Sweet body of Bianca
Autres titres: To Glyko kormi tis Bianca
Real: Ilias Mylonakos
Année: 1982
Origine: Grèce / Italie / Allemagne
Genre: Erotique
Durée: 80mn (version soft)
Acteurs: Marina Frajese, Bruno Alias, Sabrina Mastrolorenzi, Anna Grazia Smaldone, Mario Cutini, Mara Bronzoni, Rossella Dramis, Panos Fytos, Jiasmin Keller, Vanesa Dareiou, Georgi Apostolov, Nikos Giorgiou...
Résumé: Bianca est orpheline. Elle vit chez Orestis, un riche notable d'âge mûr, et sa jeune épouse Stella. Orestis, adepte des plaisirs sadomasochistes, entretient Bianca depuis de longues années déjà. En échange elle est son jouet sexuel avec lequel il assouvit ses désirs les plus pervers sous l'oeil vicieux de Stella. Lorsque Roger Ross, un bel écrivain anglais débarque à Corfou, Bianca est attirée par le bellâtre qui découvre sa vie secrète. Il la persuade de quitter Orestis. Amoureuse de Roger, la jeune fille décide de quitter cette vie qu'elle ne supporte plus. Fou de jalousie, Orestis préfère la tuer plutôt que de la voir s'en aller...
Spécialiste du mélodrame érotico-pornographique et de quelques bandes sulfureuses dont la plus connue reste Secrets érotiques d'Emanuelle et ses relents pédophiles, Ilias Mylonakos, réalisateur grec parmi ceux qui ont réussi le plus à faire parler d'eux de notre coté des Alpes, signe To Glyko kormi tis Bianca demeuré totalement inédit tant en Italie qu'en France que ce soit en vidéo ou au cinéma. Essentiellement connu sous son titre anglais Sweet body of Bianca, ce nouvel essai de Mylonakos tourné entre Rome et Corfou, entièrement financé par des capitaux allemands, ressemble beaucoup à Natali / Perverse et sensuelle Nathalie, son précédent film, dont il pourrait être une version un brin plus pimentée.
La jeune et douce Bianca, orpheline, vit chez son père adoptif, un vieux bourgeois adepte des plaisirs sadomasochistes, Orestis. Il la paie pour qu'elle assouvisse ses désirs les plus pervers sous le regard de son épouse qui assiste et profite des séances. Avec cet argent, elle peut ainsi faire soigner sa soeur malade. Arrive alors en ville un jeune et bel écrivain anglais dont Bianca tombe doucement amoureuse. Elle s'éloigne d'Orestis, lasse de cette vie. Le jour de son anniversaire, Bianca n'assiste pas à la soirée que le vieil homme lui avait réservé. Jaloux, haineux, ne supportant pas l'idée de voir la jeune fille lui échapper, il perd lentement la raison. Il décide de la tuer plutôt que de la perdre pour quelqu'un d'autre.
On retrouve ici tous les éléments du mélodrame érotique traditionnel, le couple de bourgeois pervers et diabolique (un sexagénaire sadomasochiste et sa belle épouse beaucoup plus jeune bisexuelle), de jolies orphelines en perdition, le bellâtre sauveur (le charmant écrivain à succès), quelques amies débauchées..., et les lieux communs à ce type d'histoires (une somptueuse résidence avec piscine, les discothèques bourgeoises où l'on danse au son de musiques ringardes, les magnifiques plages sur lesquelles on fait l'amour, les décors naturels de rêve...), le tout arrosé d'une bonne dose de sexe, essence même du récit. Plus que n'importe quel autre film du metteur en scène Sweet body of Bianca ressemble à un joli
roman-photo pour adultes, accentué par des dialogues, une mise en scène, une interprétation mono expressive et des situations à l'avenant. Tout est beau, tout est clinquant, tout est propice aux fantasmes tout en restant d'une sagesse exemplaire ce qui pour beaucoup peut être très frustrant vu le scénario de base qui met tout de même en scène un notable dépravé d'âge bien frappé qui recueille de jeunes orphelines afin d'en faire ses jouets sexuels et satisfaire ses instincts sadomasochistes avec la complicité de sa femme. On imagine donc ce que cela aurait pu donner car sous la direction de Mylonakos cela se traduit par quelques scènes de domptage et de flagellation, les victimes consentantes enfermées et enchainées dans une cage, offertes en pâture au couple et leurs amis.
Si seule la version soft est aujourd'hui visible, Sweet body of Bianca est cependant au départ un hardcore. Amputé de ses scènes pornographiques le film perd encore un peu plus de son intérêt même si les nombreux nus frontaux féminins, les nus dorsaux masculins et quelques séquences de sexe assez explicites devraient contenter les moins exigeants. Plus intrigants sont certains passages qui ramènent directement au mondo. Adeptes des voyages en Afrique, le couple nous fait partager quelques souvenirs via un vieux film super 8 qui feront grimacer les plus pudibonds mais raviront les amateurs de pure exploitation. Quelques plans en noir et blanc témoignent de la violence et de la sauvagerie dont fait preuve le peuple noir. On applaudira donc face à ces scènes étonnantes particulièrement démonstratives de décapitation et de castration au couteau qui mèneront les invités de l'épouse du notable à une étourdissante et sanglante orgie sous aphrodisiaques hallucinogènes ramenées de ces tribus primitives. Elle se conclura de manière totalement inattendue puisque l'épouse, en transe, émasculera son partenaire en lui arrachant le sexe avec ses dents comme au bon vieux temps du cinéma d'exploitation italien, un instant inespéré qui devrait ravir les amateurs d'effets sanguinolents. En ce sens Sweet body of Bianca est peut être le plus italien des films grecs des années 80.
La distribution est cette fois presque entièrement italienne et nous permet de retrouver quelques unes des starlettes du hardcore transalpin aux cotés de la diva Marina Frajese toujours aussi élégante et rayonnante. Sabrina Mastrolorenzi maltraitée comme dans dans Violée par un nain, toutes proportions gardées bien entendu, Mara Bronzoni et Anna Grazia Smaldone sont ainsi au rendez-vous. Mirella Dramis qu'on avait aperçu dans Caligula la véritable histoire, le porno peplum de D'Amato, est l'innocente Bianca. C'est Bruno Alias, l'éternel générique du cinéma de genre et spécialiste des scènes bisexuelles chez D'Amato et Lo Cascio qui incarne Orestis tandis que Mario Cutini, l'incontournable bad boy de l'exploitation transalpine déjà à l'affiche de Nathalie endosse la peau du bel écrivain
anglo-saxon (horriblement doublé en anglais puisque affublé d'un accent insupportable). Les admirateurs de Mario Cutini qui au crépuscule de sa carrière s'est très souvent fourvoyé dans des produits aux limites du hardcore seront ici ravis de contempler enfin l'objet de tous les désirs, fort éloquent, lors d'un fugace plan sur la plage. Ce sera l'ultime apparition de Mario au grand écran avant qu'il ne mette un terme à sa carrière de comédien pour se lancer dans le commerce d'antiquités.
To Glyko kormi tis Bianca / Sweet body of Bianca est un inoffensif petit produit érotique, un agréable roman-photo stylisé plus proche des feuilletons roses lacrymaux du siècle dernier que des sulfureux romans du Divin marquis dont il se réclame. Plus intéressant et surtout beaucoup moins soporifique que Nathalie, ce Doux corps de Bianca est une gentille hors d'oeuvre chic et coquine qu'on aimerait découvrir en version X avant le véritable plat de résistance.