La vergine di Norimberga
Autres titres: La vierge de Nuremberg / Horror castle / The virgin of Nuremberg / Das schloss der grauens
Real: Antonio Margheriti
Année: 1963
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 80mn
Acteurs: Rossana Podestà, Georges Rivière, Christopher Lee, Jim Dolen, Anny Degli Uberti, Luciana Milone, Luigi Severini, Lucille St-Simon, Peter Hardy, Rex Vidor, James Borden, Bredon Brett, Robert Mayor...
Résumé: Max Hunter et sa jeune épouse Mary passent leur première nuit au château familial. Réveillée par des cris, Mary, terrifiée, se lève et part explorer le manoir. Max est introuvable. Elle pénètre dans le musée ancestral, l'antique salle de torture médiévale. Elle abrite la fameuse vierge de Nuremberg, un sarcophage dont l'intérieur est garni de pointes acérées, assurant à celui qui y est enfermé une lente et douloureuse agonie.Mary ouvre et découvre une femme atrocement mutilée. Elle s'évanouit. A son réveil, Max est auprès d'elle et lui assure que tout n'était qu'un cauchemar. Dubitative Mary part en son absence à la recherche d'indices après que la vieille gouvernante l'ait informé de la terrible légende que se racontent les villageois. Un justicier encapuchonné reviendrait tous les cents ans punir les femmes de petite vertu. Il semblerait qu'il soit de retour. Mary l'aperçoit une nuit errer dans le château. C'est alors que Max tente de lui révéler un effroyable secret familial...
Réalisé tout de suite après Danse macabre, La vierge de Nuremberg est le second film d'épouvante gothique que tourna Antonio Margheriti. Sans n'avoir jamais été aussi expérimental, innovateur ou même auteurial que Mario Bava, Margheriti a toujours su respecter les règles du métier tout en offrant à un public grand amateur de cinéma de genre ce qu'il attendait de lui. La vierge de Nuremberg tiré du roman éponyme de Frank Bogart ne fait pas exception. L'histoire repose sur cette fameuse vierge, un instrument de tortures médiéval en forme de sarcophage dans lequel un condamné était enfermé. Garni de pointes, ses organes vitaux était alors lentement transpercés lui assurant une lente agonie. Ses effroyables effets sont ainsi montrés lors de l'excellente ouverture comme l'avait déjà fait quelques années auparavant Mario Bava pour Le masque du démon.
Mary se réveille seule en pleine nuit persuadée d'avoir entendu des cris dans le château familial dont elle vient de prendre possession avec son mari, Max. A la lumière d'une bougie, elle erre dans les longs couloirs du manoir et pénètre dans le musée ancestral, une sorte de salle de tortures médiévales où trône une vierge de fer qu'elle ouvre. Elle y découvre le cadavre ensanglanté d'une jeune fille. Mary s'évanouit. A son réveil, Max la réconforte, lui assurant que tout cela n'était qu'un horrible cauchemar. Peu convaincue, Mary entame des recherches et découvre qu'une légende voudrait qu'un justicier revienne tous les cent ans punir les femmes fautives. Si une silhouette cagoulée semblable à celle du fameux justicier hante bel et bien le château, Max dissimule également un lourd secret familial qui pourrait bien être la clé du mystère.
Plus qu'un film d'épouvante gothique, La vierge de Nuremberg dont l'intrigue se situe quelque part en Allemagne est avant tout un film sur la torture, non seulement de par la présence de cette fameuse vierge mais des nombreux autres instruments que recèle le musée ancestral et son fameux justicier bourreau. Sur cette thématique bien précise Margheriti y greffe les principaux éléments du film d'horreur dit gothique, château isolé, cryptes, nuits d'orage, belles en nuisette, nombre de personnages restreint mais tous plus ou moins inquiétants, secrets familiaux bien gardés, afin de créer une véritable atmosphère de cauchemar. Est il encore besoin de démontrer que le cinéaste est passé maitre en ce domaine? La vierge de Nuremberg dont le scénario fut écrit par Ernesto Gastaldi est justement
construit comme un long cauchemar, celui que l'héroïne semble faire régulièrement avant de s'évanouir pour mieux se retrouver dans son lit jusqu'au moment où son mari lui avouera qu'elle rêve pas mais que le château renferme réellement un terrible secret. Margheriti invite ainsi le spectateur à suivre son héroïne dans ses déambulations au fil des apparitions nocturnes du bourreau encapuchonné, lui fait partager ses découvertes, l'entraine dans ses aventures imaginaires ou non dans lesquelles il déploie tout l'éventail de ce cinéma d'épouvante transalpin qui emprunte ses codes à l'horreur britannique notamment à la fameuse firme Hammer. Antonio Margheriti parvient à créer une réelle atmosphère aussi
angoissante que claustrophobe tout au long des investigations de Mary qui tente désespérément de mettre à jour les secrets du château de son époux ainsi que ceux des domestiques, Erich le majordome défiguré dévoué à ses maitres et Marta, la vieille servante austère. Outre ce climat de cauchemar fort bien entretenu, la mise en scène efficace, la superbe photographie de Pallotini qui met particulièrement bien en valeur la beauté des décors et les chatoyantes couleurs essentiellement jaunes, rouges et orangées, la partition musicale tonitruante aujourd'hui bien datée de Riz Ortolani sont autant d'éléments que compte le film qui en font une très belle réussite.
Mais si le spectateur pense assez rapidement avoir élucidé le mystère des lieux, s'il pensait qu'il n'était pas très compliqué à élucider, Margheriti brise ses théories lors d'un final inattendu où l'horreur se marie cette fois à l'Histoire. Loin des traditionnelles malédictions ancestrales et autres complots machiavéliques, c'est ici au coeur même de la seconde guerre mondiale que se trouve la réponse aux questions et tourments de Mary puisque ce sont les nazis et leurs terribles expérimentations humaines qui sont à l'origine de tous ces meurtres. Lors d'un long flash-back en noir et blanc on revivra l'atroce destinée du maitre des lieux, cobaye humain entre les mains des SS qui le transformèrent en monstre. La brutalité des images et les étonnants effets sanglants surprendront car particulièrement osés pour l'époque au même titre que certaines tortures qu'on pourrait presque qualifier de sadiennes. C'est certainement là la grande originalité du film de Margheriti. Entre la violence des tortures et celle de la résolution de l'énigme, La vierge de Nuremberg, fort en avance sur son temps, devrait ravir tant les amateurs de gothique que les futurs admirateurs de nazisploitation d'où la séquence fortement chirurgicale sur le visage du père de Max aurait pu être tirée. Le faciès du monstre fera quant à lui irrésistiblement penser au Dr Freudstein de La maison près du cimetière de Lucio Fulci.
Si on regrettera peut être que le coté fantastique ne soit pas assez appuyé, c'est avant tout l'interprétation d'un George Rivière trop fade et surtout trop théâtral qui décevra le plus même s'il n'est que peu présent à l'écran finalement, sa plus longue scène étant celle où il se noie de façon interminable dans la crypte lors du dramatique dénouement. Rossana Podesta, alors épouse du producteur Marco Vacario, occupe l'écran quasiment 90 minutes durant, déambulant de long en large dans les couloirs du château en petite chemise de nuit bleue. Christopher Lee, déjà présent la même année dans Le corps et le fouet de Bava, avait déjà cette aura maléfique si appréciable, tout aussi inquiétant dans la peau du majordome horriblement balafré que l'austère Anny Degli Uberti dans le rôle de la gouvernante.
Sans jamais être à la hauteur d'un Bava, Margheriti a tout de même donné vie à un joli petit film d'épouvante crépusculaire propre à engendrer quelques doux frissons qu'on prendra plaisir à voir et revoir.
Après Danse macabre et La vierge de Nuremberg, Margheriti conclura l'année suivante sa trilogie de l'épouvante avec La sorcière sanglante.