La compagna di viaggio
Autres titres: Das urlaubsflittchen
Real: Ferdinando Baldi
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 85mn
Acteurs: Anna Maria Rizzoli, Gastone Moschin, Giorgio Bracardi, Raf Luca, Serena Grandi, Marina Hedman, Marisa Mell, Annie Belle, Moana Pozzi, Pino Ferrara, Loris Peota, Massimo Pittarello, Giovanni Tamberi, Franco Caracciolo...
Résumé: Un des compartiments du train en partance pour Paris contient de fabuleux lingots d'or d'une valeur de quelques milliards de lires. Le baron aidée d'une jeune actrice pleine d'ambition montent à bord afin de s'en emparer. Deux complices à l'extérieur vont les aider. Tout en préparant leur coup, ils doivent se méfier du chef de bord et des passagers tous plus cabotins les uns que les autres...
Après avoir débuté dans le péplum puis le western à l'italienne, Ferdinando Baldi s'est dés la seconde moitié des années 70 orienté vers un cinéma de genre beaucoup plus malsain et voyeuriste dont l'amateur retiendra plus particulièrement l'excellent Terreur express, petit écrin de pure violence gratuite arrosé d'une dose étonnante d'érotisme complaisant aujourd'hui culte parmi les inconditionnels d'exploitation. Et c'est encore dans un train qu'il situe l'action de son nouveau film, La compagna di viaggio, une sexy comédie, seule et unique incursion pour lui dans ce style de cinéma populaire. Ce n'est malheureusement pas une réussite loin de là.
A la vision du film on peut se demander où Baldi a voulu en venir avec un scénario aussi microscopique pour ne pas dire inexistant. Toute l'intrigue se déroule dans un train, le même qui servit de décor à Terreur express que Baldi a ici recyclé, mais peut on parler d'intrigue puisqu'il n'y en a aucune si ce ne sont les agissements douteux d'un baron, principal voyageur de ce train qui regroupe un psychiatre et sa patiente, un chanteur et sa secrétaire, une bourgeoise et son assistant, un homme politique, un couple de travestis et deux jeunes mariés. Viennent s'ajouter à ces voyageurs le chef de bord et une jeune starlette qui rapidement s'avère être une espionne venue surveiller le baron, du moins pourrait on le penser. Des activités et des intentions du baron nous ne saurons jamais rien si ce n'est que le train contient un trésor, des lingots d'or représentant une somme de quelques milliards de lires dont il veut s'emparer. D'où viennent ces lingots? A qui sont ils destinés? pourquoi ne sont ils pas hautement surveillés? Qui est en réalité le baron? Autant de questions auxquelles Baldi oublie de répondre comme il oublie de donner un tant soit peu de consistance et de crédibilité au vol du trésor. Une somme d'argent aussi faramineuse voyage seule dans un wagon qu'il suffit en fin de film de faire détacher par deux nigauds pour pouvoir s'en emparer et partir illico presto au soleil.
En fait Baldi a préféré passer d'une cabine du wagon à une autre afin d'y filmer leurs occupants et ainsi créer toute une série de sketches aussi insipides que peu drôles. Dénués de toute imagination, de gags et d'originalité on se demande leur véritable intérêt si ce n'est d'une part de remplir 90 minutes de pellicule, d'autre part de dénuder une distribution féminine alléchante. Mais là encore, l'amateur d'érotisme égrillard et de coquineries salaces, base de toute bonne sexy comédie, sera amèrement déçu tant Baldi reste sage puisque c'est à peine s'il dévoile ça et là une poitrine encore un moins fessier. Les amoureux de Annie Belle, ridicule en secrétaire pleureuse, verseront quelques rivières de larmes, ceux de Marina Frajese, future diva du hardcore transalpin, s'effondreront de déception d'autant plus
que Marina aussi superbe soit elle a rarement été aussi mauvaise actrice, les inconditionnels de Marisa Mell, à l'aube de la déchéance, resteront perplexes face à cette participation furtive d'une absurdité étonnante et parfaitement ridicule, les transis de Serena Grandi alors à ses débuts détesteront Baldi pour l'avoir si mal mis en valeur, égarée dans la peau d'une jeune mariée effrayée de perdre sa virginité lors de sa nuit de noces. Reste Anna Maria Rizzoli dont le film semble avoir été écrit pour elle puisqu'on pourrait le voir comme un défilé de mode dont elle serait la star. Le réalisateur, dés l'ouverture, passe son temps à filmer ses fesses uniquement vêtues de strings ou légèrement couvertes de nuisettes
transparentes, à la faire déambuler à moitié nue dans les couloirs du train lorsqu'il ne l'oblige pas à changer de tenue sans raison aucune afin de nous faire très certainement découvrir sa garde-robe de star. Si Annamaria est la fameuse compagna di viaggio elle est aussi la raison d'être du film semble t-il. Baldi a peut être voulu faire de cette pseudo comédie une sorte d'hommage à la starlette surtout connue pour avoir repris le fameux titre de Lycéenne dans les derniers chapitres de la série succédant à une Gloria Guida désormais un peu trop âgée pour être crédible ce qui est également le cas d'Annamaria soit dit en passant. Les partenaires de toutes ces demoiselles ne sont guère plus reluisant. La seule véritable surprise est la présence éclair d'une toute jeune Moana Pozzi, alors inconnue, maladroite et très mal à l'aise devant la caméra dans la peau d'une modèle qui le temps de quelques brèves secondes dévoile ses seins généreux. C'était là sa toute première apparition à l'écran avant de devenir quelques années plus tard la reine des pornostars italiennes tristement emportée à l'aube des années 90 par un cancer de la gorge.
Gastone Moschin dans le rôle du baron joue du monocle en manipulant une valise droite sortie d'une série Z d'espionnage des années 50, égaré dans ce train et un genre qui ne lui correspond pas du tout, Raf Luca fait peut être de son mieux pour relever le niveau de l'ensemble mais en vain, il aligne les grimaces dans son costume de chef de bord tout en ouvrant des yeux de merlan frit face à la semi-nudité des passagères. Massimo Pittarello, vu dans Sangraal, se prend pour Rambo et joue du muscle pour épater Marisa Mell et Annie Belle tandis que Franco Carrociolo joue une énième fois une folle.
C'est au bord d'une piscine à Cinecitta que le film se terminera. Le baron devenu producteur de films fume ses cigares et compte ses billets tandis que Annamaria défile cette fois en
maillot de bain et tenues vaporeuses au bord du bassin! Une conclusion aussi bête que le film lui même qui achèvera de dépiter le malheureux spectateur qui longtemps après que le mot fin soit tombé sur l'écran cherchera encore la raison du pourquoi de l'existence de cette comédie inepte et franchement inutile.
Jamais drôle encore moins amusante ni même divertissante, La compagna di viaggio, dénué de tout budget, est un film vide de sens, si vide qu'on pourrait presque faire entrer l'espace intersidéral dans les compartiments de ce train de l'ennui. Régulièrement programmé de nuit sur les chaines italiennes, voilà l'équivalent de nos Chasses et pêches nocturnes pour insomniaques en quête de sommeil. Dire que La compagna di viaggio est un mauvais film serait une erreur puisqu'il n'existe pas! Une preuve de plus de la lente agonie d'un genre jadis si populaire qui s'éteindra définitivement au milieu des années 80.
Baldi tournera par la suite un bien piètre Trésor des quatre couronnes avant de terminer sa carrière dans le petit film de guerre avec Soldat maudit et Missione finale qui seront quant à eux le chant du cygne de Mark Gregory.