.
Si Erik pense avoir commis le crime parfait et ainsi pouvoir épouser Magda, enfin libre, c'était sans compter les étranges évènements qui vont se produire dans sa vie. Non seulement il retrouve la poupée dans son appartement mais Chris va le faire chanter. Erik doit alors très vite l'assassiner et cacher son corps dans la cave. Malheureusement pour lui, d'autres faits toujours plus mystérieux continuent de se produire et menacent sa tranquillité tandis que l'horrible Grog lui apparait comme par enchantement, le fusillant du regard, assis immobile sur une chaise. Pensant que Carmen est à l'origine de ses tourments, il imagine un plan pour à son tour la tuer. Malgré cela, Erik est encore et toujours persécuté par un ennemi invisible, caché dans sa villa, prêt à le rendre fou afin qu'il avoue enfin ses macabres forfaits.
Machiavélique complot, vengeance d'outre tombe, qui est mort ou ne l'est pas, Grog est il doté d'une âme, est ce lui qui venge la mort de son maitre... autant de questions qui trouveront une explication étonnante lors d'un angoissant et explosif final.
Premier véritable film d'horreur italien malgré une très large contribution espagnole, si Hipnosis / Ipnosi joue la carte de l'irrationnel il n'en reste pas moins un véritable thriller à fortes connotations macabres. Martin, d'une implacable logique, tisse une véritable toile d'araignée autour de son principal personnage, le bel Erik, l'impresario bellâtre amoureux de la fiancée de son meilleur ami, afin qu'il avoue ses horribles crimes. Martin connait son
métier et se fait un plaisir à brouiller les pistes à grands renforts de savoureux et souvent cruels rebondissements qui plus le film avance plus rendent l'intrigue opaque et mystérieuse. Elle est à la base assez simple, axée sur le traditionnel triangle amoureux composé du ventriloque, de sa fiancée et assistante et de l'amant, leur impresario et meilleur ami, une relation triolique impossible du moins tant que l'artiste n'a pas été évincé. Classique et sans surprise jusque là. C'est un évènement inattendu qui va bouleverser l'ordre des choses et offrir à l'amant une opportunité en or de se débarrasser de lui, l'arrivée d'une quatrième personne, celle d'un malencontreux petit voleur sans envergure venu dérober quelques billets à Georges après s'être trompé de loge. Quoi de mieux en effet de le faire accuser du meurtre d'autant plus qu'il n'y a aucun témoin, le crime parfait en somme. Ou
peut être pas aussi parfait qu'on pourrait le croire car quelqu'un ou plutôt quelque chose a assisté au crime: Grog, la marionnette du ventriloque, une horrible poupée.
C'est là que Eugenio Martin introduit l'élément fantastique qui donne au film son coté macabre, ce nuage de surnaturel si délectable. Troublant à bien des niveaux, une des grandes réussites de Hipnosis est d'avoir su entretenir le suspens jusqu'aux ultimes révélations, à faire douter le spectateur de ses propres conclusions et lui faire tisser mille hypothèses afin de trouver une explication logique au cauchemar que vit Erik, persécuté par un ennemi maitre-chanteur aussi invisible que déterminé supposé connaitre son secret.
Voila qui serait une fois encore assez traditionnel si les différents suspects ne disparaissaient pas tour à tour ne laissant sur la liste que l'horrible poupée, omniprésente, fixant le malheureux de son regard figé. Doit on croire aux fantômes, à la réincarnation par hypnose, à une vengeance post-mortem afin de découvrir l'identité du coupable, l'effet de surprise est garanti même si les révélations finales sont un peu tirées par les cheveux et pourront un brin décevoir, unique grain de sable dans une oeuvre diabolique quasi parfaite à l'instar de son meurtre initial.
Rondement mis en scène par un Eugenio Martin ingénieux et professionnel, Hipnosis est un thriller captivant, passionnant, agrémenté de quelques séquences propre à générer bien des frissons notamment celle du meurtre de Chris, inventif et surprenant, celle de la pelleteuse meurtrière qui n'est pas sans rappeler l'ouverture de Folie meurtrière, la tentative d'assassinat de Carmen, menacée d'être lentement écrasée sous le sol du théâtre et la longue scène finale digne d'un film d'horreur sans oublier les quelques apparitions de la marionnettes au visage effrayant. On regrettera peut être que l'hypnose ne soit pas plus présente et ne soit en fait qu'un prétexte à une inquiétante ouverture, la présentation du numéro du ventriloque, et faire planer le doute quant à savoir si oui ou non elle a permis à l'esprit de Georges de posséder l'affreux Grog... ou l'illustration une fois de plus de cette relation souvent effrayante entre l'artiste et sa marionnette.
Magnifié par un superbe noir et blanc qui appuie son coté angoissant, Hipnosis bénéficie également d'une solide interprétation de la part d'un Jean Sorel tout jeune et déjà si envoutant, particulièrement dans son rôle qui d'une certaine façon annonçait ses futurs gialli, Eleonora Drago-Rossi et Mara Cruz tout simplement excellentes. On soulignera l'apparition de Massimo Serrato dans le rôle trop court du ventriloque.
Hipnosis est un très bon thriller horrifique, totalement maitrisé, quasiment sans faille, d'une parfaite logique dans son irrationalité malgré ses quelques faiblesses dans la résolution de son énigme. Eugenio Martin signe tout de même là un film diablement efficace qui devrait plaire et donner quelques frissons à tout ceux que les films avec des marionnettes et autres poupées mettent mal à l'aise. Grog a de quoi leur faire faire de doux cauchemars. Un régal italo-ibérique à découvrir d'urgence!