Cosi dolce cosi perversa
Autres titres: Si douces si perverses / So sweet so perverse
Real: Umberto Lenzi
Année: 1969
Origine: Italie / France / Allemagne
Genre: Giallo
Durée: 88mn
Acteurs: Carroll Baker, Jean-Louis Trintignant, Erika Blanc, Horst Frank, Helga Linè, Beryl Cunningham, Gianni Di Benedetto, Paola Scalzi, Dario Michaelis, Luigi Sportelli, Irio Fantini, Renato Pinciroli, Lucio Rama...
Résumé: Jean et Danielle habitent Paris. Ils sont mariés depuis trois ans mais leur union semblent toucher à sa fin. Danielle ne supporte plus Jean qui de son coté ne fait aucun effort. C'est à ce moment qu'une jeune américaine, Nicole, vient habiter l'appartement au dessus du leur. Jean, ému par les problèmes que semble avoir la jeune femme, se rapproche d'elle. Il demande alors le divorce. Partis tout deux en vacances, Jean est victime d'une tentative de meurtre. Il s'agirait de l'amant de Nicole, Karl. Nicole lui avoue alors qu'en fait leur rencontre a été programmée. Quelqu'un les aurait payé, elle et Karl, pour l'assassiner. Décidé à savoir qui veut sa mort Jean mène son enquête mais Karl parvient à le tuer. Nicole et Danielle sont en fait amantes et ont organisé ce complot avec l'aide de Karl. Elles héritent ainsi d'une coquète somme d'argent et peuvent désormais vivre heureuses. C'est alors que Danielle se met à douter de Nicole dont le comportement est de plus en plus suspect...
Second film de la trilogie de sexy gialli de Umberto Lenzi ouverte en 1968 avec Orgasmo / Une folle envie d'aimer, Si douces si perverses comme les deux autres films de la série met en scène un triangle amoureux autour duquel va s'articuler une sombre machination dont le moteur est le plus souvent l'argent. Comme dans Paranoïa, le troisième et dernier volet de ce triptyque, un quatrième personnage va ici se greffer sur l'histoire, un homme de main qui se révèle être également l'amant caché d'une des protagonistes.
Jean, un homme d'affaires parisien, et Danielle sont mariés depuis trois ans mais leur union s'est au fil du temps désagrégée. Danielle ne supporte plus Jean qui de son coté ne fait aucun effort envers cette femme qui l'a autrefois aimé. Il fait un jour la connaissance de Nicole, une jeune américaine venue vivre dans l'appartement situé au dessus du sien. Intrigué par cette femme qui semble avoir de gros problèmes, il tente de l'aider. Leur relation devient de plus en sérieuse tant et si bien qu'il envisage le divorce. Lors d'un séjour à la mer, Karl, l'amant de Nicole, tente d'assassiner Jean. Elle lui avoue alors que leur rencontre n'a jamais été fortuite mais fait partie d'un plan visant à le tuer. Elle ignore qui les emploie. Jean
va alors mettre tout en oeuvre pour découvrir qui veut sa mort. Malheureusement Karl le tue. Les masques tombent. Nicole est l'amante de Danielle qui depuis longtemps souhaitait la mort de son mari. Les deux femmes ont mis au point cette diabolique machination avec l'aide de Karl. Elles se retrouvent à la tête d'une petite fortune et vont pouvoir vivre enfin ensemble, heureuses. Pourtant très vite d'étranges faits se produisent qui amènent Danielle à soupçonner Nicole de vouloir la doubler et la tuer. Elle en arrive même à douter de la véritable mort de Jean. Qui tire véritablement les ficelles? Quel jeu jouent donc ces deux femmes? Jean est il vraiment mort ou fait il partie de ce complot machiavélique destiné à rendre folle Danielle? Qui est en vérité Karl? Autant de questions qui trouveront une réponse lors d'un final parfaitement pervers et O combien amoral.
Avec Si douces si perverses, Umberto Lenzi, père du thriller érotique à l'italienne, met une fois de plus en scène ce milieu bourgeois corrompu et décadent, cette aristocratie où règne l'ennui, le crime et l'adultère si chère à un certain cinéma italien d'alors, ses belles épouses délaissées perdues au milieu de leurs richesses et de leurs vices entre deux parties mondaines. Remake inavoué des Diaboliques de Clouzot, le scénario écrit par Ernesto Gastaldi et Luciano Martino entre autres repose sur cette ambiance de corruption et de perversion, sur les relations vénéneuses entre les protagonistes plus précisément entre Nicole et Danielle. C'est au sexe que s'attache surtout Lenzi, le sexe dans toute sa perversité, faussement libérateur. Le lesbianisme et la bisexualité sont au coeur de l'intrigue. C'est en
effet la relation amoureuse qu'entretiennent les deux femmes qui est à l'origine de cette diabolique machination. Si une relation homosexuelle de surcroit ouverte représentée par ce couple de lesbiennes jalouses, méfiantes et possessives donne au film une certaine originalité c'est avant tout l'amoralité du film qui en fait toute sa force jusqu'à la fin assez étonnante annoncée par quelques rebondissements excellents et fort bien amenés puisque pour une fois c'est le vice qui l'emportera sur la vertu, un petit régal pour tout ceux qui aiment d'un revers de bras balayer toute forme de morale.
D'un rythme assez lent, Si douces si perverses moins orgasmique que Orgasmo moins visuel que Paranoia ne surprendra pas vraiment les amoureux du genre qui assez rapidement auront compris le pourquoi du comment de ce scénario somme toute classique d'autant plus que Lenzi abat plutôt rapidement ses cartes. Si les motivations des personnages sont évidentes, les ficelles du complot très claires, cet intéressant petit thriller érotique fortement estampillé fin années 60 est cependant captivant d'un bout à l'autre du métrage. Même si le cinéaste utilise les grosses ficelles du genre, il a su en effet comme pour Paranoïa l'année suivante maintenir un suspens continu jusqu'au dénouement grâce à
une mise en scène intelligente et d'intéressants retournements de situation qui relance à chaque fois l'intérêt du film dont on retiendra également la qualité de l'interprétation. La sombre Erika Blanc pas encore au summum de sa beauté et la lumineuse Carroll Baker, reine du genre, forment un couple remarquable que le titre définit fort bien. Avoir fait de Carroll non plus l'éternelle victime, fragile et influençable, mais une redoutable prédatrice attirée par l'appât du gain, est ici une excellente idée. La présence de Jean-Louis Trintignant, toujours aussi excellent, apporte à l'ensemble une touche professionnelle non négligeable. A leurs cotés, on appréciera les participations de l'inquiétant Horst Frank, Helga Liné en putain
mondaine et Beryl Cunningham en strip-teaseuse. Quant à l'érotisme il se fait cette fois discret. Cosi dolce cosi perversa distille un érotisme mi-feutré mi-torride par le biais des déshabillés et un rapide nu de Carroll Baker, tour à tour sado et maso, manipulatrice, avide d'argent et les tenues transparentes d'Erika Blanc laissant transparaitre une petite culotte noire et des seins laiteux.
Gros succès en Italie lors de sa sortie, Si douces si perverses qu'accompagne une jolie partition musicale lounge signée Riz Ortolani est un sexy giallo de très bonne facture qui à défaut d'être très original possède néanmoins la noirceur des grands thrillers. Divertissant, ludique, il nous offre en plus les images d'un Paris d'époque puisque presque entièrement tourné dans la capitale. Un petit plus qui devrait satisfaire les admirateurs de la ville lumière.