La rossa dalla pelle che scotta
Autres titres: La peau qui brule / The sensuous doll / The red headed corpse / Sweet spirit / El cadaver asesino
Real: Renzo Russo
Année: 1971
Origine: Italie / Turquie
Genre: Thriller / Fantastique
Durée: 90mn
Acteurs: Farley Granger, Erika Blanc, Krista Nell, Ivana Novak, Venantino Venantini, Aydin Terzel, Giorgio Dolfin, Umberto Di Grazia, Filippo Perrone, Erol Keskin...
Résumé: John Ward, un jeune peintre qui ne parvient pas à vendre ses aquarelles, rencontre un soir une jolie rousse qui lui rappelle une femme qui l'a jadis aimé. Il la prend pour modèle afin de peindre des nus audacieux qui assez rapidement lui rapportent de l'argent. L'étrange jeune femme est en fait une nymphomane qui tombe dans les bras de tous les hommes qu'elle rencontre. Jaloux, Ward un soir la tue. Il ramasse un mannequin de cire laissé par un groupe de hippies. La poupée surnommée Petite prend vie. Ward l'aime, lui fait l'amour mais elle est tout aussi inconstante que la femme qui lui servait de modèle et lui réapparait sous forme de fantôme. Celle ci existe t-elle vraiment? Est ce la même personne que le mannequin de cire et celle qui l'a aimé autrefois? Est tout simplement il fou ou s'agit il d'un complot machiavélique?
Venu du sexy mondo, Renzo Russo n'aura réalisé qu'un seul véritable film durant sa courte carrière, cet étrange giallo psychédélique qui sera également son chant du cygne. Connu en France sous le titre La peau qui brûle, La rossa dalla pelle che scotta fait partie de ces petites curiosités fortement estampillées années 70 qui tentent de mêler les bases du thriller à un érotisme toujours très chaste tout en y intégrant ici des éléments purement fantastiques qui virent à la psycho-analyse en tentant de rationaliser une intrigue plutôt confuse.
Oscillant sans cesse entre le rêve et la réalité, La peau qui brule est plus complexe que son scénario pourrait le laisser sous-entendre de par les questions que cet étrange scénario soulève et qui ne trouvent jamais réellement de réponses. Toute l'histoire tourne autour des classiques rapports amour-haine entre un petit peintre tourmenté et une volubile femme rousse aux moeurs légères, une tentatrice qui lui sert de modèle à succès et le trompe allègrement tout en lui rappelant que c'est à elle qu'il doit sa soudaine popularité. Cette femme, sosie de celle qu'il a jadis aimé, existe t-elle réellement ou n'est elle que le fruit de ses fantasmes, de son esprit qui lentement vacille vers une douce folie? L'a t-il vraiment tué sous le coup de la jalousie ou n'a t-il poignardé que ce mannequin de cire trouvé prés de chez lui qui s'est transformé sous ses yeux en être de chair et de sang? La présence de cette poupée sensuelle, fruit de son imagination névrosée, exclut elle la présence d'une véritable femme? Ces questions peuvent s'appliquer au chasseur qui est tombé dans les bras de cette mystérieuse femme rousse. Est il lui aussi victime de ses fantasmes? Si cela est bel
et bien le cas, voilà qui compliquerait un peu plus la résolution de l'énigme qui au final ne sera jamais vraiment résolue. Cet éternel va-et-vient entre l'imaginaire et le réel est certes un des atouts du film mais la platitude de la mise en scène et la direction d'acteurs est telle que la puissance onirique du scénario s'en trouve énormément amoindrie. Russo lorsqu'il n'oublie pas en cours de route certains éléments du scénario se contente d'enchainer toute une série de lieux communs, de plans sur des regards suggestifs, de banalités portés par des dialogues guère convaincants tout en insistant de manière souvent ennuyeuse notamment lors de la première partie sur le personnage de ce peintre. Toute l'ambiguïté et surtout le potentiel fantastique de cette énigmatique histoire s'évanouissent assez vite. On aurait aimé beaucoup plus d'onirisme, on aurait apprécié y retrouver le charme vénéneux de ces troublantes histoires où s'égarent des personnages névrosés, tourmentés perdus dans leur folie ou leurs fantasmes. Tout reste ici à l'état de simple ébauche maladroitement réalisée par un cinéaste inspiré mais quelque peu dépassé par une histoire trop tortueuse pour lui.
Cela ne signifie pas que La rossa dalla pelle che scotta est un mauvais film. Ce petit thriller fantastique se laisse malgré ses défauts regarder avec un certain plaisir et parvient par instant à être captivant ne serait ce que par l'atmosphère surnaturelle qui s'en dégage aidé par le jeu efficace des deux interprètes principaux notamment de Erika Blanc, extrêmement simpliste mais suffisamment intrigant pour tenir en haleine jusqu'au final tragique mais aussi discutable que frustrant d'où se dégage cependant une profonde tristesse.
Aussi léger soit il on appréciera également l'érotisme de cette petite bande conduit principalement par une Erika Blanc perfide, plus superbe et envoutante que jamais, trouble et troublante, nue ou vêtue de magnifiques tenues psychédéliques qui mettent en valeur sa somptueuse chevelure rousse.
La regrettée Krista Nell, nue, en mannequin de cire vivant, est elle aussi délicieuse dans ce court rôle muet mais ludique aux cotés de l'hitchcokien Farley Granger qui parvient avec une certaine justesse à retranscrire à l'écran les tourments de son personnage à grands renforts de roulements d'yeux, de froncements de sourcils et autres rictus marqués.
L'ensemble est porté par une magnifique partition musicale, limpide, presque céleste, signée Sante Maria Romitelli agrémentée de quelques compositions de rock psychédélique qui feront la joie des amateurs.
Si La rossa dalla pelle che scotta, tourné à Istanbul, n'est pas une totale réussite, s'il souffre d'une mise en scène peu inventive et beaucoup trop plate, le film de Renzo Russo n'en demeure pas moins curieux et agréable à suivre pour peu qu'on s'investisse dans cette histoire mal maitrisée mais fascinante par bien des aspects même s'ils ne restent que de simples esquisses. On y retrouvera en outre ce charme si particulier typiquement 70 propre à ce type de cinéma transalpin ce qui là encore devrait faire le bonheur des amoureux de cette époque. Pour rassurer les lecteurs, Erika Blanc confessait qu'elle non plus n'avait guère compris le sens de ce film qui reste pour elle un vague giallo dont elle n'a que peu de souvenirs si ce n'est celui de Farley Granger.
Pour sa sortie en France, le film qu'on trouvera sous différents montages fut truffé d'inserts hardcore absolument ridicules qui transformèrent ce faux petit giallo en une série érotico-hard absurde.