Quickly spari e baci a colazione
Autres titres: Quickly shoot and kiss before dinner
Real: Alberto Cavallone
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 86mn
Acteurs: Sergio Leonardi, Magda Konopka, Maria Pia Luzi, Claudie Lange, Ge Willington, Antonio Casale, Beryl Cunningham, Hassan Chérif, Barth Warren, Lise Keppler, Claudie Lange, Alberto Chiarolla, Vittorio Fanfoni...
Résumé: En compagnie de trois joyeux gangsters, Lilian, une charmante polonaise aussi sexy que futée, dérobe des diamants qu'elle cache dans des paquets de cigarettes après avoir commis un hold-up. Elle s'enfuit alors avec la clé du coffre qui contient l'argent du vol. Ses complices vont tenter de la rattraper ainsi que sa soeur Jasmine et bien d'autres personnes impliquées dans l'affaire. Tout ce beau monde se retrouve alors dans un pays sud-américain en pleine guérilla...
Juste après Le salamandre et coincé entre Dal nostro inviato a Copenhague et Afrika, Quickly spari e baci a colazione pourra paraitre bien anodin et surtout bien à part dans la filmographie de Alberto Cavallone. Tourné en majeure partie en Tunisie, cette étrange petite bande fut surtout écrite autour des vestiges d'un film musical destiné à la télévision que le cinéaste ne put finir quelques années plus tôt, Il ragazzo che faceva fumare il Vesuvio. Sur ce matériel de récupération Mario Imperoli et Guido Leoni tentèrent tant bien que mal d'en tirer un scénario. Ainsi naquit Quickly spari e baci a colazione, une sorte de parodie des films d'aventures, d'espionnage et de gangsters sur fond de révolution sud américaine, un grand n'importe quoi où s'intercalent des parties animées qu'on doit à Cavallone lui même et de longues séquences d'humour qui s'enchainent à un rythme effréné sans jamais se prendre au sérieux.
Autant dire que les inconditionnels du metteur en scène risquent d'être assez surpris et déconcertés par ce film construit comme une longue bande dessinée, un de ces célèbres fumetti qui faisaient alors rage en Italie. Se croisent ainsi mercenaires, guérilleros, cow-boys, gangsters, espions, voleurs, dictateurs, mafiosi... dans une histoire des plus échevelée, celle au départ d'une charmante jeune femme polonaise qui vient de dérober avec l'aide de trois complices globe-trotters des diamants qu'elle cache dans des paquets de marlboro. Sur cette base de scénario Cavallone va très vite multiplier les scènes les plus folles: une banque typique des westerns est attaquée par des cow-boys en motocyclette, un matador est enlevé dans une arène avant que n'éclate une révolution à la Che Guevara pour mieux nous jeter au coeur de l'Iran sous une déferlante de jeux de mots et de dialogues parfois insensés
où se mêlent différentes langues dans une même phrase. Il s'agit là bien entendu de toute une série de clins d'oeil et de références faites au cinéma et ses grands classiques. Quickly spari e baci a colazione est un puzzle qui ne cesse de changer de forme, en continuelle évolution, qui pour beaucoup paraitra absurde, ridicule et peu convaincant. On pourra voir également ce film comme une tentative du réalisateur de donner naissance à une forme assez divertissante de film expérimental qui parfois flirte avec le surréalisme afin de surprendre le spectateur, le désorienter tout en brisant les codes du cinéma de genre comme il a toujours aimé le faire. Cavallone prouve une fois encore qu'il est l'homme d'un cinéma totalement anti-commercial et autarcique qui met sur la sellette et pointe du doigt tant le public lui même que la censure, l'industrie cinématographique... avec toujours beaucoup d'ironie.
Cette satire vaut surtout pour son aspect bizarre, son originalité visuelle très pop-art, fortement estampillé années 70, c'est bel et bien là son principal intérêt puisque le film en lui même est beaucoup trop farfelu et surtout inégal, trop disparate pour réellement convaincre. Le rythme et les gags permettent certes de ne jamais trop s'ennuyer mais l'ensemble est si discontinu qu'on a du mal à réellement accrocher à cette histoire sans queue ni tête. On appréciera par contre une distribution de choix notamment la présence d'une splendide et plantureuse Magda Konopka version rousse, l'indispensable Maria Pia Luzi qui avoue ne pas aimer ce film, Beryl Cunningham tout en coupe afro qui avait déjà tourné pour Cavallone dans Le salamandre ainsi que Sergio Leonardi et Antonio Casale. Quant au jeune Ge Willington, il irradie littéralement l'écran de sa juvénile beauté et son charme méditerranéen ravageur. Comment ne pas tomber amoureux de ce si désirable gangster hippie qui devrait rappeler à bon nombre Andrea Traglia, le jeune héros homosexuel de Afrika. Ce fut bien malheureusement la seule et unique apparition au grand écran de ce si séduisant garçon qu'on aurait aimé que Cavallone déshabille beaucoup plus.
Même s'il reste un film mineur et pas forcément très représentatif du travail de Cavallone, Quickly spari e baci a colazione mérite tout de même l'attention de l'amateur ne serait ce que pour son atypisme et son grain de folie qui prouvent une fois de plus que le cinéaste surnommé le poète de l'extrême savait prendre des risques. Si en outre l'humour par l'absurde n'est pas une gêne, pourquoi donc s'en priver ici?