Colpo rovente
Autres titres:
Real: Pietro Zuffi
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 102mn (uncut) / 80 mn (cut)
Acteurs: Michael Reardon, Barbara Bouchet, Carmelo Bene, Susanna Martinkova, Isa Miranda, Edward Ciannelli, Victoria Zinny, Nello Pazzaffini, Janos Bartha, David Groh, Vittorio Duse, John Frederik, Benny Stevens,Ugo Fangareggi, Tony Brandt, Emilio delle Piane...
Résumé: Un richissime industriel spécialisé dans les produits pharmaceutiques est assassiné dans les rues de New-York. Il est soupçonné d'appartenir à un réseau mafieux de drogues et de faire des expériences tout à fait illégales sur des adolescents. Sa fille, Monica, offre une importante somme d'argent afin qu'on retrouve le meurtrier. Le détective Berin est chargé de l'enquête. Ses investigations le mènent sur les traces d'une jeune aveugle, Fanny Falon, puis à Acapulco où se cacherait l'assassin...
Seule et unique mise en scène du scénariste et costumier Pietro Zuffi, Colpo rovente tente l'amalgame du polizesco traditionnel transposé sur le sol new-yorkais, du thriller et du film noir américain assaisonné d'une bonne dose de psychédélisme et d'une pointe d'érotisme exotique. Le résultat loin d'être convaincant, n'en est pas moins fascinant malgré un scénario des plus aberrant. Le point de départ du film est l'assassinat en pleine rue d'un important industriel en produits pharmaceutiques, un dénommé McBrown, également soupçonné de trafic de drogues et d'expériences médicales illégales sur des adolescents. Sa fille offre alors une importante somme d'argent pour qu'on puisse découvrir l'assassin de son père. L'inspecteur Berin est chargé de l'enquête. Les différents indices le mènent sous le soleil d'Acapulco et ses étranges rites sur les traces de Fanny Falon, une jeune aveugle, tandis que les cadavres s'amoncèlent autour de Berin.
Le gros problème du Colpo rovente qui prend ses racines dans le monde mafieux et l'univers de la drogue n'est pas son scénario qui ne dévie guère des sentiers battus. Il demeure tout à fait acceptable dans le fond mais beaucoup moins dans la forme puisque ce sont surtout et avant tout les incohérences et les illogismes qu'il accumule durant quasiment 90 minutes qui très vite deviennent gênantes et rendent la trame par instant absurde voire incompréhensible. Certains des agissements du détective sont tout bonnement sidérant et n'aident guère à prendre au sérieux cette histoire mafieuse confuse peu aidée par une mise en scène et un montage pas forcément à la hauteur des ambitions du réalisateur. La complexité des personnages qui se veulent à l'image du polar noir américain traditionnel tout comme la structure du film lui même, rend l'intrigue encore plus opaque et altère quelque peu le plaisir pris à la vision de cette intrigante petite bande dont la conclusion à tendance socio-politique est des plus inattendu et improbable. Ce rebondissement final fera certes sourire tant il est difficile à croire mais il ne fait qu'appuyer l'aspect illogique et incohérent de l'ensemble. Sur ce point précis Colpo rovente ne peut être que décevant.
Pourtant malgré cette accumulation de non sens le film de Zuffi est cependant loin d'être inintéressant ou même ennuyant. Il est même parfois tout à fait captivant de par cette ambiance tout à fait spéciale qu'il distille tout au long du métrage. Outre cette atmosphère de noir toujours fort plaisante, ce sont surtout les très nombreuses touches psychédéliques qui très vite séduisent et apportent une ombre de bizarre par moment très arty-pop. On en veut pour preuve ces très belles séquences de danse hallucinatoire et autres drug-party multicolores, totalement hypnotiques, et toutes ces références à la culture hippie dont Zuffi truffe son film. On appréciera également outre la beauté des tenues et des décors (mais est ce surprenant de la part d'un costumier professionnel?) eux aussi très marqués par leur
époque, la solide partition musicale très jerk elle qui renforce encore plus cet aspect pop. En ce sens Colpo rovente est un produit très représentatif de son époque et devrait enchanter tous les amoureux de ce début d'années 70. On retiendra également de nombreuses séquences qui émergent ça et là, bizarres (la fête religieuse plutôt macabre à Acapulco), malsaines (l'angoissante visite de l'asile), audacieuses et branchées (la boite gay en avance sur son temps où dansent et s'embrassent une foule de jeunes éphèbes) ou beaucoup plus sombres (la bande de bikers, l'enlèvement de Monica par la vieille maquerelle et ses sbires), et renforcent l'aspect réellement curieux de l'ensemble tout en rehaussant l'intérêt du film.
On appréciera également la présence d'une jolie brochette d'acteurs et d'actrices dont Barbara Bouchet dissimulée ici sous une perruque noire dont c'était le tout premier film européen par conséquent en Italie, la fragile Susanna Martinkova toujours ravissante dans la peau de la jeune aveugle et la vétérante Isa Miranda en meneuse de bordel. A leurs cotés on reconnaitra quelques "gueules" du cinéma de genre italien dont Carmelo Bene, Nello Pazzaffini ou encore Janos Bartha. Malheureusement on sera moins heureux et satisfait de la prestation du bien peu charismatique Michael Reardon dans le rôle principal, celui du détective. Bellâtre à la frange impeccable, les yeux soulignés au Rimmel afin de faire ressortir son regard, il est tout à fait insipide, aussi inexpressif qu'insignifiant mais parfait pour sans cesse prendre des poses de roman-photo.
Colpo rovente malgré ses nombreux défauts se laisse néanmoins regarder sans déplaisir aucun ne serait ce que pour cette atmosphère de Noir toujours intéressante mais surtout et avant tout pour ce curieux visuel psychédélique très arty-pop absolument ravissant, définitivement séduisant... ou ces petits riens qui font toute la différence.
Jamais édité en vidéo pas même en Italie, inédit à ce jour en DVD, ne restent que les passages télévisés sur les chaines italiennes pour que l'amateur puisse découvrir ce petit noir psychédélique qui fut malheureusement mutilé par la censure de quelques vingtaines de minutes notamment au niveau des scènes de violence et d'érotisme, un acharnement qui ne fit qu'aggraver la confusion du scénario. Ne subsiste donc qu'une version de plus ou moins 80 minutes selon les copies diffusées en espérant voir un jour resurgir l'intégralité du métrage.