La orgia de los muertos
Autres titres: Les orgies macabres / The hanging woman / L'orgia dei morti / Return of the zombies
Real: José Luis Merino
Année: 1973
Origine: Espagne / Italie
Genre: Horreur
Durée: 94mn
Acteurs: Stelvio Rosi, Gérard Tichy, Maria Pia Conte, Paul Naschy, Dyanik Zurakowska, Isarco Ravaioli, Carla Mancini, Pasquale Basile, Aurora De Alba, Eleonora Vargas, José Cardenas, Catlos Quiney, Giuliana Garavaglia, Alessandro Perrella...
Résumé: Le Comte Milahy vient de mourir. Il est enterré dans la crypte de son château. Son épouse, Mary, découvre une lettre que le comte a écrit avant de décéder. Horrifiée elle se sauve. C'est alors qu'elle voit quelque chose d'effroyable dans le cimetière. Au même instant le neveu du Comte, Serge, arrive au village. Il découvre Mary pendue à un arbre. Bouleversé, il se rend au château où il fait la connaissance de Nadia, la fille du comte, du professeur Leonidas et de sa fille Doris ainsi que du fossoyeur, Igor. Tourmenté par le suicide de Mary, Serge décide d'enquêter. La police découvre les penchants nécrophiles de Igor qu'elle accuse d'être le meurtrier. Il s'enfuit sans avoir eu le temps de révéler de terribles secrets. Serge se retrouve alors plongé au coeur d'un monde où magie noire, vaudou et expériences démoniaques se mêlent tandis que les morts semblent sortir de leur caveau. Qu'est il arrivé à Mary? Qui a tué Igor avant qu'il n'ait eu le temps de faire ses révélations? Qui est vraiment Leonidas et quelle horrible relation entretenait il avec le Comte? Ce que va découvrir Serge dépasse tout ce qu'il pouvait imaginer...
Plus connu pour ses westerns et films d'aventures, José Luis Merino s'essaie en 1973 avec bonheur au film d'horreur avec La orgia de los muertos retitré sous nos cieux Les orgies macabres, un titre bien alléchant qui résume en partie cette jouissive petite pellicule qui prouve une fois de plus toute la témérité du cinéma ibérique sous l'ère franquiste.
Si les fameuses orgies du titre ne sont ici que mentionnées au détour de quelques dialogues, tous les éléments du film d'épouvante gothique sont quant à eux bel et bien présents. C'est en effet dans un château des Carpathes, non loin d'un petit village perdu plongé dans la terreur, que se situe l'action qui mélange pèle-mêle le spiritisme, le vaudou, la magie noire, les envoutements, la superstition, le thème du zombi, les expériences d'un savant fou tout en usant et abusant des plus grosses ficelles du genre. Cryptes et passages secrets, cimetière lugubre, nuits d'orage, hurlements stridents, morgue... font ainsi partie du décor. A tous ces ingrédients, Merino y ajoute une bonne dose de perversion et de déviance en l'occurrence le fétichisme et la nécrophilie. Autant dire que le résultat est particulièrement
divertissant, objectif principal de ce petit film qu'il est assez difficile de prendre au sérieux tant ce mélange est bien souvent énorme. Cette débauche de poncifs donne un coté très bande dessinée horrifique à l'ensemble ce qui en décuple son coté ludique. Qu'on en juge par ce scénario abracadabrant. Quelque part en Europe centrale, le comte Milahy vient de mourir. Il est enterré dans la crypte du château. Le jour de son décès, Mary, son épouse, se pend après avoir vu quelque chose d'effroyable dans le cimetière. C'est alors qu'arrive au château son neveu et héritier, Serge Tchekov. Il y fait la connaissance de la fille de son oncle Nadia, une nymphomane experte en magie noire et spiritisme, du professeur Leonidas, un scientifique spécialisé dans les ondes électriques et de sa fille Doris. Igor, le croque-mort,
est vite soupçonné d'avoir tué Mary. Ses tendances nécrophiles en font un suspect idéal d'autant plus qu'il se livre en secret à des actes de sorcellerie avec Nadia. Terrorisé, Igor s'enfuit mais alors qu'il s'apprêtait à révéler d'importantes choses à Serge, il est assassiné de manière atroce. De plus en plus troublé par ces évènements, Serge est décidé à élucider le mystère qui plane sur le château d'autant plus que les cadavres semblent disparaitre de leur tombeau pour mieux resurgir. Nadia propose alors d'appeler l'esprit du comte afin qu'il leur révèle la vérité. Elle meurt étranglée lors de la séance de spiritisme. Serge est accusé de sa mort. Avec l'aide de Doris dont il s'est épris, il va tout mettre en oeuvre afin de prouver son innocence. Ils vont découvrir qu'en réalité les morts reviennent à la vie et sont responsables de ces meurtres. Ce qu'ils ignorent encore c'est que le professeur est à l'origine du phénomène. Ils contrôlent en fait les zombis qui lui obéissent aveuglément.
Cette histoire abracadabrante donne naissance à toute une série de péripéties convenues d'avance mais hautement réjouissantes et surtout fort bien amenées. Réalisé sans aucun temps mort, Les orgies macabres se déguste avec grand plaisir d'autant plus que Merinos a parfaitement su utiliser et jouer avec ses décors afin de créer une véritable atmosphère qui n'a rien à envier à celle des meilleures productions Hammer. Il se dégage de ce manoir et de ses sombres passages secrets, de cette crypte, du vieux cimetière embrumé quelque chose d'inquiétant, de macabre, un sentiment renforcé par ce vieux village qui semble abandonné perdu au milieu de la lugubre lande hivernale très bien mise en valeur par une jolie photographie à l'image même du vieux château médiéval qui semble ne plus en finir de nous
livrer ses terribles secrets. L'autre atout majeur des Orgies macabres est la réussite de ses effets spéciaux.particulièrement convaincants. Non avare en scènes gore, Merino nous offre quelques superbes meurtres particulièrement sanglants dont une décapitation qui devraient en réjouir plus d'un. Les maquillages des zombis sont quant à eux tout aussi réussis et leur apparition dans la crypte en fin de bande rappelle par certains aspects le final de Frayeurs de Lucio Fulci. D'autres rapprocheront leur présence à celle des zombis du Massacre des morts vivants de Jorge Grau dont le film fait également penser par d'autres cotés.
Mais la plus grande réussite du film reste bel et bien le personnage qu'incarne Paul Naschy, Igor le fossoyeur. Même s'il n'a qu'un rôle secondaire, il marque le film au fer rouge et lui donne toute sa valeur. Igor se rapproche beaucoup du malheureux bossu que Naschy incarnait dans Le bossu de la morgue puisque comme lui il est pourchassé pour des actes contre-nature. Hideux, effrayant mais cependant inoffensif, il est nécrophile et fétichiste. Il tisse un lien affectif et malsain avec les cadavres dont il s'occupe, collectionne les lingeries des mortes et vole des corps putréfiés pour les exposer dans un souterrain et photographier
leurs chairs décomposées pour en faire de véritables oeuvres d'art. Ou la mort sublimée! Egalement voyeur, il espionne Nadia par un orifice creusé dans le mur de sa chambre et s'associe à elle lors de rites sexuels sataniques. En faire un homme traqué par la police semble être une évidence mais c'est pourtant grâce à lui, par delà la mort, que l'identité du coupable sera révélée.
Les orgies macabres bénéficie en outre d'une agréable distribution, en tête l'italienne Maria Pia Conte dans la peau de l'envoutante Nadia et l'excellent Gérard Tichy. On regrettera quelque peu le choix du toujours aussi blond Stelvio Rosi, figure récurrente du western, dans
le rôle principal, qui semble avoir un peu de mal à s'adapter à un genre qu'il ne connait pas vraiment. A leurs cotés, outre Paul Naschy, on retrouvera Isarco Ravaioli, un des acteurs fétiches de Polselli, et Dyanik Zurakowska, un peu trop fadasse malheureusement dans la défroque de la gentille héroïne Doris.
Les orgies macabres est une bien agréable surprise qui devrait ravir tous les amateurs de cinéma d'épouvante gothique. Merinos prouve une fois de plus toute la force et l'intérêt du cinéma d'horreur ibérique des années 70, sa virulence, sa violence, son audace à travers des sujets tabous souvent délicats avec une désinvolture désarmante. Empreint d'un
romantisme débridé et d'une touche d'humour bienvenue voilà un délire baroque fort divertissant qui au plaisir visuel associe de tellement doux frissons.
Il est à signaler qu'il existe plusieurs versions du film. L'édition espagnole semble être la plus complète hormis les scènes de nu qui ont été quelque peu édulcorées. Il existe deux versions anglaises, The hanging woman contenant la majorité des scènes sanglantes mais exempte des principales scènes de nu, la seconde, Return of the zombies, a privilégié les scènes de sexe aux effets sanglants cette fois sacrifiés. Enfin la version italienne jadis télévisée est la plus mutilée puisqu'il manque quasiment une bobine.