A dream of body
Autres titres:
Real: Pat Rocco
Année: 1972
Origine: USA
Genre: X
Durée: 89mn
Acteurs: Garth Lennox, Larry Hannify, Bob Weaver, Clark King, Ted Lee, Marty Oliver...
Résumé: Ted, un jeune garçon, est un grand rêveur qui aime le sexe, prêt à vivre tous ses fantasmes. Au gré de ses rencontres, il s'imagine dans les situations les plus audacieuses et met en scène ses propres fantasmes. Un acrobate, deux frères, un comédien skakespearien, un cow-boy, un étudiant en astronomie, un voyou, des adeptes de douches publiques notamment vont lui faire vivre part la force de la pensée de délicieux et inoubliables instants fort humides...
Dans les années 70, il ne fut pas rare que le cinéma X américain aussi bien gay que hétéro entraine le spectateur dans une excitante fantasmagorie dans laquelle tous nos désirs les plus secrets prendraient vie. Ce mélange de cinéma hardcore et de pur fantastique nous a offert bien des chefs d'oeuvre. On a tous encore en tête le merveilleux Pink Narcissus, à ce jour resté inégalé, mais on pourrait également citer des titres souvent étonnants, des escapades pornographiques qui flirtent par instant avec le surréalisme telles que Le musée, Bijou ... ou La chambre des fantasmes qui pourrait être une version française de A dream of body. S'il n'est pas aussi percutant que les titres évoqués, A dream of body fait définitivement partie de ces rêveries secrètes et délicieusement mouillées.
Réalisé en 1972 par Pat Rocco sous le pseudonyme de Brad Kingston A dream of body met en scène le jeune Ted, un garçon rêveur qui a la faculté de vivre ses désirs et fantasmes sexuels les plus intimes au fil de ses rencontres. On s'est tous un jour imaginé dans des situations aussi coquines qu'érotiques si ce n'est lubriques suite à une rencontre au gré d'une promenade, souhaité savoir ce qui se passe derrière les murs d'une maison, dans la chambre à coucher, se projeter dans les bras d'un inconnu qui nous ferait vivre de torrides aventures sexuelles, celles qu'on espérait en secret vivre un jour. Voilà pourquoi Ted va faire bien des envieux parmi les spectateurs.
Le film s'ouvre sur la rencontre du jeune homme avec un bien bel acrobate de cirque qui lui montre ses muscles parfaitement dessinés sur un corps fin et noueux. Il n'en faut pas plus à Ted pour s'évader et se retrouver seul avec l'acrobate aux cheveux longs, tous deux nus, quelque part dans une pièce dénuée de tout décor si ce n'est une balançoire sur laquelle l'acrobate fait des figures, invitant Ted à se joindre à lui pour quelques érotiques voltiges. Elles se termineront par une très aérienne fellation qui aboutira sur une explosive jouissance.
Le deuxième segment part d'un scénario plutôt curieux qui prend pour base la curiosité qui nous pousse souvent à imaginer ou vouloir savoir ce que peuvent cacher les murs d'une maison. Si Ted est absent de cette seconde histoire, celle ci met par contre en scène trois personnages, un garçon qui lit une annonce rédigée par deux frères qui cherchent un professeur privé. Le jeune homme se rend chez eux, est accueilli par le frère cadet qui très vite le séduit. L'arrivée du frère ainé va changer la donne. Très attiré par cet homme un peu plus plus âgé, le professeur se donne à lui dans le patio tandis que le frère cadet, aussi triste que jaloux, les espionne. Ils vont alors l'inviter à se joindre à eux puis montent dans la chambre pour de torrides ébats trioliques.
Le troisième récit est peut être le plus étrange puisqu'il nous propulse dans une dimension où le sexe se mélange à la science-fiction. Ted rencontre près d'un planétarium un étudiant très bizarre convaincu que les martiens vont envahir la Terre. Il n'en faut pas plus à Ted pour imaginer un scénario totalement incroyable qui nous projette au milieu de nulle part, noyé dans un épais brouillard bleu d'où surgit une créature de l'espace. L'extra-terrestre poursuit Ted entièrement nu qui lui même pourchasse l'alien dans une sorte de danse de séduction avant que ce dernier ne prenne l'apparence de l'étudiant. Ted totalement soumis lui offre sa croupe, se penche vers l'avant et se laisse sodomiser.
Revenu de ses aventures spatiales, Ted croise un artiste, un comédien Shakespearien qui répète Roméo et Juliette ou plutôt sa version masculine Roméo et Julien. Voilà de quoi enflammer l'imagination de Ted qui s'imagine alors seul avec ce Roméo d'opérette. Commence alors une long ballet érotique, une chorégraphie anale où l'analingus viril est fortement mis en valeur par nos deux jeunes amants.
Puis c'est un bad boy agressif tout de cuir noir vêtu que croise Ted qui immédiatement se met à fantasmer sur l'homme. Il se voit poursuivi par le voyou monté sur un vélo, se débattant comme un diable dans un bénitier comme assailli par une multitude de rubans. Epuisé, il
s'effondre avant de tenir enfin le mauvais garçon à sa merci à l'intérieur d'une pièce toute de rouge éclairée. Ted le déshabille et le suce pendant que le garçon se projette mentalement dans des toilettes publiques, le rêve dans le rêve, où deux jeunes garçons s'observent à travers des glory holes percés dans le mur qui sépare les deux cabines avant de faire sauvagement l'amour sur le sol crasse de ces lieux d'aisance... ou comment refaire vivre le puissant fantasme du sexe dans des W.C publiques qui nous est si cher à nous les hommes!
C'est une publicité dans un magazine pour hommes qui est au centre de l'avant dernière histoire, celle pour des bains publiques où on découvre huit hommes faisant l'amour lors d'une fantastique orgie, d'autres errant en quête de sexe animal dans les dark rooms de ces lieux humides,
L'ultime saynète met en scène un cow-boy qui bouscule malencontreusement Ted à la sortie d'un cinéma porno. Il n'en faut pas plus pour que Ted s'imagine en indien agressé par ce robuste garçon. Ils entament une lutte virile que remportera Ted.
Le final est d'une logique imparable. Il aurait été étonnant que Ted ne réunisse pas au cours d'un ultime fantasme tous les protagonistes de ses escapades interdites. Allongé à Terre, Ted devient leur victime consentante autour de laquelle tous se masturbent avant de jouir tous ensemble, projetant violemment leur semence sur son corps alangui, véritable volcan de sperme pour apothéose sexuelle, feu d'artifice laiteux qui conclut de manière superbe cette fantasmagorie pornographique qui lors d'un ultime rebondissement s'avérera être bien ironiquement... un rêve!.
Accompagné d'une partition musicale tour à tour planante, classique ou guillerette, A dream of body est un joli voyage au coeur de l'esprit d'un jeune garçon qui vit ses fantasmes sexuels les plus puissants grâce à sa seule force mentale, assouvit le feu qui brûle en lui en s'échappant dans de fort excitantes rêveries parfois farfelues, drôles, étonnantes, toutes empreintes d'un nuage d'humour plutôt bienvenu. On est tous des Ted quelque part en nous, chacun y retrouvera donc une partie de soi, aussi intime ou interdite soit elle. Si A dream of body manque peut être de cette touche de surréalisme, cet onirisme qui faisait la force
d'oeuvres telles que Le musée et Bijou, le film de Kingston n'en est pas moins fort intéressant de par son traitement mais également le fait qu'il rassemble la plupart des fantasmes homosexuels traditionnels dans un cadre puissamment fantasmatique, les douches et toilettes publiques, les dark rooms, le voyou qu'on rêve de soumettre dont l'agressivité n'a d'égale que sa faramineuse libido, le triolisme, les orgies entre hommes, les glory holes... tout en mettant en avant le sexe anal, très présent ici.
Les amateurs de beauté typiquement 70s seront une fois de plus aux anges avec une bien belle distribution d'éphèbes aux cheveux longs et rouflaquettes, au corps noueux, tout en chemises cintrées et pattes d'éph' sous lesquelles ils ne portent rien. Que Dieu bénisse ces merveilleuses années! Parmi eux on reconnaitra Ted Lee, le jeune garçon roux déjà présent dans Le musée.
Le film de Brad Kingston fait partie de ces petites perles perdues et pleine de charme du cinéma gay américain de la première heure, une incandescente échappée dans l'imaginaire, celui qui nourrit nos fantasmes les plus débridés. A découvrir et visionner le soir de préférence avant de sombrer dans les bras de Morphée pour quelques aventures humides dont nos draps se souviendront au petit matin!