Cruising the castro
Autres titres: Draguer en ville
Real: Michael R. Newman
Année: ?
Origine: USA
Genre: X
Durée: 61mn
Acteurs: Mark Majors, Rick Zane, Johnny Hardin, Tony Natali, Holtz, Richard Locke, Will Seagan...
Résumé: Le réalisateur nous fait partager cinq histoires de drague sauvage dans le Castro, le coeur du San Francisco gay, cinq aventures brulantes d'hommes aussi chauds que la braise qui vivent pleinement leurs fantasmes virils...
Qu'on ne se laisse pas duper par le titre français, Cruising the castro n'est pas un guide de drague en ville encore un moins une leçon de drague pour petit maladroit. Le film de Michael R Newman est avant tout une plongée au coeur même de San Francisco, appelé Castro, une virée en cinq sketches dans l'univers gay de la célèbre ville, capitale du sexe viril, cela va sans dire. Dans les rues, dans la célèbre Baie, un peu partout les hommes tournent, se cherchent et se trouvent pour de brulants ébats et autres étreintes humides.
Le film s'ouvre sur la rencontre de deux jeunes hommes au sommet du toit d'un immeuble où ils échangent de fiévreux baisers avant de se donner l'un à l'autre dans un grenier. Le deuxième segment s'attardent sur les jeux érotiques de deux cow-boys dans une ferme en cours de rénovation sur un air mélodieux de country music. On fait ensuite la connaissance d'un jeune garçon, un prostitué qui face à un poster d'homme en cuir noir se donne du plaisir seul en pratiquant une étonnante auto-fellation. On comprendra qu'un voyeur l'a en fait payé pour l'espionner entrain de s'aimer. Le film se conclura par une partouze à trois dans la chambre d'un homme qui, torse nu par sa fenêtre, aguiche les passants. Afin de donner une note optimiste à l'ensemble, Newman termine ce voyage au coeur de la drague masculine par une jolie scène romantique, nos deux cow-boys se sont finalement installés ensemble dans leur ferme et coulent des jours heureux en compagnie de leur chien. Comme quoi la drague sauvage peut parfois mener à de belles romances.
Le principal intérêt de Cruising the castro est d'être là encore une sorte de témoignage sur la liberté sexuelle qui régnait à San Francisco dans les années 70, cette liberté d'esprit qui aujourd'hui encore fait partie intégrante du mythe. Il y avait alors cette joie de vivre, ce bonheur qui flottait dans l'air, cette insouciance qui se traduisait également dans la façon de vivre son homosexualité. On donnait et on se donnait à fond, librement, dans de savoureuses et juteuses relations sur le pouce, allant de bras en bras pour mieux satisfaire ses insatiables désirs, gouter aux mille vertus de sexes turgescents fièrement dressés prêts à donner du plaisir à une multitude de jolis fessiers aussi ouverts qu'offerts. Toute cette pensée est résumée par une voix off lors d'une introduction tout en clin d'oeil: "Aujourd'hui, 130 ans après la ruée vers l'or, une autre vague d'hommes a envahi San Francisco. Ils ne sont pas venus pour l'or mais pour satisfaire un besoin bien précis. Ils sont là pour draguer dans le Castro!"
Si Cruising the castro est un témoignage fort ludique de toute époque, force est de reconnaitre que le film de est un brin décevant. Les saynètes se suivent sans grande originalité. Esthétiquement très belles elles sont malheureusement trop répétitives. Les hommes se rencontrent, s'ébattent et se quittent au rythme des fellations et doubles fellations, analingus et sodomies qui composent l'essentiel des scènes de sexe qu'on aurait aimé plus sensationnelles voire fantaisistes. Voilà qui serait presque ennuyeux à moins d'être particulièrement excité par une sexualité virile tout en force et muscles. On nage ici en plein dans l'imagerie machiste illustrée par toute une panoplie d'acteurs poilus robustes en cuir noir ou en jeans hyper moulants dessinant parfaitement leur membre gonflé, des cow-boys moustachus tout en bottes et chapeaux montés comme des étalons.
Si on retiendra le premier épisode où deux jeunes bellâtres, cheveux au vent, s'aiment sur le toit d'un immeuble, leur silhouette filiforme se dessinant sur le ciel "friscain", avant de se sodomiser dans un grenier, on se souviendra surtout du troisième qui met en scène un jeune prostitué qui fantasme sur le poster de Peter Berlin dans Nights in black leather et les dessins homo-érotisants de Tom of Finland. Très étrange, ce sketch aurait mérité d'être un peu plus approfondi. Au son d'une musique synthétique inquiétante, il se caresse, se dénude avant de s'auto-sucer face aux posters qui semble t-il sont sur le point de prendre vie. Il n'en sera rien et c'est là, le plus regrettable, puisque cette histoire donnait une note aussi fantastique qu'onirique au film. Voilà qui est d'autant plus frustrant qu'une main surgira subrepticement de l'image mais la fantasmagorie n'ira pas plus loin. Le jeune garçon a simplement été payé par un voyeur qui l'espionne entrain de se donner du plaisir. C'est sur une incroyable douche de sperme faciale, prise sous différents angles, filmée au ralenti, qu'il conclura l'histoire. C'est là le clou de ce film routinier sans grande utilité autre que d'émoustiller les inconditionnels de sexe viril pratiqué entre de solides gaillards au charme typiquement seventies particulièrement bien membrés, toute une imagerie gay droite issue des croquis d'un Tom of Finland qui défile en 60 petites minutes et donnera envie de se matérialiser illico au coeur du Castro afin de partir à la chasse et vivre nos fantasmes les plus juteux.