La vergine di Bali
Autres titres: La vierge de Bali / Trafic à Bali / The virgin of Bali
Real: Guido Zurli
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Aventures/ Erotique
Durée: 89mn
Acteurs: George Ardisson, Haydée Politoff, Lea Lander, Eddy Moward, Ignazio Spalla, Isarco Ravaioli, Putu Wijaya, Itje Manoppo, Marina Brengola, Henny Sukampto, Menzano Dewanto...
Résumé: Davis Ranks est un banquier londonien lasse non seulement de son travail, de la vie urbaine et de son rythme trépident mais également de son épouse. Du jour au lendemain il abandonne tout et part pour Bali où il espère trouver un sens à sa vie et surtout profiter des nombreux plaisirs que lui offrent tous ces archipels. Prostituées, alcool, jeu, Ranks passe son temps à s'enivrer et commettre de petits délits qui lui vaut à chaque fois d'être arrêté par son ami le policier. Las, ce dernier le met devant un ultimatum: soit il trouve du travail soit il est expulsé de Bali. Après avoir été guide touristique, il se met au service de Fatso, le vendeur d'alcool local. Il séduit son épouse alors qu'il s'éprend d'une jeune guide encore vierge, Maryon. Fatso découvre leur liaison qu'il entretient avec sa femme et tente de le faire assassiner. L"ami policier soupçonne Fatso d'être à la tête d'un important trafic d'or. Il va se servir de Ranks pour tenter de le prouver sans que ce dernier ne se doute de quoi que ce soit...
Sous filon du cinéma érotique, l'exotico-érotisme vit le jour à la toute fin des années soixante à travers une série de films qui s'étendit jusque vers la fin des années 70. Pionnier du genre Ugo Liberatore donna le signal d'envoi avec l'excellent Il sesso degli angeli suivi de Bora Bora et Incontro d'amore a Bali. Prenant de façon récurrente un couple de bourgeois en pleine crise existentielle et conjugale, ces oeuvres nous entrainait au bout du monde, sur de magnifiques iles, où les protagonistes pensaient trouver un sens à leur vie et les réponses à leurs nombreuses questions mais ne faisaient que se perdre un peu plus dans des drames qu'ils ne contrôlaient pas, nés d'idylles avec de superbes indigènes dans les bras desquelles ils pensaient oublier leurs problèmes. La vergine di Bali fait partie intégrante de cet intéressant filon et c'est donc à Bali qui avait déjà servi de toile de fond à Incontro d'amore a Bali que Guido Zurli nous emmène.
Un banquier londonien, David Ranks, ne supporte plus ni son épouse ni son travail ni la vie routinière qu'il mène dans un Londres gris et pluvieux. Après avoir entendu un cockney vanter les mérites d'une vie dénuée de toutes contraintes telle qu'on peut la connaitre dans les pays du bout du monde, il quitte sur un coup de tête l'Angleterre pour Bali. Il va y mener une vie faite d'amour et d'eau fraiche, ne pensant qu'à s'amuser, faire l'amour aux prostituées locales et s'enivrer. Il accumule les arrestations jusqu'au jour où son ami policier lui fait comprendre que même ici il doit travailler et gagner sa vie. Il devient guide touristique mais continue de multiplier les délits sous l'effet de l'alcool. Il fait la connaissance de Maryon, une jeune guide, et de son frère mais également d'une jolie femme mariée à Fatso, le vendeur d'alcool de l'archipel pour qui il va travailler après avoir perdu son emploi de guide. Incorrigible, Ranks séduit la femme de Fatso qui au courant de leur liaison tente de l'assassiner puis de couler le bateau sur lequel il entreprenait une petite croisière de plaisance. Alors qu'il s'éprend de Maryon encore vierge son ami policier va se servir de lui et de sa liaison avec l'épouse de Fatso pour prouver que derrière la vente d'alcool le malfrat est à la tête d'un réseau de trafic d'or.
Contrairement aux nombreux autres films de cette longue série tropicale, La vergine di Bali s'éloigne des codes du genre. Certes on retrouve à la base du scénario le traditionnel couple en crise et de superbes paysages exotiques et maritimes mais à la différence de ses confrères Zurli, connu surtout pour son humour et son sens de la parodie souvent cynique a tenté de faire de son film une comédie. Et c'est bel et bien là que le bât blesse. Son protagoniste est ici montré beaucoup plus comme un pitre alcoolique qu'un homme en pleine remise en question, perdu dans une vie qui n'est pas la sienne. Il assimile ces lieux paradisiaques à une sorte de havre de paix où le mot travail n'existe pas. Seul s'amuser, se saouler, jouer et profiter des joies d'une vie libérée de toute contrainte compte désormais pour lui. Il accumule donc les bévues, les arrestations dans une atmosphère de non sérieux vite énervante d'autant plus que Zurli n'est jamais très fin. Cette Vierge de Bali prend rapidement des airs de comédie populaire peu appropriés à ce type d'histoire qui perdureront malheureusement jusqu'à la fin du métrage.
Encore plus contrariant est le fait que David Ranks soit si mal dessiné. De sa vie, son travail, ses problèmes conjugaux, nous ne saurons jamais rien, on supposera. Peu importe qui il est, Zurli nous l'offre en victime de la société puis en pitre alcoolique insupportable. Très difficile dans ces conditions de pouvoir s'y attacher d'autant plus qu'il n'apparait que bien peu sympathique. C'est totalement détaché qu'on suit donc son parcours et il en va de même pour les autres personnages tout aussi peu définis. Zurli met de coté tous les codes propre au genre, oublie tous les éléments humains et dramatiques qui sont l'essence même, l'intensité émotionnelle de l'exotico-érotisme pour un banal film d'aventures tropicales pseudo comique sur fond de trafic d'or. Le réalisateur a peut être voulu tourner à la dérision ce type d'intrigue récurrente au genre, l'homme blanc dit civilisé prisonnier d'une vie bourgeoise ennuyeuse dont il est devenu esclave part au bout du monde trouver une dimension plus authentique à sa vie, il n'a su que mettre sur pied un film sans âme réelle, une comédie océane bâtarde dont sont exclus toute réflexion et philosophie. Quant au final, ironique, Ranks retombe dans les affres d'une vie d'esclave non plus à Londres mais à Bali, une petiote originalité pour un film qui en manque sérieusement.
Restent ça et là quelques séquences agréables (l'attaque du bateau et le naufrage notamment, l'enlèvement de Maryon et le final), une pointe d'aventure, quelques jolis décors naturels dont Zurli n'a pas vraiment su mettre en valeur même si l'effet dépaysement fonctionne tout de même comme il n'a pas su profiter de ses héroïnes, l'érotisme n'étant peut être pas sa priorité première. Frileux quant aux scènes de nu, La vergine di Bali reste très pudique, frustrant encore plus le spectateur qui aurait tant aimé profiter une fois encore des charmes de Haydée Politoff, déjà héroïne de Bora Bora, en jeune vierge et Lea Lander, plus connue pour ses prestations dans Chiens enragés, le nazisploitation Erica Tigresse du désert / Les derniers jours des SS et Porci con la P38, épouse volage qui dépucellera à bord d'une chaloupe de sauvetage de manière beaucoup trop timide le jamais très sage
Isarco Ravaioli puisque, rappelons le, il fut l'acteur fétiche de Polselli (Oscenita, Rivelazioni sessuale di una psichiatra sul mondo perverso del sesso, La verita secondo Satana). Quant à Ranks, il est interprété par un George Ardisson qui n'a jamais été aussi cabotin prouvant ainsi que la comédie n'est pas une corde que tout comédien peut facilement mettre à son arc. On aura tout de même droit à un court plan de nu de George transformé en Robinson Crusoé mais malheureusement vu d'hélicoptère! La vergine di Bali comme tout bon film d'exploitation contient son lot d'images documentaires afin de faire découvrir le coté folklorique du pays. Fêtes religieuses longuement commentées par notre pseudo guide vierge, course de taureaux, festivités locales, théâtres asiatiques, crémations, plans d'animaux... sont ainsi au programme mais laissent cette fois un brin indifférent par manque de puissance visuelle.
Coproduction italo-indonésienne, La vergine di Bali n'est ni plus ni moins qu'un petit film d'exploitation tropical mâtiné d'aventures comme on en faisait dans les années 50 et 60 tourné sur le ton de la comédie familiale, certes plaisant mais dispensable. Dans un sens, le film de Zurli se rapproche plus des futurs Safari express et Africa express de Ducio Tessari que des exotico-érotiques alors en vogue.