Tango della perversione
Autres titres: Tango 2001 / Tango of perversion
Real: Kostas Karagiannis
Année: 1973
Origine: Grèce
Genre: Thriller / Erotique
Durée: 86mn
Acteurs: Lakis Komninos, Erika Raffael, Dorothy Moore, Vagelis Voulgaridis, Dimitri Bislami, Giorgos Moshidis, Jennifer Wynne, Vicki Anderson, Yorgos Theodossis, Sakis Pantazopoulos...
Résumé: Ioachim est impuissant. Il a installé dans son luxueux appartement un miroir sans tain derrière lequel il se retranche et filme son meilleur ami Stathis faire l'amour à ses maitresses. Stathis est patron d'un club nommé Le Tango. Stathis est un homme pervers et violent, macho, marié à Johanna, une jeune droguée. Il la surprend une nuit dans les bras de Rosita, une de ses nombreuses amantes. Après l'avoir battue, il la tue par inadvertance sans savoir que Ioachim a filmé le meurtre. Après que Stathis ait quitté l'appartement, fasciné par ce cadavre, il s'imagine faire l'amour avec avant de se débarrasser du corps. Lorsqu'une autre des maitresses de Stathis découvre la pièce secrète, Ioachim, terrorisé, la tue. C'est le début d'un engrenage infernal où perversion, nécrophilie, drogues et violence vont dramatiquement se mélanger jusqu'à ce que Stathis fomente un plan machiavélique pour tuer Ioachim qu'il a découvert dans les bras de son épouse...
Peu connu en France malgré sa richesse, le cinéma d'exploitation grec s'il n'a jamais réellement su s'imposer n'en demeure pas moins fort intéressant tant il a su, à l'instar de l'Italie qu'il a souvent imité, traiter de sujets particulièrement pointus et dérangeants. Si on avait pu gouter à certains thrillers érotiques de Ilias Mylonakos et autres petites bandes polissonnes, si on avait pu se délecter des relents pédophiles de Emanuelle queen of sados il n'en a va pas de même pour Tango della perversione resté inédit non seulement sous nos cieux mais également en Italie, un oubli particulièrement injuste tant ce petit thriller tout spécialement malsain se révèle passionnant aux yeux de tout amateur de déviances sexuelles morbides.
Inspiré de Blow up d'Antonioni et surtout du Voyeur de Michael Powell, Tango della perversione dérive rapidement vers le thriller érotique trouble à la Lenzi ou à la Guerrieri arrosé d'une bonne dose de perversion sexuelle dont l'apothéose seront les tendances nécrophiles du personnage principal, Ioachim. Meilleur ami de Stathis, le patron d'une discothèque nommée Le Tango, Ioachim en plus d'avoir un physique ingrat est impuissant. Outre le fait d'imaginer les clients du club danser nus il a installé dans son appartement un système de miroir sans tain derrière lequel il observe et filme les conquêtes que ramène Stathis, un homme violent et pervers qui maltraite sa femme Johanna, une jeune droguée. Lorsque la plantureuse Rosita, une ex-conquête de Stathis, tente de séduire Johanna, la vie
de Ioachim va basculer. Stathis surprend les deux femmes au lit, se querelle violemment avec Rosita et la tue par inadvertance, ignorant que Ioachim les filme. Ioachim, fasciné par le cadavre, s'imagine lui faire l'amour avant de faire disparaitre le corps. Dés lors, ses pulsions nécrophiles et la peur qu'on puisse découvrir ses activités de voyeur vont l'inciter à continuer à commettre d'autres meurtres. Il se débarrasse ainsi de la maitresse de Stathis avant de vouloir tuer Johanna dans son sommeil à l'aide d'un hachoir. Fort heureusement la jeune femme se réveille, prend Ioachim en pitié et lui fait l'amour. Une relation amoureuse nait entre eux, vite brisée par Stathis, fou de rage en découvrant que son ami l'ait ainsi trahi. Il met un plan diabolique pour se débarrasser d'eux.
Si l'idée principale n'est pas nouvelle elle n'en reste pas moins fort bien utilisée par Karagiannis, prolifique réalisateur grec qui a su avec adresse créer une véritable atmosphère aussi sombre que malsaine. Dés la sublime ouverture du film durant laquelle Ioachim, en transe, fiévreux, imagine les clients du club danser nus un tango sur fond de psychédélisme, Karagiannis nous plonge dans un univers érotico-macabre suffocant où voyeurisme, violence, perversions et drogue sont les maitres mots. Ces différentes déviances se mêlent entre elles avec bonheur par le biais de personnages tous plus odieux ou méprisables les uns que les autres. Ioachim est un impuissant au physique fort ingrat,
voyeur, frustré mais rusé, Stathis est un patron odieux, un époux violent et pervers qui maltraite sa femme, la trompe allégrement et organise des lupanars avec ses conquêtes lors de drug-parties, Johanna est une droguée fragilisée mais qui derrière son air angélique n'en est pas moins hypocrite. Quant aux conquêtes de Stathis ce ne sont que des trainées sans coeur qui ne pensent qu'à s'envoyer en l'air. Le cocktail s'avère donc tout particulièrement explosif et réussi d'autant plus que Karagiannis a le sens de la cohérence. Rien est laissé au hasard et chaque pièce du puzzle de ce thriller érotique sordide s'emboitent parfaitement, avec une précision d'horloger, un peu à la manière des plans machiavéliques de Ioachim.
La cerise sur le gâteau qui devrait en réjouir plus d'un est cette ombre de nécrophilie qui plane d'un bout à l'autre du métrage. Fasciné par les cadavres de ces femmes qui lui appartiennent enfin et dont il peut faire ce qu'il veut malgré son impuissance, Ioachim s'imagine faire l'amour avec ces corps sans vie. Certes suggérée par le biais de rêves lubriques durant lesquels elles sont bel et bien vivantes, l'idée n'en est pas moins forte et dérangeante.
Rondement mené, Tango della perversione réserve également de nombreux coups de théâtre qui maintiennent un incessant suspens et tient en haleine le spectateur ravi de pouvoir satisfaire sa soif de violence, de perversion et de misogynie, les femmes sont en effet ici soit des putains soit des êtres à la merci de Stathis qui les gifle et les roue de coups
à tout va, même si le film ne tire jamais vers les extrêmes. On appréciera tout particulièrement la brutalité certaines séquences notamment celle où, furieux d'avoir été rabaissé et humilié par Rosita, Stathis la bat sauvagement et finit par la tuer en la projetant contre un mur et celle où sa maitresse découvre le miroir et la chambre secrète de Ioachim, qui, terrorisé, sera contraint de la tuer en la noyant dans la baignoire. Si la nudité reste assez sage, Karagianis se rattrape par contre sur l'ambiance poisse de l'ensemble qui baigne dans un climat souvent sordide de sexe et de drogues sur fond de tango. Fortement estampillé années 70, tous les amoureux de cette époque se réjouiront de cette atmosphère psychédélique rythmé par la chanson thème chantée par un groupe de hippies aux provocantes contorsions qui trouveront leur apothéose dans un simulacre de castration.
L'interprétation est des plus correctes même si on pourra sourire face aux grimaces crispées de Vagelis Voulgaridis qui interprète Ioachim. Les amateurs de cinéma d'exploitation grec reconnaitront le très attrayant Lakis Komninos, une figure incontournable du cinéma de genre hellénique, qui se glisse dans la peau de l'infâme Stathis. On se délectera également de la présence de la pulpeuse Dorothy Moore très peu avare de ses charmes dont ce fut malheureusement le seul rôle à l'écran. Signalons que la plupart des comédiens sont dissimulés sous des pseudonymes américains et italiens.
Tango della perversione est un excellent petit thriller érotique absolument idéal pour faire découvrir au novice la splendeur du cinéma d'exploitation grec des années 70 et définitivement parfait pour emplir de bonheur tous les adeptes de perversions qui rêvent de passer leur temps derrière des miroirs sans tain afin d'espionner les ébats de leurs pairs pour mieux rugir de plaisir. Sex drug and tango autour d'un rail de coke. Qui dit mieux?